Mon gros gourdin

Mon gros gourdin

J’entends ou je lis souvent que les taxes sur le patrimoine ou la succession, voire sur les revenus, sont injustes. Ou que le refus de changer l’âge de départ à la retraite ou le statut d’une catégorie protégée de salariés est une défense de privilèges injustifiés. Au final, que la volonté de faire contribuer davantage les hauts patrimoines et les entreprises au partage des richesses repose, au fond, sur la jalousie des moins bien dotés, des plus oisifs, de ceux qui ont produits moins d’efforts, de ceux qui partent en vacances ou prennent des congés maladie. Après tout, disent-ils, les inégalités sont naturelles, on ne peut pas faire autrement et même, elles encouragent le progrès.

Ce à quoi je réponds : c’est tout à fait exact. La Nature est formidable, et c’est le dernier juge de tout ce qu’on doit trancher. D’ailleurs moi qui ne suit plus tout jeune, je me rappelle bien de l’époque où on a inventé la civilisation, et c’était la même chose.

En cette douce période néolithique, il n’y avait pas assez de gourdins pour tout le monde. La Nature, dans son infinie sagesse, avait réparti les gourdins de façon — qui en douterait — parfaitement aléatoire. Il était parfaitement naturel, et donc juste, que les homo sapiens équipés d’un gourdin puissent, à l’aide de coups judicieusement placés (ce qui est une compétence que l’on n’acquiert qu’après de longs efforts), s’emparer des champs, des huttes et des femmes de ceux qui n’en avaient pas. Cette perfide civilisation, avec sa police, sa justice, son droit, ses écoles gratuites d’auto-défense et ses droits de l’Homme, toutes choses qui coûtent extrêmement cher au contribuable, était évidemment la mesquine réponse des fainéants et des aigris, en un mot des jaloux.

D’ailleurs certains avaient travaillé dur pour obtenir leur gourdin et se s’élever au-dessus de leur condition. Il fallait abattre un arbre, le transporter, puis le tailler… vous rendez-vous compte de l’effort que cela représente lorsque l’on n’a que ses muscles et un silex ? Et vous voulez, à la fin de leur vie, leur retirer le droit le plus sacré d’enlever votre femme ! Cette absence du respect du travail des autres est écœurante. Voilà bien résumée la détestable idéologie de ces civilisationnistes.

The Sporting Spirit

The Sporting Spirit

George Orwell, The Sporting Spirit (1945) :

« Serious sport has nothing to do with fair play. It is bound up with hatred, jealousy, boastfulness, disregard of all rules and sadistic pleasure in witnessing violence: in other words it is war minus the shooting. »

Courage

Courage

« Without courage, we cannot practice any other virtue with consistency. We can’t be kind, true, merciful, generous, or honest. »
— Maya Angelou

Hymne national

Hymne national

A chaque été la Marseillaise se rappelle à nous par divers moyens, et à chaque été j’ai de plus en plus de gêne physique (avant même un dégoût intellectuel) à l’écoute de ses paroles manichéennes, sanglantes et d’un faux patriotisme revanchard de courte vue. Il se trouve qu’en 1871 la Commune de Paris en avait respecté l’indéniable symbole en faisant son hymne d’une nouvelle version qui en gardait la vibrante musique tout en ré-écrivant les paroles d’une façon bien plus belle et généreuse. J’ai envie de faire mienne cette version, qui a de plus le bon goût d’être l’œuvre d’une femme, Mme Jules Faure.

Je cite deux couplets de La Marseillaise de la Commune :

Français, ne soyons plus esclaves !,
Sous le drapeau, rallions-nous.
Sous nos pas, brisons les entraves,
Quatre-vingt-neuf, réveillez-vous. (bis)
Frappons du dernier anathème
Ceux qui, par un stupide orgueil,
Ont ouvert le sombre cercueil
De nos frères morts sans emblème.

Refrain: Chantons la liberté,
Défendons la cité,
Marchons, marchons, sans souverain,
Le peuple aura du pain.

N’exaltez plus vos lois nouvelles,
Le peuple est sourd à vos accents,
Assez de phrases solennelles,
Assez de mots vides de sens. (bis)
Français, la plus belle victoire,
C’est la conquête de tes droits,
Ce sont là tes plus beaux exploits
Que puisse enregistrer l’histoire.

Power Pop 3 : Fabulous Fuzz Fanatics, 2002-2020

Power Pop 3 : Fabulous Fuzz Fanatics, 2002-2020

Troisième et dernière playlist de ce tour d’horizon power pop, celle des vingt dernières années. Le genre y devient rapidement une niche, et la plupart des groupes ici présent l’assument et prospèrent dans un contexte resserré, quelques blogs, quelques festivals qui entretiennent la flamme. On ne peut pourtant pas dire que la musique souffre d’une baisse d’inspiration, je vous en laisse juge. Mais c’est comme ça.

Une poignée de groupes inclus ici sont plus adjacents au genre mais y font des incursions occasionnelles. La majorité creusent leur sillon avec amour et fidélité, à la recherche de l’enchaînement d’accords parfaits, des chœurs les plus magiques, de la ligne de basse la plus moelleuse. A la poursuite d’une étoile filante, la mélodie rock parfaite.

Pourvu que ça dure.

Power Pop 2 : Modern Melody Masters, 1980-2002

Power Pop 2 : Modern Melody Masters, 1980-2002

Deux décennies où la power pop est plus difficile à différencier du reste, car le mainstream y fait une place de choix aux guitares saturées. Assez peu de titres des années 1980 dans ma sélection, question de goût : la queue de comète de la new wave, le repli de nombreux « poppeux » vers un son jangle clair et mélancolique, et un difficile passage de l’analogique au numérique des méthodes de production qui appauvrit et date outrageusement (à mon oreille) la plupart des sorties de l’époque, tout cela restreint le nombre de disques de power pop de cette époque qui trouvent grâce à mes yeux. La playlist se focalisera donc rapidement sur les 90s.

Alors power pop, The La’s, Teenage Fanclub ou Jimmy Eat World ? En partie oui, même si cela n’épuise évidemment pas l’analyse. D’une catégorisation beaucoup plus nette, les incontournables Jellyfish, Matthew Sweet ou Silver Sun portent le genre à son sommet. Sans oublier les méconnus Shoes, qui ouvrent brillamment la playlist.

L’un des rares groupes qui aura droit à deux titres dans ces playlists est certainement celui qui m’a le plus accompagné et fait plonger dans le genre : Fountains of Wayne. Mon cœur se serre encore quand j’écoute leurs morceaux et que je pense à Adam Schlesinger, leur bassiste et principal compositeur, décédé de la Covid-19 il y a un an. (Une playlist hommage réalisée à l’époque à écouter également.)