Frères en esprit

Frères en esprit

La date « officielle » de conversion de l’empereur Constantin est le 28 octobre 312, à l’occasion de la bataille du pont Milvius.

Lactance, un intellectuel lui aussi converti au christianisme et qui sera un proche de Constantin, écrit ceci dès l’année 314 :

« [Chez les païens] il n’y a pas d’égalité, et l’inégalité suffit à exclure la justice, qui repose sur le fait que tous les hommes naissent égaux. (…)
On pourrait me rétorquer qu’il y a aussi des riches et des pauvres, des maîtres et des esclaves chez nous, chrétiens. Certes, mais nous les considérons comme des égaux et des frères, car ce qui compte est l’esprit et non le corps ; nos esclaves ne sont asservis qu’en leur corps, en esprit ce sont nos frères. »
(Institutions divines, livre V, trad. Paul Veyne.)

Un bien bel exercice de casuistique qui aura certainement inspiré nos démocraties bourgeoises lorsqu’elles proclamèrent que tous les hommes sont égaux, avant de bien vite ajouter, de peur que l’on ne se méprenne, égaux en droit.

Pleasure and pain

Pleasure and pain

« But now realise that TV and popular film and most kinds of ‘low’ art – which just means art whose primary aim is to make money – is lucrative precisely because it recognises that audiences prefer 100 per cent pleasure to the reality that tends to be 49 per cent pleasure and 51 per cent pain. Whereas ‘serious’ art, which is not primarily about getting money out of you, is more apt to make you uncomfortable, or to force you to work hard to access its pleasures, the same way that in real life true pleasure is usually a by-product of hard work and discomfort. So it’s hard for an art audience, especially a young one that’s been raised to expect art to be 100 per cent pleasurable and to make that pleasure effortless, to read and appreciate serious fiction. That’s not good. The problem isn’t that today’s readership is ‘dumb’, I don’t think. Just that TV and the commercial-art culture’s trained it to be sort of lazy and childish in its expectations. »
– David Foster Wallace, in a 1993 interview.

En écoutant Enya

En écoutant Enya

Saudade
José de Almeida Júnior, Saudade (1899, Pinacothèque de l’État de São Paulo)

« Je parle d’un sentiment plus proche de la notion portugaise de saudade, une personne, un lieu ou un sentiment de la vie irrémédiablement perdu ; une ombre intime qui vous accompagne partout et qui, même si vous l’oubliez le plus souvent, peut à tout moment vous déchirer le cœur, une sentimentalité obstinée, une violente colère à l’idée que vous n’êtes pas là où vous aimeriez être, une mélancolie irrationnelle et enfantine, née de la conviction que vous vous êtes vous-même induit en erreur et dupé en épousant un mode de vie auquel vous n’avez jamais réussi à adhérer complètement. »
– Jim Harrison, En Marge

Quit the News!

Quit the News!

David Cain : Five Things You Notice When You Quit the News

« The news provides information in infinite volume but very limited depth, and it’s clearly meant to agitate us more than educate us. Every minute spent watching news is a minute you are unavailable for learning about the world in other ways.
Read three books on a topic and you know more about it than 99% of the world. »

J’applique les conseils proposés par D. Cain depuis de nombreuses années, à la fois par choix conscient et en préservation de ma santé mentale. Les rechutes, dans la salle d’attente d’un médecin ou devant l’écran d’un lieu public branché sur une chaîne d’« informations », sont assez peu agréables et me confirment dans mon hygiène de vie.

Le langage

Le langage

« Les travaux par lesquels LeBov fut connu, finalement, traitaient du problème du langage, le mot problème étant, selon lui, un euphémisme. Il soutint durant la plus grande partie de sa vie professionnelle que le langage devait être compris, abstraction faite de son utilité marginale en tant que technique de communication – peut-on honnêtement dire que ça fonctionne ? – comme une pollution. »
— Ben Marcus, L’Alphabet de flammes

La bêtise

La bêtise

« Si la bêtise ne ressemblait pas à s’y méprendre au progrès, au talent, à l’espoir ou au perfectionnement, personne ne voudrait être bête. »
— Robert Musil, L’Homme sans qualités

La frange sordide

La frange sordide

« [Dans une ville] il doit y avoir par endroits des franges un peu sordides où des services ou activités très importantes mais payant de très faibles loyers peuvent s’implanter. Où peuvent aller les bouquinistes, le naturaliste, le magasin de papillons, le studio du professeur de musique, le magasin philanthropique, la personne qui fait des cuillères en bois, le dessinateur de lettres, le marchand de pommes et de caramels, le réparateur de trombones, la clinique alcoolique, la librairie pornographique, le marchand de haschich. C’est tout ça qui fait qu’une ville est une ville au moins autant que cette maudite architecture. »
— Michael Welbank, architecte et urbaniste, courrier de 1968 à l’Etablissement Public d’Aménagement de Cergy-Pontoise.

Here I Am

Here I Am

« No baby knows when the nipple is pulled from his mouth for the last time. No child knows when he last calls his mother ‘Mama.’ No small boy knows when the book has closed on the last bedtime story that will ever be read to him. No boy knows when the water drains from the last bath he will ever take with his brother. »
– Jonathan Safran Foer, Here I Am