La sucrerie de la semaine, c’est le groupe norvégien Kakkmaddafakka, que mes indéniables compétences en bokmål m’autorisent à traduire en « Mercilenfoiré ». Leur troisième album, Six Months is a Long Time, a été produit par Erlend Øye (oui, celui des Kings of Convenience et surtout du Whitest Boy Alive) et sort aujourd’hui.
Le bonbon à déguster c’est le morceau Someone New, avec un essaim de jolies filles en blouses de travail ; doutant fort que l’on récolte beaucoup de citrons à la latitude de Bergen, je suppose que la vidéo a été tournée en Italie (où trouverait-on autant de beauté — et de citrons — qu’au pays de Vivaldi et de Botticelli ?) :
« Matters of great concern should be treated lightly. Matters of small concern should be treated seriously. »
— Hagakure, le « livre secret des Samouraïs »
Les mains de Laura Marling effleurant le manche d’une guitare folk comme un artificier ses chandelles, et je suis figé. Sa voix frêle qui lance de terribles imprécations avec une élégance toute victorienne, je cède sans résistance. Quelques mèches de cheveux blonds, et si vous me le demandez, je vous dirai que la folk n’a pas trouvé interprète plus accomplie depuis Joni Mitchell (et je pense même que Laura Marling la surpasse — le blasphème est un des luxes accordés au blogueur).
Voici Once I Was An Eagle, son quatrième album (et troisième chef-d’œuvre d’affilée), d’une construction impeccable comme on en trouve presque plus. Mais Words are sleazy, chante-t-elle dans l’un des plus beaux moments de ce disque, …my love is better done. Écoutons donc plutôt.
Suis-je gâteux ; entrain de céder à une navrante exagération ? Comparons avec ce qu’en dit Pitchfork:
Marling is 23; at first, the amount of time she had spent on this earth seemed relevant because nobody in her peer group was making albums like this. With Once I Was an Eagle, it’s because nobody of any age is making albums like this.
« She’s as mature a songwriter as you’ll find today, » ajoute Consequence of Sound.
Et le Guardian : « Everything just gets better and better with Marling. »
Soulagement, je ne suis pas le seul à m’enthousiasmer.
Dans le même temps, en France, on en est arrivé au point où même l’un de nos plus respectables journalistes musicaux considère qu’un album de soixante minutes est forcément trop long.
I hate when that happens. Les instruments du groupe Ivan & Alyosha ont été volés à Atlanta il y a quelques jours. Pour essayer de passer ce cap difficile, le groupe propose son album All The Times We Had en téléchargement contre un écot de votre choix (même $0). Ce serait dommage de passer à côté, c’est vraiment une superbe collection de chansons.
Alternativement, il est également possible de les aider via PledgeMusic.
Je suis devenu un frappé de musique baroque depuis qu’un aimable camarade de la Blogothèque me fit découvrir il y a quelques années le Bajazet de Vivaldi, dans l’enregistrement de Fabio Biondi (autrement dit, deux heures trente de tubes interprétés avec la classe italienne qui tue).
Cette belle série de vidéos explicatives sur cette époque, proposée sur le site de Télérama, m’a donc comblé : Les mots du Baroque. Je la recommande, et n’oubliez pas de cliquer sur « Ecouter un morceau » après chaque explication.
Par ici, on est toujours partant pour une bombinette power-pop juste avant l’été. Comme cet Art And A Wife des canadiens de Rah Rah, qui s’écoute comme il se doit avec le volume à 11, voire mieux: en chantant à tue-tête ses paroles malines dans la salle de bain. La vidéo est réjouissante, elle aussi :
Merci à Sean, qu’il faudrait toujours suivre à la lettre :
Let this tune explode from a thousand college radio towers, singing its wisdom, sharing its lessons, sharpening the pens & picks & ears & plans of a million gutsy drooping spirits.
C’était en 1999, et tout ce qui venait de Belgique nous semblait miraculeux. On était sous le charme, notamment, d’une pétillante gantoise nommé An Pierlé. An avait sorti un superbe premier album (Mud Stories) où elle s’accompagnait au piano électrique sur des chansons qui n’avaient rien à envier à Kate Bush ou au meilleur de Tori Amos. On me recommandait chaudement ses concerts, au piano sur une grosse bulle gonflable, mais je ne trouvais pas l’occasion d’y assister.
Ce que je redoute souvent des artistes que j’aime arriva alors : An Pierlé changea de registre, pris un groupe, sortit trois ou quatre album de pop FM/jazzy sonnant fadasse à mes oreilles, et eut un beau succès d’estime hors de Belgique… succès incomparable avec l’intérêt soulevé par son album solo.
Mais en 2013, Ô joie ! An Pierlé a sorti un album essentiellement solo qui renoue avec le songwriting de ses débuts, et est beau à pleurer. Certes, on trouve dans Strange Days quelques mesures d’orchestre de chambre et des percussions et guitares de Koen Gisen, son compagnon, mais l’esprit aventureux et malicieux de ses débuts est bien là, et c’est pour moi le plus beau retour aux sources de 2013.
Rid of Me est sorti il y a exactement 20 ans (!). Spin demande à la plupart de ceux qui ont participé à ce disque indispensable, Steve Albini et la très admirable Mme Polly Jean Harvey en tête, de se remémorer sa conception dans un très bel article.
Voilà, l’album de Savagess’écoute sur leur site, et Pitchfork en profite pour sortir une cover story qui envoie du bois, dans une présentation superbe.