Archives de
Category: citation

Carnet noir et rouge

Carnet noir et rouge

« Aussi bien, je traite mon petit cœur comme un enfant malade, je lui passe toutes ses volontés. Ne va pas le redire : il est des gens qui m’en feraient un crime. »

— Goethe, Les souffrances du jeune Werther

« Les gens vraiment libres ont une manière très belle de courber l’échine, comme les gens vraiment heureux ont une manière très noble de souffrir. »

— Mon formidable ami Nick

« Je n’ai pas de tactique
Je fais de l’existence et du vide mes tactiques.
Je n’ai pas de talent.
Je fais de la vivacité d’esprit mon talent.
Je n’ai pas de forteresse.
L’esprit immuable est ma forteresse.
Je n’ai pas d’épée.
De l’état qui est au-dessus et au-delà de la pensée, je fais mon épée. »
— Walter Jon Williams, Le souffle du cyclone

[Le carnet noir et rouge n’est pas daté. J’évalue les premières pages, que l’on parcourt actuellement, au milieu des années 90.]

« Qu’attendre de ceux qui, acquiesçant aux raisons abstraites de l’économie acquiescent à la solution finale du problème humain ? »

« Rien ne tue plus sûrement que de se contenter de survivre. »

— Raoul Vaneigem, Traité de Savoir-Vivre à l’usage des jeunes générations

« L’erreur de ceux qui saisissent la décadence est de vouloir la combattre alors qu’il faudrait l’encourager ; en se développant elle s’épuise et permet l’avènement d’autres formes. (…)
Il est vulgaire de claironner des dogmes au milieu des âges exténués où tout rêve d’avenir paraît délice ou imposture. »
— Emil M. Cioran, Précis de Décomposition

« They were two perfectly insignificant and incapable individuals, whose existence is only rendered possible through the high organization of civilized crowds. Few men realize that their life, the very essence of their character, their capabilities and their audacities, are only the expression of their belief in the safety of their surroundings. »
— J. Conrad, An outpost of progress

« — Je veux dire que, si on arrive à convaincre quelqu’un, à l’aide de la logique, qu’il n’a pas lieu de pleurer, eh bien, il ne pleurera plus… C’est clair. Et vous, vous pensez le contraire ?
— La vie serait trop facile, alors, répondit Raskolnikov. »
— F. Dostoïevski, Crime et châtiment

Wang-Fô

Wang-Fô

« Quand il eut quinze ans, son père lui choisit une épouse et la prit très belle, car l’idée du bonheur qu’il procurait à son fils le consolait d’avoir atteint l’âge où la nuit sert à dormir. L’épouse de Ling était frêle comme un roseau, enfantine comme du lait, douce comme la salive, salée comme les larmes. Après les noces, les parents de Ling poussèrent la discrétion jusqu’à mourir, et leur fils resta seul dans sa maison peinte de cinabre, en compagnie de sa jeune femme, qui souriait sans cesse, et d’un prunier qui chaque printemps donnait des fleurs roses. »
— Marguerite Yourcenar, Comment Wang-Fô fut sauvé (Nouvelles Orientales)

« Le plaisir dans ce monde, a-t-on dit, excède les douleurs ; ou, tout au moins, il y a un juste équilibre entre les deux. Si le lecteur souhaite voir rapidement si cette affirmation est vraie, qu’il compare les sentiments respectifs de deux animaux, dont l’un est occupé à manger l’autre. »
— Schopenhauer

Architecture

Architecture

« I call architecture « petrified music. » Really there is something in this; the tone of mind produced by architecture approaches the effect of music. »
— Goethe, parfois attribué à Felix E. Schelling ou à Frank Lloyd Wright.
Si ça ce trouve, ce n’est d’aucun des trois, mais c’est très juste.

Eugenides

Eugenides

« Chacun lutte contre le désespoir, mais il finit toujours par gagner. Il le faut. Sinon, comment aurions-nous le courage de partir ? »
— Jeffrey Eugenides, Middlesex

« Aujourd’hui, il n’y a pas de forme de démocratie que l’on puisse opposer à la démocratie parlementaire. Donc, on doit s’en aller. Nous proposons l’exode. Qu’est-ce que l’exode ? Montrer que nous résistons, que nous sommes désobéissants. Jusqu’au moment où nous aurons la force et la capacité de créer de nouvelles institutions. Le problème n’est pas de s’exiler vers quelque part mais de se situer en dehors. On ne participe plus. On refuse. On désobéit : on ne fait pas la guerre, on aide les sans-papiers. Tout ce qui est possible. Ce n’est pas pour faire l’apologie d’actes de résistance vide. C’est pour déclarer une nouvelle démocratie possible. Il faut l’inventer. Une démocratie qui ne soit pas opaque. Il faut construire autre chose. »
— Toni Negri, 2003

« Je t’ai dit avoir été heureux sous les tropiques. C’est violemment vrai. Pendant deux ans en Polynésie, j’ai mal dormi de joie, j’ai eu des réveils à pleurer d’ivresse du jour qui montait. Les dieux du jouir savent seuls combien ce réveil est annonciateur du jour et du bonheur continu que ne dose pas le jour. J’ai senti de l’allégresse couler dans mes muscles. J’ai pensé avec jouissance. […] Toute l’île venait à moi comme une femme. Et j’avais précisément, de la femme, là-bas, des dons que les pays complets ne donnent plus. »

(Victor Segalen, lettre à Henry Manceron, 1913)