Ivan & Alyosha

Ivan & Alyosha

Ils ne sont pas russes, et aucun des membres du groupe ne s’appelle Ivan, ni Alyosha. Ça semble être une nouvelle mode (qui nous change des noms d’animaux). (Ça vient des Frères Karamazov, si vous vous posiez la question.)

Les morceaux sont très beaux et la voix du chanteur, qui monte dans un registre peu fréquenté dans l’indé, me touche beaucoup. Mais ce qui est vraiment admirable c’est la constance de leur premier album, où des perles comme celle-ci s’enchaînent jusqu’au dernier titre.

Ils semblent assez peu connus. Je les ai découvert, intrigué par leur nom, via NPR First Listen, qui streame plusieurs nouveaux albums par semaine (chacun pendant quelques jours). Récemment, le Wall Street Journal constatait que la branche musique du site de la NPR est entrain de devenir incontournable pour la plupart des artistes nord-américains, ce qui fait plaisir : c’est après tout la radio publique américaine, et leurs choix font preuve d’une rare pertinence que la presse papier (ayant largement cédé toute indépendance devant les intérêts publicitaires) et les webzines (souvent plus soucieux de leur crédibilité à Williamsburg/Austin/Portland que de partage) peuvent leur envier.

Loud, quite loud

Loud, quite loud

C’est mon autre album très attendu en ce début d’année : celui des Savages. Ces quatre jeunes femmes arrivent avec un post-punk épileptique, mi-glaçant mi-brûlant, tiré au cordeau, et à peu près impossible à esquiver. Mention spéciale à la basse de Ayşe Hassan, qui claque comme rarement.

Ecoutons leur nouveau titre, She Will ; le précédent n’était pas mal également.

Le 13 mai au Botanique à Bruxelles, et le 6 juin à la Maroquinerie à Paris.

The Lumineers

The Lumineers

Lieu commun du jour : le succès est absolument imprévisible.

Qui aurait pu prédire, par exemple, que la folk sympathique de Mumford & Sons leur permettrait de vendre des brouettes d’albums et de gagner deux Grammy, alors que les trois albums magnifiques, par instant dylanesques, de Vandaveer ne lui ont apporté qu’un succès critique et le circuit indé ?

De même, j’avais écouté le premier album des Lumineers avec plaisir lors de sa sortie, mais l’avait remisé sans même y penser, sans me douter que le reste de l’année 2012 les verrait grimper les charts américains, atteignant la deuxième place (tous genres confondus !) en janvier 2013. C’est un beau concert à emporter qui m’a mis au parfum :

Joel, mon meilleur ami et ingé son de nos films, m’avait envoyé leur album en mars dernier. Personne ne les connaissait alors, et c’était un plaisir de les faire découvrir, de voir les gens sourire, fondre, taper du pied alors qu’ils découvraient le disque.

Puis quelque chose d’inattendu est arrivé. Quelque chose qui arrive assez rarement aux artistes folk indé.

Ils sont devenus énormes.

Voici donc les Lumineers, et effectivement derrière ces petites chansons sans prétention apparente se révèle un splendide album auquel on revient souvent. D’autant plus qu’il y a un violon, marque incontestable de bon goût.

Chvrches

Chvrches

C’est peut-être l’album que j’attends avec le plus d’impatience en 2013. A cause de cette chanson :

Chvrches – The Mother We Share

Le syndrome du bocal

Le syndrome du bocal

Claude Pinault a subi un syndrome de Guillain-Barré. Un sévère, avec d’intenses douleurs neurologiques et presque un an d’immobilisation et de rééducation (pas comme certain petit joueur de ma connaissance).

J’ai apprécié son livre car ce n’est pas le commun du livre de survivant. Il évite largement l’écueil bien pensant type téléfilm américain ou émission de talk-avec-des-vrais-gens : les difficultés tu surmonteras avec stoïcisme pour devenir meilleur et faire un gros hug aux êtres-chers à la fin.

La vie ne se passe pas comme ça, et Claude Pinault est tour à tour anxieux, en colère, vengeur, lubrique, injuste, dépressif, impatient, ému, impuissant. Ce que l’on ressent véritablement dans ce cas, pas la reconstitution didactique avec une morale et une résolution paisible qui se vend mieux.

En plus c’est bien écrit, avec du style et du caractère, et le monsieur a des lettres, des disques et des références culturelles habituellement expurgées ou auto-censurées dans le genre autobiographie-de-rescapé-disponible-en-supermarché. Ce n’est pas toujours facile à lire, mais c’est fait de chair et d’humeurs, comme la vie.

Fang Island

Fang Island

Fang Island : « the sound of everyone high-fiving everyone. » Ou quand le groupe fait le travail du blogueur.

Voici un des rares groupes à ma connaissance dont la virtuosité s’entend (riffs rapides, entrecroisement de motifs, signatures exotiques et mouvantes — on y entendra certainement une influence math rock) mais sert exclusivement les morceaux. Pas de vain concours de manche, mais du vrai bonheur en barre par doses de 4 minutes. Je recommande chaudement l’album Major.

Weird in a different way

Weird in a different way

« La forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel » — Baudelaire

Je relance ce weblog tombé en déshérence avec l’intention de partager avant tout mes découvertes et plaisirs musicaux, à travers vidéos et morceaux en streaming. Les encouragements à explorer livres, films, expositions… ainsi que les liens occasionnels vers d’autres contenus intéressants seront également présents, mais à fréquence moindre. J’espère limiter le contenu éditorial n’ayant pas de rapport avec ces sujets ; nous verrons.

J’inaugure cette approche ressérée par la publication de mon “top 2012” : mes albums, expériences culturelles au sens larges, et (nouveauté !) expériences gustatives, préférés parmi la production ou les découvertes de l’année passée.
Et pour reprendre en fanfare, un extrait de mon album favori de 2012, celui de Divine Fits, la réunion étincelante de Britt Daniel, en pause de Spoon et dont c’est le sixième album excellent d’affilée, et de Dan Boeckner, ex- de Handsome Furs et de Wolf Parade. Les chats ne font pas des chiens.