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Category: Carnet noir et rouge

Au début, c’était un carnet noir et rouge… Aujourd’hui c’est un weblog.

Carnet noir et rouge (poésie)

Carnet noir et rouge (poésie)

« It’s such a little thing to weep,
So short a thing to sigh;
And yet by trades the size of these
We men and women die! »

— Emily Dickinson

C’est chose si infime de pleurer,
Si brève chose de soupirer;
Et pourtant par commerces de cette ampleur
Nous hommes et femmes mourrons !

« Comment cacher ce qui m’habite
Quand tu ne me regardes plus
Mon cœur bat mal mon cœur bat vite
Comme un suicide irrésolu »

— Aragon, Elsa

« Il ne s’est à peu près rien passé et pourtant il nous est impossible de nous délivrer du vertige,
Quelque chose s’est mis en mouvement, des puissances avec lesquelles il n’est pas question qu’on transige,
Comme celles de l’opium ou du Christ, les victimes de l’amour sont d’abord des victimes malheureuses
Et la vie qui circule en nous ce matin vient d’être augmentée dans des proportions prodigieuses. »

— Michel Houellebecq, Le sens du combat

« Confutatis maledictis,
Flammis acribus addictis :
Voca me cum benedictis.

Oro supplex et acclinis,
Cor contritum quasi cinis :
Gere curam, mei finis. »

— W.A. Mozart, Confutatis du Requiem

Après avoir réprouvé les maudits
Leur avoir assigné le feu cruel
Appelez-moi parmi les élus.

Suppliant et prosterné, je prie,
Le cœur brisé et réduit en cendres :
Prenez soin de mon heure dernière

« L’essence du révolutionnaire ne consiste ni dans une foi (toujours niaise) ni dans une information (toujours incomplète) ni en des disciplines (toujours périmées), mais dans un certain état de disponibilité et de courage. »
— Emmanuel Berl

Kundera

Kundera

« Dans L’Insoutenable Légèreté de l’être, on parle de deux types de coureurs de femmes : coureurs lyriques (ils cherchent dans chaque femme leur propre idéal) et coureurs épiques (ils cherchent chez les femmes la diversité infinie du monde féminin). (…) Le lyrique est l’expression de la subjectivité qui se confesse, l’épique vient de la passion de s’emparer de l’objectivité du monde. (…) Hélas, cette conception du lyrique et de l’épique est si peu familière aux Français que j’ai été obligé de consentir que, dans la traduction française, le coureur lyrique devienne le baiseur romantique, et le coureur épique le baiseur libertin. »

— Milan Kundera, L’Art du Roman

« Ne pas avoir de sens pour l’art, ce n’est pas grave. On peut ne pas lire Proust, ne pas écouter Schubert, et vivre en paix. Mais le misomuse ne vit pas en paix. Il se sent humilié par l’existence d’une chose qui le dépasse et il la hait. Il existe une misomusie populaire comme il y a un antisémitisme populaire. »

ibid.

Carnet noir et rouge

Carnet noir et rouge

« Le tortionnaire et le supplicié ne sont qu’un. Le tortionnaire se trompe, car il croit qu’il n’a pas sa part de souffrance ; le supplicié se trompe, car il croit qu’il n’a pas sa part de faute. »
— Schopenhauer

« Affirmer que l’univers est limité est une hérésie ; affirmer qu’il est illimité est aussi une hérésie ; affirmer qu’il n’est ni l’un ni l’autre, est également hérétique. Ce triple anathème a sans doute pour but de décourager les spéculations inutiles qui nous détournent de l’urgent problème de notre salut. »
— Jorge Luis Borges, Qu’est-ce que le bouddhisme ?

« Le Bouddha, quant à lui, refusa toutes les discussions abstraites parce qu’elles lui semblèrent inutiles et il formula la célèbre parabole de l’homme blessé par une flèche et qui ne veut pas qu’on la lui retire avant de connaître la caste, le nom, les parents et le pays de celui qui l’a blessé. Procéder ainsi, dit le Bouddha, c’est se mettre en danger de mort ; moi j’enseigne à ôter la flèche. »
— ibid.

« Succès et échec, vie et mort, plaisir physique et douleur physique ; je ne suis ni ami ni ennemi de ces fictions. »
— Dahlmann

« Il existe une différence profonde, fatale, entre le rêve d’un monde remis en ordre et rêver de le remettre en ordre soi-même selon ses propres définitions. »
— Vladimir Nabokov, L’extermination des tyrans

« Tu aimerais changer la face du monde, c’est louable mais cela me fait peur.
Imagine que tu le rates et qu’il ait le même nez que Michael Jackson. »
— Fuzati (Klub des Loosers), Toute la vérité

« Tant qu’à avoir un gros tremblement de terre, autant que ce soit en Arménie où ils n’ont rien plutôt qu’à Limoges, avec toute la porcelaine. »
— Jean-Marie Gourio

« Un pied dans l’érudition, l’autre dans la magie, ou plus exactement, et sans métaphore, dans cette magie sympathique qui consiste à se transporter en pensée à l’intérieur de quelqu’un. »
— Marguerite Yourcenar, Carnets de Notes de Mémoires d’Hadrien

Cronyism : « The change came, I am told, with the Truman administration, which was accused of appointing friends to government posts without regard to their qualifications. A journalist on the New York Times described this practice as cronyism, so modifying the sense of the word. »

Un mot que l’on retrouve beaucoup de nos jours dans la presse anglo-saxonne, au sein des bilans de la présidence Bush et de l’occupation irakienne.

« The West won the world not by the superiority of its ideas or values or religion but rather by its superiority in applying organized violence. Westerners often forget this fact, non-Westerners never do. »

— Samuel P. Huntington (qui doit savoir de quoi il parle, si la moitié de ce qu’on dit sur lui est vraie)

Epigramme de Salam Pax – Where is Raed ?.

Freud

Freud

« Il est toujours possible d’unir les uns aux autres par les liens de l’amour une plus grande masse d’hommes, à la seule condition qu’il en reste d’autres en dehors d’elle pour recevoir les coups.

(…) Ce ne fut pas l’œuvre d’un hasard inintelligible si les Germains firent appel à l’antisémitisme pour réaliser plus complètement leur rêve de suprématie mondiale ; et l’on voit comment la tentative d’instauration en Russie d’une civilisation communiste nouvelle trouve son point d’appui psychologique dans la persécution des bourgeois. Seulement, on se demande avec anxiété ce qu’entreprendront les Soviets une fois tous leurs bourgeois exterminés. »

— Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation, 1930