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Category: musique

La dégringolade de Hjaltalín

La dégringolade de Hjaltalín

« We went as far as we could with the orchestral palette, » Egilsson tells me, as he begins to explain the sonic rebooting on Enter 4. « We figured that we didn’t want to continue in that direction. We thought, straight away, that we would like to strip it down and get to some sort of a core of an animal-like, primal sound, instead of the florid polyphony and wide array of sounds we’d used previously. »

Et voilà comment le groupe responsable de mon second disque préféré de 2010 a sorti il y a quelques mois un troisième album – à mon sens – particulièrement insipide. To be fair, il semble que la composition de cet enregistrement ait servi partiellement de thérapie à de graves problèmes de santé chez Egilsson. Mais pour nous, auditeurs, la déception est à la mesure de l’ambition affichée.

Je ne suis pas client du crédo du « renouvellement du son », qui atteint trop d’artistes empressés de retrouver une crédibilité après être parvenus à vendre 500 disques. Pour un Kid A, combien d’échecs d’autant plus navrants qu’il étaient prévisibles ? Dans mon métier, on a appris depuis quelques années que vouloir tout révolutionner et sortir le résultat à l’issue de longs mois sans interaction avec les personnes qui ont besoin de ce travail, c’est s’assurer l’échec dans 95% des cas. Désormais, on améliore itérativement et incrémentalement. Bon nombre d’artistes devraient s’en inspirer. Spoon est probablement le cas d’école ici.

(Mais on est d’accord, c’est facile à dire pour un gars derrière un PC.)

Quoi qu’il en soit, voici Hjaltalín, du temps où ils n’avaient rien à reprocher à la florid polyphony :

Cerulean Salt

Cerulean Salt

Je ne sais pas bien pourquoi j’ai résisté à la musique de Waxahatchee (a.k.a. Katie Crutchfield) pendant quelques semaines, du genre ouaiiis c’est pas mal… Probablement à cause de la simplicité des arrangements, ou du fait que l’album Cerulean Salt aurait pu sortir il y a 15 ans et devenir énorme chez les fans de rrriot grrls, et que bordel je n’en suis pas encore à les musiques de maintenant c’est moins bien que quand.

Tout cela est stupide en fait, parce que cet album regorge d’âme, et qu’on s’en fout pas mal que la chanson n’ait que trois accords barrés en boucle quand elle est proposée avec autant de conviction et un sens aussi parfait de la mélodie. Donc le Waxahatchee a été mon album du mois d’août, probablement.

Tangled Envisioning:

Malheureux comme tout

Malheureux comme tout

Laurent Voulzy et Alain Souchon, en duo et en acoustique au tribunal des Flagrants Délires en 1980, pour un Somerset Maugham absolument splendide, tout en fingerpicking et en harmonies vocales à vous tordre le cœur.

(Diffusé par Kent sur France Inter ce matin, dans son émission estivale Vibrato.)

Les Ecumeurs

Les Ecumeurs

Je ne me lancerai pas ici dans un inventaire de tout ce que les amateurs de musique parisiens doivent à Philippe Dumez : on pourrait en écrire des pages. Je veux toutefois dire mon admiration pour l’un de ses plus récents projets, Les Ecumeurs : un blog qui donne la parole à ces fous de musique qui font quatre concerts (ou plus) par semaine, ces types anonymes mais incontournables que l’on finit par identifier de vue lorsqu’on fréquente régulièrement les salles parisiennes, un peu comme les voyageurs du train du matin se reconnaissent tous à force de faire le trajet ensemble.

Ce blog révèle deux choses : d’une, Dumez est un formidable intervieweur, et de deux : ces passionnés, que leur amour principal soit le métal, l’indé ou le classic rock, sont tous de belles personnes, attachantes, humaines et avec par dessus tout de belles histoires à raconter : les leur.

Une mention également pour les photos soignées de Benoit Grimalt qui accompagnent chaque entretien ; une initiative qui souligne discrètement la classe de ce projet.

