The funny thing about playing pop music is, that’s what the original intention of pop music was. It wasn’t supposed to be this little cultish thing. It’s supposed to be songs that sound great blasting out of a car radio, and just through a funny turn of events, the kind of pop we make is now seen as some kind of fringe alternative thing.
— Adam Schlesinger (Fountains of Wayne), MTV News, june 1999
Exsonvaldes – Maps (2023) – France – 18/20 – indie pop – Mes amis parisiens sortent leur nouvel album après sept ans de pause, et c’est une immense réussite de perles pop-rock, avec toujours l’habituel et génial mélange de mélodies mélancoliques, d’arrangements percutants et de paroles subtilement politiques. Et un indéniable palier supplémentaire franchi dans le songwriting, presque chaque morceau étant un single imparable.
John Francis Flynn – Look Over The Wall, See The Sky (2023) – Irlande – 13/20 – experimental folk – Beau moment de reprises de traditionnels folk dans des arrangements sombres et intenses, avec en toile de fond une saine colère contre les avanies infligées par le capitalisme moderne à un Dublin défiguré par la bourgeoisie transfrontalière et devenu inhabitable pour ses enfants. Un bel accompagnement de l’album récent de Lankum et de celui de Andy the Doorbum la semaine dernière.
Pure Bathing Culture – Chalice (2023) – USA – 12/20 – soft rock – Un album fort plaisant de dream pop, des compositions élégantes et la voix envoutante de Sarah Versprille, dans la lignée de leurs précédents opus.
Beirut – Hadsel(2023) – USA – 14/20 – chamber pop – Zach Condon revient avec de bien belles chansons, toujours aussi inspirées, et enrichies cette fois par l’adjonction très réussie d’un orgue.
Aesop Rock – Integrated Tech Solutions (2023) – USA – 13/20 – hip-hop – Comme toujours avec Aesop Rock c’est copieux et dense, et il est clair que son nouvel album est un bon cru.
Midscale – Midscale EP (2022) – France – 11/20 – post-rock – Un bon groupe de shoegaze/post-rock français ? Je ne rêve pas. Sur scène (en première partie d’Explosions in the Sky) ils sont excellents et leurs titres sont splendides. Sur ce premier EP c’est encore inégal (avec de très bons moments), mais gageons qu’avec l’expérience acquise depuis ils nous proposent de belles choses en studio dans le futur.
Juliana Hatfield – Juliana Hatfield Sing E.L.O. (2023) – USA – 12/20 – soft rock – La grande prêtresse de l’alt-rock reprend les meilleurs des morceaux les plus pop du plus sous-estimé des grands songwriters, à savoir Jeff Lynne d’Electric Light Orchestra. C’est très bien fait, ce n’est que du plaisir, et dans un monde idéal on tomberait sur ça lorsqu’on allume la radio, entre un Fleetwood Mac et un Kinks.
Uni Boys – Buy This Now! (2023) – USA – 12/20 – power pop – Bon album de power pop produit par les délicieux Lemon Twigs, une belle progression depuis leur précédent opus.
The Gathering – How to Measure a Planet (1998) – Pays-Bas – 5/20 – rock – On me l’a vendu comme du progressif… que je n’entends pas. Arrangements souvent très plats, l’intérêt de cet album semble être dans les acrobaties vocales de la chanteuse, auxquelles je suis malheureusement imperméable.
Andy The Doorbum – Of Tears, No Amount Can Quench Mouths Maimed By Drought (2023) – USA – 13/20 – experimental folk – Accompagné par les géniaux Lankum ou leur chanteuse Radie Peat sur certains morceaux (et parfaitement complémentaire à leur œuvre), un splendide album de folk intense sur la thématique du deuil.
Spiritual Cramp – Spiritual Cramp (2023) [AOTW] – USA – 15/20 – indie rock – Un album truffé d’excellents morceaux dans un esprit Interpol / Strokes, mais sans la hype fatigante, les mannequins, la C et les unes des magazines de l’époque. Juste des morceaux cools avec des paroles subversives et désespérées, comme de juste.
