Top 2015 (#12)
12. Björk – Vulnicura
J’appartiens à la chapelle minoritaire de ceux qui pensent qu’il y a du très bon dans tous les albums (studio) de Björk. Les rares fois où leur réception critique s’aligne avec mon ressenti font donc plaisir. D’autant que c’est certainement son meilleur disque en neuf ans, puisqu’elle semble avoir réalisé (jusqu’au prochain ?) qu’une belle partition avec des éléments expérimentaux est une chose somme toute plus fructueuse que d’aller inventer des instruments qui n’existaient pas ou des apps conceptuelles pour tablette.
Répétons ce que tout le monde a dit : les arrangements pour cordes qui portent presque tout le disque (les premiers qu’elle a écrit en douze ans) sont époustouflants. Ils constituent une raison suffisante d’apprécier cet album, et d’ailleurs Björk ne s’y est pas trompée en sortant récemment Vulnicura Strings, une belle version de cette œuvre comprenant seulement les cordes et les voix.
Ceci étant posé, je suis nettement moins à l’aise avec le thème qui parcourt tout le disque. 58 minutes de variations autour de l’ex-qui-m’a-larguée-est-un-salaud peuvent avoir, c’est indiscutable au regard de l’histoire de la musique pop, des vertus cathartiques et inspiratoires, mais les artistes ont inventés un outil précieux en cas de telle décompression : la métaphore. L’effet de cette prise en otage sentimentale de l’auditeur est, je trouve, un peu poisseux, même si l’on a connu des exemples du même syndrome tout aussi récents mais plus crapuleux. Je n’ai pas beaucoup de sympathie, au final, avec l’idée qui affleure ici à force d’insistance, l’idée de la femme diminuée lorsque son homme est absent.