Crossing over

Crossing over

Très bon article sur les albums d’un genre très balisé qui rencontrent un succès plus large (bien entendu, le renversant Sunbather de Deafhaven est au coeur du débat), sur la réaction des puristes et le point de vue des nouveaux-venus : Deconstructing: Deafhaven, Disclosure and Crossing-Over.

As someone who’s writing professionally about those albums right this second, and who is frequently guilty of scouring a genre’s critical-consensus fringe without bothering to plumb its depths, I can’t help but wonder: Is that so bad?

Deux groupes indé

Deux groupes indé

Pendant ce temps, dans le petit monde du rock indé à guitare, de belles choses sortent également.

Exemple 1 en la personne de Mikal Cronin, qui avec MCII a réussi un album en ligne claire qui me replonge au mitan des années 2000, lorsque belles mélodies / harmonies vocales inspirées des 60s n’étaient pas incompatibles avec des refrains en distorsion un poil grungy. Je ne prétends pas que la musique en sorte changée, mais les amateurs se devraient de ne pas passer à côté de ce disque de belles chansons power-pop.

Exemple 2 avec Surfer Blood, qui savent arranger de jolis morceaux aux mélodies souvent entêtantes. Sur Pythons, leur deuxième album, on sent une influence Weezer (première époque) et Pixies, comme dans le titre I Was Wrong. Bien qu’il s’épuise un peu sur la durée, on revient régulièrement vers les cinq ou six premiers titres — excellents — de ce disque malgré tout au dessus du lot.

Anna

Anna

Je ne sais presque rien à propos de Anna Von Hausswolff, et ce mystère sied à sa musique. Elle est jeune, suédoise et joue de l’orgue (le vrai, celui des églises) sur son incroyable deuxième album, Ceremony. Les morceaux inouïs (comme: jamais entendus) qui le composent sont à la fois austères et aériens, intimes et grandioses. On y croise, comme de vieux amis rendus plus beaux par les ans, les amples espaces du post-rock, quelques traces du minimalisme d’un Philip Glass, la noirceur de certains des sous-genres les plus accessibles du metal, l’élégance mélodique d’une conception assez continentale de la Mélancolie (Sturm und Drang plutôt que « Hail Satan! »), et la tendresse d’une voix qui évoque irrésistiblement Kate Bush. Avec des morceaux intitulés Epitaph of TheodorLiturgy of Light ou Funeral for my Future Children, ce n’est clairement pas le genre d’album que l’on voit apparaître tous les jours.

Les vidéos m’ont semblé décevantes. C’était peut-être inévitable pour une musique aussi intense en émotions et qui laisse tant de place à l’imagination. Voici donc uniquement de la musique, les 8 minutes 30 de Deathbed. Le morceau débute par 4 minutes et quelques d’une délicieuse montée où l’orgue et la guitare en reverb se répondent comme le ferait un Sigur Ròs alternatif et moins soucieux de plaire. Lorsque le chant apparaît, au centre du temple laissé par une civilisation mystérieuse qu’est cette chanson, c’est un diamant qui brille de mille feux, mais on aurait tort de se sentir soulagé.

Jealous Motherfucker

Jealous Motherfucker

La sucrerie de la semaine, c’est le groupe norvégien Kakkmaddafakka, que mes indéniables compétences en bokmål m’autorisent à traduire en « Mercilenfoiré ». Leur troisième album, Six Months is a Long Time, a été produit par Erlend Øye (oui, celui des Kings of Convenience et surtout du Whitest Boy Alive) et sort aujourd’hui.

Le bonbon à déguster c’est le morceau Someone New, avec un essaim de jolies filles en blouses de travail ; doutant fort que l’on récolte beaucoup de citrons à la latitude de Bergen, je suppose que la vidéo a été tournée en Italie (où trouverait-on autant de beauté — et de citrons — qu’au pays de Vivaldi et de Botticelli ?) :