Trainfantome – THIRST (2023) – France – 9/20 – indie rock – Dernière sortie du génial label francilien Howlin’ Banana, qui nous a proposé ces derniers mois les albums de groupes aussi épatants que Eggs, Annabel Lee ou Avions. Cet album est cependant décevant, avec quelques morceaux sympathiques en début de disque, mais l’inspiration s’épuise vite…
Hotline TNT – Cartwheel (2023) – USA – 12/20 – indie rock – Belle série de morceaux indé aux accents shoegaze. Prometteur.
Pet Symmetry – Future Suits(2021) – USA – 13/20 – indie rock – Très belle collection de mini-tubes, qui plaira aux amateurs de Death Cab for Cutie, en un peu plus nerveux.
Laura Veirs – Phone Orphans (2023) – USA – 10/20 – folk – J’ai beaucoup aimé Laura Veirs dans les années 2000, mais ses propositions depuis une dizaine d’années me laissent assez froid. Elle franchit encore un cran dans le minimalisme glacial ici avec une sélection de chutes enregistrées sur son téléphone (« Phone Orphans »), annoncées comme son dernier album. Ce storytelling n’y change rien : je préfère toujours les beaux arrangements de Carbon Glacier ou de Saltbreakers.
Rocket – Versions of You (2023) – USA – 12/20 – indie rock – Gros EP/petit album (7 titres) de bon rock indépendant par ce jeune groupe prometteur.
DJ Sabrina the Teenage DJ – Destiny (Abridged) (2023) – UK – 12/20 – outsider house – La version raccourcie (1h40 au lieu de 4h), mais c’est toujours vertigineux, avec l’impression d’écouter deux radios en même temps dont l’une passerait Daft Punk et l’autre de la pop à guitare.
King Gizzard & The Lizard Wizard – The Silver Cord (2023) – USA – 13/20 – psych rock – 25ème album en 11 ans pour les australiens fous ; celui-ci fait la part belle aux synthés analogiques (je préfère au trash métal progressif du précédent…), et se présente en deux volets, un en versions raccourcies (décidément) sous les 5 minutes, le second des mêmes morceaux en versions « extended mix » de 10 à 20 minutes, qui sont les véritables titres. C’est très bon, comme souvent.
The American Analog Set – For Forever (2023) – USA – 16/20 – folk slowcore – Retour miraculeux pour le groupe d’Andrew Kenny, qui n’avait plus donné de nouvelles depuis 2005 (même s’il y avait eu le sublime album des Wooden Birds en 2011). On retrouve le son d’AAS, avec notamment leur vibraphone signature, mais certains morceaux les amènent à explorer des territoires plus intenses, avec beaucoup de réussite. Un magnifique et grand album !
Dirt Buyer – Dirt Buyer II [AOTW] (2023) – USA – 6/20 – arty emo – Ce n’est pas que c’est mauvais ; c’est que ce jeune prodige sorti de Berklee fait des morceaux sans génie et dont on entend tellement les influences sans originalité (Radiohead, Muse, Low, et particulièrement Jeff Buckley) qu’on préfèrerait écouter celles-ci directement.
DJ Sabrina the Teenage DJ – Destiny (2023) – UK – 12/20 – outsider house – 3h56 de compos house-pop chantées, dans tous les sous-genres possibles ; il y a de très bons morceaux là dedans mais honnêtement au bout du 41ème je suis épuisé, je ne sais pas lesquels j’aime, je ne sais pas si c’est un chef-d’oeuvre ou un contre-exemple.
Reverend Kristin Michael Hayter – SAVED! (2023) – USA – 13/20 – experimental noise folk – Lingua Ignota a commis de magnifiques albums de folk extrême par le passé ; elle sort ce nouveau recueil sous sous vrai nom. Si la mue n’empêche pas de splendides morceaux, la forme est encore plus ardue qu’à l’habitude, parfois trop pour moi. L’album est encadré par deux morceaux activement hostiles à l’auditeur : le premier joue avec un volume qui se coupe à plusieurs moments aléatoires (et ce n’est pas Louxor…), le dernier s’achève sur 6 minutes de sanglots et cris terrifiants derrière la mélodie. A cela s’ajoutent des coupures et transitions volontairement abruptes, et une thématique chrétienne eschatologique trop premier degré à mon goût.
