Brel, le droit de rêver (à Bruxelles) est une belle exposition, qui prend un parti très accessible et populaire puisqu’elle vous plonge — au dépend de l’exhaustivité et de la sobriété — dans une série d’installations, de reconstitutions chronologiques allant de la chambre d’enfant bruxelloise de l’artiste à une case des Marquises (avec les bruits de la mer). Tout cela est très émouvant, très fort, très humain, en somme d’une belle fidélité à Brel et au souvenir qu’il laisse… non sans maladresses quelques fois : la place centrale accordée à Ne me quitte pas, envers laquelle le peu d’indulgence du chanteur est pourtant abondamment connue, me chagrine un peu. (Mais je serais un ayatollah, me souffle-t-on.)

Au surplus, un des grands intérêts de l’exposition réside dans les archives audiovisuelles d’époque (comme ce fondamental entretien de Knokke), exhumées pour l’occasion et que l’on retrouve projetées en continu dans « l’auditorium », probablement rassemblées et proposées au public pour la première fois depuis bien longtemps.

Jusqu’au 17 janvier 2004.

A nouveau Viviant, dans Les Inrocks (c’est remarquable, plus le magazine est vain et publicitaire, plus la pertinence se réfugie dans le cahier télé/radio — je préfère ne pas en tirer de conclusions) :

Que retiendra-t-on de ce conflit ? Justement cette histoire de sosies. On se souvient que les Américains nous avaient déjà fait le coup en Afghanistan, où la légende courait que des sosies de Ben Laden s’étaient éparpillés aux quatre coins du pays pour brouiller les pistes. Dans la guerre, la négation du réel n’est donc plus l’irréel, mais son double ; on ne se débarasse plus de son ennemi en l’éliminant, mais en le multipliant. (…)

L’autre est ainsi nié en étant identifié au même, dans un effrayant processus warholien où l’original disparaîtrait sous l’amas industriel de ses copies.

To: Mr George “Johnnie Walker” Bush

The White House

Washington, D.C.

United States of America

Mr President,

As a conscious subject of the overseas territories of The Empire, it’s my duty to bring some of your attention to the following list of people I’ve gathered from various sources of information. Those individuals should not be trusted, and they should be closely watched upon.

  • McCartney, Paul
  • Wyman, Bill
  • Entwistle, John (R.I.P.)
  • Hook, Peter
  • Collins, Bootsy
  • Carlens, Steph Kamil
  • Novoselic, Chris
  • Barlow, Lou
  • Sumner, Gordon Matthew (a.k.a. « Sting »)
  • Deal, Kim
  • Greenwood, Colin
  • Simonon, Paul
  • Auf Der Maur, Melissa
  • Cale, John
  • Marienneau, Corine

They are all baassists.

Sincerely Yours,

E.

Un jour j’ai vu Arnaud Viviant en vrai

C’était le soir du concert de New Order à l’Olympia, sur le quai du métro station Grands Boulevards, on y allait tous les deux, et malheureusement il n’est pas monté dans mon wagon.

(Ceci dit, un jour j’ai vu Enrico Macias en vrai, et il est bien monté dans le même avion que moi. N’allez pas dire que je ne suis qu’un loser. C’est déjà suffisament neurasthénophile de pas avoir gagné un blogodor).

Arnaud Viviant, donc, est un peu tête-à-claque souvent, ne serait-ce que parce qu’il ressemble à Christophe Bourseiller (et vice-versa), et que c’est d’autant plus dur de les départager dans leur grande émulation à celui qui citera le plus souvent le nom ou l’oeuvre de Guy Debord dans ses paragraphes. Ceci dit, il se rattrape lorsqu’il descend Amélie Nothomb, que j’ai eu la chance de ne jamais voir en vrai, et qu’il note le fond poujado-raciste de son Stupeur et Tremblements — Arnaud Viviant connaît très bien le Japon et y a vécu, paraît-il.

Tout ça pour dire que sa nouvelle chronique hebdomadaire dans le supplément télé des Inrocks depuis deux semaines, « la guerre comme si vous n’y étiez pas » est formidable.

L’une des grandes frustrations que l’on ressent en regardant cette guerre est de ne jamais apercevoir un seul combattant de Saddam. C’est sans doute la plus grande victoire des Irakiens. Par leur absence remarquable, ils ont réussi à faire en sorte que l’imaginaire soit de leur côté. (..) Hélas, l’idée terrible, insupportable à nos yeux, que cette guerre ne soit finalement qu’un immense choc des cultures et un affrontement entre l’Orient et l’Occident, tient pour beaucoup à cette absence.

Aux dernières nouvelles, cette vaste campagne de bombardements massifs est entrain de s’achever (cette information est à prendre au conditionnel), c’est con. Bombardez encore un peu, merde, j’en veux encore du Nono.

D’ailleurs ils sont où les 4000 kamikazes partis se faire sauter la caboche à Bagdad City ?..

…On m’aurait menti ?

Bon, j’arrête mes bêtises. Les plus courtes…

L’endroit où il faut être cette année : www.brel-2003.be, à Bruxelles.

Cirque médiatique ou digne hommage ? Réponse la semaine prochaine.