Archives de
Category: musique

Top 2018

Top 2018

Mes 25 albums préférés de l’année passée, illustrés chacun par un titre (du n°1 au n°25) :

En bonus, une playlist de morceaux cools de 2018 qui sont soit des singles soit sur des albums non présents dans la liste ci-dessus :

Prends ma main

Prends ma main

En 2014, sur Indiectators, j’ai commis cette playlist et ce texte. Je les redécouvre (à moitié) trois ans plus tard, et je me dis que ça mérite d’être conservé ici aussi.

Viens, prends ma main. On dirait qu’on se découvre adultes mais qu’on a encore l’air gauche dans ces beaux habits. Qu’on va en bande se rouler sur les buttes herbeuses du parc et qu’on s’envole sur les toits des cathédrales. Qu’on se copie des cassettes, qu’on n’a plus de feuilles petits carreaux et qu’on sonne à ton appartement. Excuse moi de te déranger mais.
 
On dirait qu’on prend la voiture de ton père pour aller voir la mer éblouissante, et les brumes laiteuses de Brocéliande. Que le théâtre du monde est encore infini, et notre placement encore libre.
 
On dirait que pour un petit moment de nos vies, on s’aime sans arriver à se le dire et que cette douleur sourde sera notre plus beau souvenir.
Un rayon de lumière

Un rayon de lumière

J’aime découvrir de la musique grâce à des playlists. Le goût et l’esprit de sélection mis en œuvre par un humain permettent de s’ouvrir l’esprit, et pour le moment les algorithmes ne fonctionnent pas. Une sélection personnelle, ce sont des sons qui font vibrer l’air, mais aussi une âme en résonance de ces sons, que leur partage nous permet d’approcher ; le sentiment de combler un petit peu, pour quelques dizaines de minutes, notre fatale incommuniquabilité.

On n’est guère mieux servi que par soi-même. Je vous propose un nouveau site web, aidé par quelques camarades dont j’espère les rangs vont grossir, dédié à cette résolution volontairement minimale d’offrir une playlist différente chaque semaine et très peu d’éditorial. Cela s’intitule Crack of Light, pour des raisons qui seront probablement évidentes. Bonne écoute.

Top 2015, fin

Top 2015, fin

Pour rappel vous pourrez écouter des extraits de ces 30+ albums sur ces deux playlists Spotify : celle des albums #16 à #30, et celle des #1 à #15 (désormais complète).


Vous pouvez également écouter une playlist de super chansons découvertes en 2015, sans ordre particulier. Vous y ajouterez le soundcloud de Cabane, car le morceau n’est plus disponible sur Spotify.

Enfin vous retrouverez le classement complet sur la page des tops ainsi que quelques coups de cœur supplémentaires (concerts, livres…).

Top 2015 (#1)

Top 2015 (#1)

1. Sufjan Stevens – Carrie & Lowell

Lorsque l’on s’aventure à préparer un classement de fin d’année comme celui-ci, plusieurs élans contradictoires peuvent s’emmêler. On peut vouloir tendre à une certaine objectivité, dans le sens où l’on serait persuadé de la supériorité artistique de certains albums par rapports à d’autres — une position à peu près aussi impossible à défendre philosophiquement qu’à réfuter absolument. On peut classifier chaque disque en évaluant avec plus ou moins de rigueur le nombre d’écoutes qu’on lui a consacré ; sans oublier de faire le prorata sur le temps où il a été disponible, tant qu’à être bonnet de nuit. On peut souhaiter représenter la hiérarchie du plaisir personnel apporté par chacune de ces sorties, ordre à la fois corrélé et probablement assez différent du précédent, mais au final assez idiosyncrasique. On peut également décider d’encourager certains artistes en les élevant dans le classement, souvent parce que l’on souhaite contrer ce qui nous paraît comme un déficit injuste de notoriété. Parfois on peut même inclure ou réhausser le rang d’un disque pour donner une image de soi plus conforme à celle que l’on voudrait projeter — que celui qui n’a jamais posté sur Facebook une vidéo de Motörhead me jette la première pierre.