Sondre Lerche – Understudy (2023) – Norvège – 12/20 – soft-pop – Sondre Lerche est capable d’albums magnifiques, dont ses deux derniers. Ici il s’agit d’une compilation des reprises (de grosse pop commerciale) qu’il offre sur internet à ses fans à chaque fin d’année depuis une petite décennie. C’est mignon, ça ne s’écoute qu’une fois.
Teenage Halloween – Till You Return (2023) – USA – 15/20 – indie emo – Deuxième album toujours aussi cool des petits jeunes de Don Giovanni Records, les morceaux sont toujours excellents et l’ensemble est sautillant à souhait. Pour fans de pop avec des guitares et de la distortion, de PUP, des Menzingers et de Camp Trash.
Al Menne – Freak Accident (2023) – USA – 16/20 – indie – Premier album de sublimes chansons en solo par la voix des géniaux Great Grandpa. Petit bijou doux et précieux.
The Menzigers – Some Of It Was True(2023) – USA – 14/20 – indie rock/emo – D’excellents morceaux de punk tendre ; la voix de Greg Barnett est toujours aussi émouvante.
boygenius – The Rest EP (2023) – USA – 9/20 – indie songwriters’ supergroup – Leur premier EP (en 2018) était fabuleux ; leur album the record (2023) pas mal ; là je m’endors, même si j’adore Phoebe, Julien et Lucy.
Sufjan Stevens – Javelin (2023) – USA – 19/20 – orchestral folk – Un nouveau chef-d’œuvre de Sufjan, la fusion idéale du parfait mais minimaliste Carrie & Lowell (2015) et de ses bouleversants albums de pop chambriste des débuts.
Kurt Baker – Rock’ N’ Roll Club (2023) – USA – 13/20 – power pop – Le prolifique Kurt Baker qui est l’une des valeurs sûres de la power pop actuelle fait ici le job. Des morceaux qui rockent bien, pas de tromperie sur la marchandise.
Jeremy Dutcher – Motewolonuwok (2023) – CAN – 17/20 – singer/songwriter – Après un sublime premier album en 2018 (Polaris Prize), Dutcher (membre des Premières Nations et two-spirit) a réalisé un deuxième opus encore meilleur et encore plus maîtrisé. Totale beauté.
Metric – Formentera II (2023) – CAN – 14/20 – indie rock électronique – A ce stade le talent de Metric ne fait plus aucun doute et ce deuxième volet du dyptique Formentera ne déçoit pas.
The Dollyrots – Night Owls (2023) – USA – 15/20 – punk/power-pop – Aucune ambition révolutionnaire mais 40 minutes de rock féministe à chanter sous la douche, exécuté à la perfection.
Squirrel Flower (2023) – USA – 16/20 – indie rock/singer songwriter – Encore un excellent recueil de morceaux crunchy par Ella Williams, après I Was Born Swimming (2020) et Planet (i) (2021). Artiste définitivement trop confidentielle.
L’Rain – I Killed Your Dog (2023) – USA – 12/20 – experimental pop/soul – Projet toujours intéressant sur ce deuxième album ; pas sûr que je l’écouterai encore souvent.
Milliseconds – So This Is How It Happens (2023) – USA – 12/20 – indie rock – Du rock indé compétent par la section rythmique du feu et regretté Dismemberment Plan, plus un camarade guitariste. Sympathique ; j’aime beaucoup les illustrations de l’album et des singles.
