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Category: musique

Exsonvaldes 2013

Exsonvaldes 2013

Une longue attente récompensée : Exsonvaldes a pu enfin sortir Lights, leur quatrième album, il y a quelques jours. La plupart des chroniques lues jusqu’ici s’intéressent surtout à ce qui change : un peu plus de claviers, à la Phoenix, et trois morceaux en français. A mon sens, c’est pourtant la continuité qui marque ce disque, et en fait une vraie réussite : continuité dans l’exigence des compositions, des arrangements et du son. Résultat de ces efforts : Lights s’ouvre sur une salve géniale de cinq titres imparables, que j’imagine bien volontiers écouter à plein volume sur la route des vacances, dont cette perle :

Conclusion : ici, on sait faire de la pop de haut niveau, touchante et enthousiasmante à la fois.

Exsonvaldes en tournée à Verneuil-sur-Avre (27), Bordeaux, Lyon, Lille et Paris (Nouveau Casino) en mai.

Rock and Roll Will Never Die

Rock and Roll Will Never Die

Waging Heavy Peace coverWaging Heavy Peace est un petit plaisir coupable — pour Neil Young, et pour son lecteur. Les anecdotes s’y enchaînent sans structure, sautant les décennies et les sujets au gré de l’esprit de son auteur, avec un style et une candeur délicieuses. Un chapitre sur les modèles réduits de train suit un chapitre sur l’enregistrement sous substances d’un album des 70s, qui lui-même suit un chapitre sur le projet Pono dans lequel Young engloutit plein d’argent pour essayer de remplacer/améliorer le format mp3 par quelque chose de plus fidèle aux meilleures conditions d’écoute dans les studios d’enregistrement. Tout ça est sans queue ni tête, ce qui garantit assez peu d’interférences d’un écrivain professionnel, mais souvent émouvant car le Loner n’a pas toujours eu une vie facile et reste assez lucide quand sa propre stupidité en fut parfois la cause. Le privilège de ce livre est de vous laisser passer un moment avec un bon copain, par ailleurs immense star, qui évoquerait avec gourmandise sa vie et ses passions dans un rade du sud de la Californie autour d’une limonade (Neil Young est sobre désormais).

En quelques mots : une lecture sympathique pour les fans de longue date et ceux qui (comme moi) continuent de découvrir la carrière protéiforme d’un des plus grands du rock, certainement le plus sincère dans son dévouement à la musique. Je ne peux pas le confirmer, mais on m’a fait savoir que la version traduite en français est catastrophique, ce qui me paraît crédible étant donné le style éminemment idiosyncrasique du livre ; VO recommandée donc.

Une fois accepté cette option de non-linéarité biographique ou même thématique, le défaut du livre est assez logiquement l’absence de vision chronologique et globale de l’oeuvre de Young, et pour ceux qui recherchent plutôt cela je ne peux que recommander ce beau tour d’horizon en deux partie sur The Liminal : Walk On : Neil Young — From the Buffalo to the Pill.

« Clementine », tiré de Americana, l’album de reprise de chansons traditionnelles sorti avec Crazy Horse en 2012 :

We The Common

We The Common

La constance dans l’évolution est sans doute l’une des plus grandes satisfactions que l’on peut ressentir lorsqu’on est un fan. Spoon vient à l’esprit, peut-être Low si l’on est prêt à pardonner quelques étrangetés, mais la belle évolution que je veux évoquer ici est celle de Thao Nguyen.

Je me remémore comme d’un privilège d’avoir commandé son premier album folk timide mais prometteur, aimable jusque dans ses défauts de jeunesse, il y a 8 ans. Soutenue par Laura Veirs et Tucker Martine (des encouragements qui inspirent le respect), elle regroupa ensuite autour d’elle un véritable groupe et signa deux albums vibrants, extatiques et assumés, émergeant de sa chrysalide en singer-songwriteuse solaire, meneuse et rockeuse.

En 2013, Thao & The Get Down Stay Down sort le superbe We The Common, toujours plus maîtrisé musicalement (comme Laura Veirs, quelle guitariste !), mais mariant cette impeccable énergie avec une conscience de soi et un engagement dans la société inédits, à l’écoute de ses constituants les plus fragiles : les femmes prisonnières, auxquelles Thao consacre du temps. Avant tout de la musique de haut vol :

Et avouons-le : l’expression « rock n’ roll » ne signifie pas prendre le thé avec grand-mère ; il y a dans le son amplifié — dans le meilleur des cas — une sensualité très directe, une sublimation du désir et une simulation de sa consommation parfois plus pérenne de la vraie chose. Il me reste du dernier (seul?) passage de Thao & The Get Down Stay Down à Paris, en 2010, l’émoi délicieusement flou d’un tourbillon de musique ancré sur une guitare électrique et une incroyable paire de bottes Santiag.

