Erotiser le savoir

Erotiser le savoir

« Je dirais que la première chose qu’on devrait apprendre, si cela a un sens d’apprendre quelque chose comme ça, c’est que le savoir est tout de même profondément lié au plaisir. Enfin, qu’il y a certainement une façon d’érotiser le savoir, de rendre le savoir hautement agréable. Et ça, que l’enseignement ne soit pas capable même de révéler cela, que l’enseignement ait presque pour fonction de montrer combien le savoir est déplaisant, triste, gris, peu érotique, je trouve que c’est un tour de force.

Mais ce tour de force, il a certainement sa raison d’être. Il faudrait savoir pourquoi est-ce que notre société a tellement d’intérêt à montrer que le savoir est triste. Peut-être, précisément, à cause du nombre de gens qui sont exclus de ce savoir.

Il faut bien, si l’on veut restreindre au maximum le nombre de gens qui ont accès au savoir, le présenter sous cette forme parfaitement rébarbative, et ne contraindre les gens au savoir que par des gratifications annexes, sociales, qui sont précisément la concurrence, ou les hauts salaires en fin de course, etc. »

— Michel Foucault à Radioscopie (1975)

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