Pinkshift – suraksha EP (2023) – USA – 14/20 – indie pop-punk – 3 morceaux impeccables du trio mené par Ashrita Kumar, sur leur lignée rock. J’espère un peu plus d’originalité pour la suite (le single in a breath était intriguant), mais ils sont encore très jeunes…
Helena Deland – Goodnight Summerland [AOTW] (2023) – 12/20 – folk – Dans un style qui m’évoque Joan Shelley mais sans atteindre les mêmes sommets, de jolis morceaux tout en cordes en nylon et voix mi-soupirée. Elégant. (Je devrais certainement prendre le temps d’écouter les paroles, d’un niveau certain selon ce que je lis.)
CMAT – Crazymad, For Me (2023) – Irlande – 11/20 – pop – Pas désagréable mais un peu fade, des manières dans le chant qui sont un peu trop « dans l’air du temps ». Préférable à beaucoup de pop commerciale cela dit, et le meilleur morceau en dernière piste c’est couillu.
Tuerie – Papillon Monarque (2023) – FR – 5/20 – rap – Les beats sont cools, je kiffe le flow à la Cuizinier, les paroles (celles que ce pauvre babtou comprends, en tout cas) plutôt marrantes (ambiance daron qui rappe), mais tout ça est un peu superficiel, et franchement le morceau aux punchlines homophobes aux deux tiers, non merci, pas pour moi.
cabane – The Unreleased Series, Pt. 1 (2023) – BE – bedroom folk – Comme à chaque fois, Thomas nous fait cadeau de ses splendides morceaux, et ici de quelques variations du sublime Grande est la maison (2020). Moi je chéris les cadeaux qu’on m’offre, les belles émotions que l’on me donne et les amitiés qu’on m’accorde. La vie est si fugace et les fâcheux tellement innombrables.
Chaque week-end (au sens large) je posterai un compte-rendu très succinct de mes écoutes des albums qui m’ont intrigués et sont sortis le vendredi (99,9% des albums et EPs sortent le vendredi, si vous l’ignoriez).
Le format sera le suivant : Artiste – Titre (année) – Nationalité – Note sur 20 – Tentative de catégorisation (boooo!) – éventuellement, détail succinct de mon ressenti.
L’évaluation se fera généralement après une écoute, parfois deux. Je ne m’interdit pas de revenir et de modifier mon propos après plus de temps passé avec l’album.
Ça n’est clairement pas pour tout le monde. Si vous trouvez cette approche inintéressante ou irrespectueuse, je respecte et comprends ce point de vue ; je vous encourage chaleureusement à aller lire chaque semaine les riches critiques des sections Album of the Week et Premature Evaluation sur Stereogum, le meilleur site de musique à l’heure actuelle. D’ailleurs j’ajouterai le tag « [AOTW] » si l’album est la sélection de la semaine chez eux.
Il y a quelques années, nous avons composé toute une série de playlists / mixes / compilations avec quelques camarades. L’une d’elle, la plus électronique et la plus décalée de celles que j’avais concocté, m’est restée dans les oreilles. Je l’ai retravaillée, enrichie et affinée ; la voici sous son meilleur jour. Elle prend son titre du morceau qui est devenu le tube vintage improbable de 2022.
« Werner Herzog sur de la techno minimale, un remix d’opéra moderne napolitain mystérieusement devenu un classique des nuits québécoises, un classique des débuts de la drum’n’bass britannique, un groupe de percussions corporelles brésiliennes retravaillé French Touch, le chef-d’œuvre tellurique du plus grand producteur germano-chilien, un earworm dark-disco vaguement sadomasochiste, des remixes disco-funk fabuleux de nos copines Kate et Véronique, un tube krautrock qui prend soin de votre santé, la pop cosmico-motorik d’une prolifique artiste britannique, un remix belge ultra-dansant d’un groupe irlandais quelque peu inattendu, une rareté de pop colombienne des 70s boostée à la sauce rémoise, le hit de sampling maniaque oublié (mais parfait) qui a lancé l’explosion du smiley, une track irrésistible et jamais identifiée mixée par une légende new-yorkaise en 2018, et le remix trituré en tous sens d’un classique électro-prog. »