Ivan & Alyosha

Ivan & Alyosha

Ils ne sont pas russes, et aucun des membres du groupe ne s’appelle Ivan, ni Alyosha. Ça semble être une nouvelle mode (qui nous change des noms d’animaux). (Ça vient des Frères Karamazov, si vous vous posiez la question.)

Les morceaux sont très beaux et la voix du chanteur, qui monte dans un registre peu fréquenté dans l’indé, me touche beaucoup. Mais ce qui est vraiment admirable c’est la constance de leur premier album, où des perles comme celle-ci s’enchaînent jusqu’au dernier titre.

Ils semblent assez peu connus. Je les ai découvert, intrigué par leur nom, via NPR First Listen, qui streame plusieurs nouveaux albums par semaine (chacun pendant quelques jours). Récemment, le Wall Street Journal constatait que la branche musique du site de la NPR est entrain de devenir incontournable pour la plupart des artistes nord-américains, ce qui fait plaisir : c’est après tout la radio publique américaine, et leurs choix font preuve d’une rare pertinence que la presse papier (ayant largement cédé toute indépendance devant les intérêts publicitaires) et les webzines (souvent plus soucieux de leur crédibilité à Williamsburg/Austin/Portland que de partage) peuvent leur envier.

Loud, quite loud

Loud, quite loud

C’est mon autre album très attendu en ce début d’année : celui des Savages. Ces quatre jeunes femmes arrivent avec un post-punk épileptique, mi-glaçant mi-brûlant, tiré au cordeau, et à peu près impossible à esquiver. Mention spéciale à la basse de Ayşe Hassan, qui claque comme rarement.

Ecoutons leur nouveau titre, She Will ; le précédent n’était pas mal également.

Le 13 mai au Botanique à Bruxelles, et le 6 juin à la Maroquinerie à Paris.

The Lumineers

The Lumineers

Lieu commun du jour : le succès est absolument imprévisible.

Qui aurait pu prédire, par exemple, que la folk sympathique de Mumford & Sons leur permettrait de vendre des brouettes d’albums et de gagner deux Grammy, alors que les trois albums magnifiques, par instant dylanesques, de Vandaveer ne lui ont apporté qu’un succès critique et le circuit indé ?

De même, j’avais écouté le premier album des Lumineers avec plaisir lors de sa sortie, mais l’avait remisé sans même y penser, sans me douter que le reste de l’année 2012 les verrait grimper les charts américains, atteignant la deuxième place (tous genres confondus !) en janvier 2013. C’est un beau concert à emporter qui m’a mis au parfum :

Joel, mon meilleur ami et ingé son de nos films, m’avait envoyé leur album en mars dernier. Personne ne les connaissait alors, et c’était un plaisir de les faire découvrir, de voir les gens sourire, fondre, taper du pied alors qu’ils découvraient le disque.

Puis quelque chose d’inattendu est arrivé. Quelque chose qui arrive assez rarement aux artistes folk indé.

Ils sont devenus énormes.

Voici donc les Lumineers, et effectivement derrière ces petites chansons sans prétention apparente se révèle un splendide album auquel on revient souvent. D’autant plus qu’il y a un violon, marque incontestable de bon goût.

Chvrches

Chvrches

C’est peut-être l’album que j’attends avec le plus d’impatience en 2013. A cause de cette chanson :

Chvrches – The Mother We Share

Fang Island

Fang Island

Fang Island : « the sound of everyone high-fiving everyone. » Ou quand le groupe fait le travail du blogueur.

Voici un des rares groupes à ma connaissance dont la virtuosité s’entend (riffs rapides, entrecroisement de motifs, signatures exotiques et mouvantes — on y entendra certainement une influence math rock) mais sert exclusivement les morceaux. Pas de vain concours de manche, mais du vrai bonheur en barre par doses de 4 minutes. Je recommande chaudement l’album Major.

Weird in a different way

Weird in a different way

« La forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel » — Baudelaire

Je relance ce weblog tombé en déshérence avec l’intention de partager avant tout mes découvertes et plaisirs musicaux, à travers vidéos et morceaux en streaming. Les encouragements à explorer livres, films, expositions… ainsi que les liens occasionnels vers d’autres contenus intéressants seront également présents, mais à fréquence moindre. J’espère limiter le contenu éditorial n’ayant pas de rapport avec ces sujets ; nous verrons.

J’inaugure cette approche ressérée par la publication de mon “top 2012” : mes albums, expériences culturelles au sens larges, et (nouveauté !) expériences gustatives, préférés parmi la production ou les découvertes de l’année passée.
Et pour reprendre en fanfare, un extrait de mon album favori de 2012, celui de Divine Fits, la réunion étincelante de Britt Daniel, en pause de Spoon et dont c’est le sixième album excellent d’affilée, et de Dan Boeckner, ex- de Handsome Furs et de Wolf Parade. Les chats ne font pas des chiens.