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Author: manur

How could anything with so many rules not be real?

How could anything with so many rules not be real?

Un nouveau trésor exhumé et mis en ligne par le Believer à l’occasion de ce début d’année : Destroy All Monsters, un excellent survol de Donjons et Dragons, qui contient même une session avec Gary Gygax.

Why intelligent human beings would find the actions of imaginary fighters, thieves, dwarves, elves, etc., as they move through a space that exists only notionally, and consists more often than not of dimly lit corridors, ruined halls, and big, damp caves, more compelling than books or movies or television, or sleep, or social acceptance, or sex. In short, what’s so great about Dungeons & Dragons?

Le dilemme du moment c’est : le Believer est un des meilleurs mensuels du monde. Est-ce que je dois m’abonner et dépenser une somme indécente parce que les frais de port coûtent aussi cher que la souscription, ou est-ce que je peux me contenter des quelques articles qu’ils proposent à la consultation sur leur site web et d’un ou deux numéros par an que l’on me rapporte d’outre-Atlantique ?

Quoi qu’il en soit, le magazine vient de mettre en ligne une belle interview avec Marjane Satrapi, qui a connu une presse assez phénoménale aux Etats-Unis ces derniers mois lorsqu’on considère les thèmes et la subtilité de son œuvre.

People are always so shocked to find out that in Iran we knew about punk rock. Sometimes we learned about it before Americans. I have friends from the Midwest who found out about the punk movement after I did. It also shows the power of anecdotes, a small story, to explain the bigger picture. So I worked in anecdotes of my own to comment on the world. Because the world is not decided by George Bush and Saddam Hussein. They make things happen in the news, but that’s not real life. Real life is you and me.

G. Ponthieu : Moi, Éric Breteau, pompier tout-terrain de l’Humanitaire

Décembre 2004, tsunami en Asie du Sud-Est. Éric Breteau part pour l’Indonésie avec des membres de sa fédération. Plusieurs missions, rencontre avec Émilie Lelouch, jeune ambulancière humanitaire, artiste de cirque et organisatrice de tournées.

2007, l’Asie « paie » moins. La cote qui monte, c’est celle du Darfour. On y parle même de génocide. Quoi de plus Beau, Grand, Noble qu’une Cause arrimée à l’Enfer Génocidaire ?

[via Radical Chic]

Casus Belli

Casus Belli

Il y a en France une nostalgie écœurante et toujours renouvelée pour Napoléon Bonaparte, ce cas d’école freudien qui, en bon pré-totalitaire, pensait qu’on devait faire le bien des peuples européens en dépit de leur avis sur la question. La fascination actuelle pour un certain dignitaire, verticalement handicapé, notoirement caractériel, inconsidérément ambitieux, à la vie sexuelle chaotique, mais incontestablement charismatique, n’y joue peut-être pas un rôle négligeable.

A la brutalité mielleuse du boucher ajaccien répond la brutalité statistique de l’incroyable Carte Figurative des pertes successives en hommes de l’Armée Française dans la campagne de Russie de Charles Joseph Minard, datant de 1861 et l’un des tous premiers exemples de ce que l’on appelle aujourd’hui l’infographie ; un exemple difficilement surpassable.

Charles Minard's information graphic of Napoleon's March
Image Wikimedia Commons

La partie colorée s’y lit de gauche à droite et représente l’avancée des armées napoléoniennes de 1812, chaque millimètre d’épaisseur figurant 10 000 hommes. La partie noire s’y lit dans l’autre sens, de droite à gauche, et présente la Retraite (avec les mêmes proportions) en parallèle de la courbe des températures, en bas (en degrés Réaumur, -30° Ré = -37,5 °C). La traversée de la Bérézina est par exemple très parlante.

Des 422 000 français à avoir marché sur Moscou, seuls 10 000 revinrent selon les chiffres de Minard, revus à la hausse aujourd’hui (on penche apparemment pour 90 000). Les pertes des côtés russe, polonais et allemand sont à peu près du même ordre.

Il faudra attendre la guerre américaine au Vietnam de 1959-1975 pour que la technologie nous aide à améliorer significativement le ratio entre les pertes humaines chez les perdants et chez les vainqueurs (aux alentours de 1 G.I. mort pour 60 vietnamiens ; les victimes « collatérales » cambodgiennes et laotiennes tuées sous les bombes U.S. n’ont pas le bénéfice de ce genre de noble décompte). Les nazis n’arriveront qu’au piteux score de 1 pour 7.

Mais j’ai voulu être ainsi, je te le jure

Mais j’ai voulu être ainsi, je te le jure

« Mais j’ai voulu être ainsi, je te le jure, j’étais contaminé par les mots, j’ai continué de l’être longtemps après la fin de mon adolescence, j’ai cru que j’aimais le nomadisme et la solitude parce que c’étaient des mots prestigieux, ornés des majuscules de la littérature. »
— Antonio Muñoz Molina, Le royaume des voix

Au collège : Ils s’enfermèrent

A la longue, cette contestation ouverte ou implicite de la norme linguistique induit un malaise certain chez ceux qui la défendent. Après tout, la langue, c’est un contrat passé entre tous ses locuteurs, un contrat constamment révisable ; alors s’il n’y a plus qu’une poignée de puristes pour défendre l’existence du passé simple, n’est-ce pas à eux de convenir que leur acharnement est vain ?

Guillermo le dit mieux que moi, mais l’étalage de médiocrité vieille-France lors du repas donné en l’honneur de Khadafi (que rapporte Le Monde) est l’un des moments les plus écœurants que nous ait offert le sarkozysme décompléxé — ce n’est pas peu dire. Quelle farce de constater la joie non feinte avec laquelle Roland Dumas, Dominique Baudis ou le secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, pour ne prendre que quelques exemples parmi toute la gérontologie parisienne et républicaine rassemblée mardi dernier au Ritz, ont assisté à des saillies comme celle-ci :

« Mais je vous livre solennellement ce message : la convention d’Ottawa, signée par un certain nombre de pays en 1997, visait à interdire la production de mines antipersonnel. Tous les pays qui ont signé ce traité doivent revenir sur leur signature. La mine antipersonnel est une arme défensive, pas offensive. C’est le moyen de défense le plus simple. »
— Colonel Kadhafi, Paris, mardi 11 décembre 2007

L’homme qui valait trois milliards

L’homme qui valait trois milliards

« J’ai fait plus pour les Droits de l’Homme que l’ensemble de mes détracteurs. »
— Bernard Kouchner, à France Inter ce matin.

Le plus amusant, c’est que de son point de vue c’est vrai : en trente ans, on l’a plus vu à la télévision et entendu à la radio pour réclamer votre pitié pour les petits nenfants africains que l’ensemble de ses détracteurs.

(Trois milliards.)