Désaccordé

(Et vous me direz s’il ne s’agit pas là du plus bel article jamais publié dans Le Monde…)

En attendant Joao

Sur sa chaise andalouse, la chemise ouverte, il se sent « a gusto« . Il est l’ombre portée du cri des flamencos. Il susurre. Sa diction est d’un maître d’élocution. Il laisse traîner les « z », redouble les syllabes. Il chuinte dans le micro comme on embrasse une fille d’Ipanema. Il prononce « Brasil » en un frisson. Il passe un accord par note et une note par émotion. Et toujours, tel Erroll Garner mais en douceur, en glissant, cet infime retard de la main (la batida) sur la voix. Juste pour dire que le monde est en déséquilibre, mais les poètes s’en occupent.

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