Le rouge et le bleu
A Paris, de quel bord politique est mon quartier ?
A Paris, de quel bord politique est mon quartier ?
Ils l’ont dit — Pour ne pas oublier les meilleures phrases de la droite sarkosyste.
Site d’utilité publique.
Finkielkraut / Badiou, le face-à-face.
Alain Badiou :
Dès que les considérations identitaires sont injectées dans la politique, dans le pouvoir d’Etat, on est dans une logique qu’il faut bien appeler néo-fasciste. Car une définition identitaire de la population se heurte à ceci que toute population, dans le monde contemporain, étant composite, hétérogène et multiforme, la seule réalité de cette identification va être négative. On ne parviendra nullement à identifier ce qu’est la « civilisation française », entité dont j’ignore ce qu’elle signifie, on va juste clairement désigner ceux qui n’en sont pas. (…)
Pour trouver une boucherie aussi dépourvue de tout sens et atroce que celle de 14-18, il faut se lever de bonne heure. Or elle était strictement articulée sur l’identité nationale, c’est ça qui a fait marcher les gens. Il est très clair que l’identité nationale, référée à une mémoire non divisée et à un consentement héréditaire et familial, n’est que le retour aux catégories fatiguées de la tradition, et ne prépare que la guerre, intérieure contre les « mauvais français », extérieure contre « les autres ».
Qu’on ne se méprenne pas, bien que je partage son opinion sur ce sujet, j’ai une estime très limitée pour Alain Badiou. Quelques échanges plus loin, Finkielkraut (pour qui j’ai une mésestime parfaitement complète) le remet assez justement à sa place sur son cryto-léninisme méssianique qui n’envisage qu’un futur post-lutte-des-classes monolithique et donc forcément totalitaire.
DéCHIFFRAGES – Jean-François Couvrat : Urgence à l’Hôpital.
La question m’angoisse depuis longtemps : pourquoi sans cesse supprimer des postes et des budgets dans l’hôpital public ? Pourquoi refuser de financer notre santé, notre détresse physique, la dignité de nos derniers jours (et prêter à taux 0% des milliards d’euro à des banquiers qui n’ont pas eu un seul centime de pertes depuis deux ans) ? Suis-je falot de penser qu’il n’y a à peu près rien de plus important que ça ?
D’autant que les arguments avancés, cette insinuation que nous serions un pays de chochottes habituées à un luxe intenable dans le monde tel qu’il est, ne tiennent pas :
En France,
(Tous ces chiffres proviennent de l’OCDE et de l’Insee, ils sont détaillés et commentés sur le weblog cité au début.)
Comme à l’habitude, Guillermo vient d’écrire tout ce que je m’apprétais à dire sur l’affaire Raoult et cette pauvre – mais très admirable – Marie NDiaye (et il le dit en mieux, bien entendu).
Il souligne notamment une évidence que le journal de France Inter, tout à l’heure, jugeait curieusement superflue : au moment de l’interview donnée aux Inrockuptibles, Marie NDiaye n’était pas lauréate du prix Goncourt. Quand bien même un « devoir de réserve » s’appliquerait à la suite de ce choix, la remontrance est grotesque car la « faute » antérieure. (Evidemment, ce droit de réserve n’existe pas, puisque l’Académie Goncourt est une association loi 1901, pas un service de l’Etat.)
Guillermo a donc raison : c’est de la part de Raoult de la pure polémique destinée à toucher la frange la plus abrutie de la population française. Il est inutile de préciser que cela va fonctionner ; le roi des cons, me dites pas qu’il est portugais.
Radical Chic : La Poste, l’UMP et la politique de l’injure
Au fond, quand l’UMP pond une proposition de loi parce que TF1 parle d’un fait divers horrible, c’est normal. Quand l’UMP s’appuie sur des sondages foireux pour légiférer, c’est normal. Quand la droite et Sarkozy prennent la parole et font la loi au nom des « victimes », c’est normal. Tout cela s’appelle « être à l’écoute des français ». S’appuyer sur des rumeurs, manipuler l’opinion avec Bouygues et Lagardère, c’est du bon gouvernement ; mais écouter la voix de 2 millions de types qui se traînent (…) pour aller protester contre la privatisation rampante de la Poste, ce n’est pas acceptable.
La défense pathétique de Brice Hortefeux sur 20minutes.fr, avec une seconde vidéo, de meilleure qualité et qui ne laisse aucune place au doute. C’est entre 2min40 et 3min40.
On rappellera utilement que Brice de Nice est un proche ami de notre président depuis 1976, et qu’il est le parrain de son fils, celui qui conduit des scooters et est conseiller général du département le plus riche de France.
Le Monde, Michel Rocard : Les Européens ont voté pour que la crise continue
Le diagnostic est limpide : les classes moyennes supérieures des pays développés sont en train de renoncer à l’espoir d’arriver à l’aisance par le travail au profit de l’espoir de réaliser des gains en capital rapides et massifs, bref de faire fortune. Ce comportement sociologique est incompatible avec le bon fonctionnement et surtout la stabilité du système.
En votant partout conservateur, pour les forces qui nous ont amenés à la crise, les électeurs ont montré leur attachement au modèle du capitalisme financiarisé. L’espoir du gain boursier, de la fortune est devenu trop prégnant.
(Doit-on appeler ça la « jurisprudence Dati » ?)
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas moi qui le dit, c’est le Conseil Constitutionnel :
En méconnaissance de l’article 9 de la Déclaration [des droits de l’homme et du citoyen] de 1789, la loi [« HADOPI »] instituait ainsi, en opérant un renversement de la charge de la preuve, une présomption de culpabilité (…).
C’est moi qui souligne.
S’il sont capables de cela pour prévenir le téléchargement du dernier album de Johnny Halliday, comme le reconnait la plus haute autorité de notre pays en matière de libertés publiques, on ne peut s’empêcher de méditer longuement sur les limites morales de la clique sarkozyste en matière d’accaparement des ressources économiques, d’utilisation de la police, et de gestion discrétionnaire des dossiers désignés comme liés au terrorisme.