Ces différentes voies présentent chacune un intérêt, mais il me semble que la seule façon de ne pas prendre au sérieux une entreprise par définition indéfendable est de les utiliser toutes, ensemble, pour constituer un classement à la fois personnel et honnête, subjectif et fidèle.

La bonne nouvelle étant que, quel que soit le critère que j’aurais pu choisir pour présider à mon choix s’il avait été moins syncrétique, l’album de Sufjan Stevens aurait tout de même ravi la première place. Ce Carrie & Lowell est à la fois un chef-d’œuvre d’une beauté à couper le souffle et le plus satisfaisant offert par son auteur (que j’avais cru perdu pour la cause avec son précédent opus lourdingue, The Age of Adz). C’est aussi par moment une œuvre extrêmement poignante sur l’amour maternel et filial, sur la maladie mentale, sur la peur existentielle et sur la mort d’un être cher. Si Sufjan Stevens s’est fait connaître il y a une décennie par des arrangements luxuriants et des thèmes très populistes, cet album à la fois dépouillé et extrêmement personnel est sans hésitation son sommet artistique. Espérons que cela donnera à d’autres des idées pour l’année qui commence.

Top 2015 (#2)

Top 2015 (#2)

2. Torres – Sprinter

Peu se seraient doutés, après un joli premier album en 2013, que Torres reviendrait pour son deuxième opus avec une collection de chansons d’une telle intensité.

Si Sprinter possède cette force c’est peut-être parce que l’on peut y entendre des émotions de chair et de sang, portées par Mackenzie Scott pendant de longues années : comment vivre au monde après une enfance marquée par une éducation religieuse rigoriste, comment continuer à cotoyer Dieu et s’autoriser au désir, comment survivre à la perte de tous repères familiaux, comment dominer la drogue et la séduction du suicide. Evidemment, le véritable effort consiste à transsubstancier ce matériau brut pour en faire œuvre, ce qui est accompli ici par un chant et des compositions magnifiquement ajustées à leur sujet, colère pour colère, grâce pour grâce. On ne peut s’empêcher de penser à la PJ Harvey des débuts, avec sans doute plus de lumière (Rob Ellis a produit l’album), ou peut-être plus certainement à Sharon Von Etten.

Top 2015 (#3)

Top 2015 (#3)

3. Laura Stevenson – Cocksure

Au début, Laura Stevenson a tenté de résister à une inspiration qui se cristallisait en un album entier de tubes power-pop évidents. Elle s’est vite rendu compte que cela aurait été stupide, ayant déjà prouvé par le passé ses talents de compositrice dans des veines plus retenues, folk ou rock.

Nous voilà donc avec entre les mains cette jouissive compilation de onze titres impulsifs, guitares carillonnantes ou fuzz, mélodies chantées en ligne claire, chacun plus parfaitement entraînant que le précédent. Une citation de Laura Stevenson, quelque part : « J’ai décidé de mettre dans cet album un maximum de joie ». Ambition réussie.

Top 2015 (#4)

Top 2015 (#4)

4. Low – Ones and Sixes

Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’en dire beaucoup plus : Mimi et Alan Parker forment l’un des deux ou trois meilleurs groupes de rock américains depuis leur premier album au mitan des années 90s, et Ones and Sixes est probablement leur meilleur album depuis 2005.

Les élèments constitutifs de Low n’ont jamais beaucoup changé : de la lenteur, la guitare d’Alan, une basse ronde, un chant doublé à la quinte. Cette capacité à retrouver toujours l’originalité en creusant depuis vingt ans le même sillon, à renouveler l’immuable, est proprement magistrale. Mais sur cette base les perspectives se sont ouvertes, la lumière a trouvé (parfois) une faille pour entrer, la douceur aussi ; ces douze morceaux nous enlaçent désormais langoureusement, prenant leur temps, comme les caresses d’un(e) amoureux(se).

Ones and Sixes est un disque majeur pour Low, un espoir pour nos colères rentrées, un feu de joie et un baume pour les âmes épuisées.