Orthodoxie, quand tu nous tiens.
Claude Askolovitch : Sauvons sauvons la gauche, au nom… au nom de quoi au fait?.
Que se passe-t-il au Nouvel Observateur ? Où sont passés les dossiers bimestriels sur la franc-maçonnerie et les comptes-rendus détaillés sur les mouvements gastriques de Lionel Jospin ? L’Obs. est-il en passe de redevenir vaguement intéressant ? Quoi qu’il en soit, ce billet est passionnant.
Et les commentaires y sont jouissifs. Je pensais passer toute cette campagne électorale bien à l’écart du chahut, mais je m’aperçois qu’il est parfaitement rigolo d’assister à ce déchaînement d’esprit partisan bêta. Que le pauvre monsieur Askolovitch s’aventure à dresser une analyse un peu large et modérée, le voilà immédiatement (et évidemment) taxé de réaction et de dérive faustienne au profit du grand Satan Bayrou. Il y a une telle accumulation de rancœur impuissante, c’est cocasse à observer.
Un commentaire se distingue toutefois :
Les militants de base UMP et PS ont beau jeu de dire « ceux qui votent Bayrou sont des traîtres ». Ce n’est peut-être pas la faute exclusive des électeurs s’ils n’ont pas envie de se rassembler autour de quelqu’un. Peut-être ce quelqu’un n’est pas un bon rassembleur…
J’ai un souvenir me semble-t-il pas très lointain du référendum sur le Traité européen. Les perdants avaient été sommés virilement de reconnaître que ce Non était le résultat d’une proposition mal présentée et ne répondant pas aux besoins du peuple de gôche, toujours juste dans ses aspirations évidemment, c’est un truisme. Qu’un éditorialiste vieillissant en vienne sottement à reprocher aux vainqueurs leur vote, et voilà cet homme traité de quasi-fasciste perdu pour la cause. C’est donc avec beaucoup d’amusement que j’observe aujourd’hui les mêmes (à la gôche de la gôche modérée, puisque pour eux le centre c’est la droite — vous suivez ?) les mêmes donc, jeter des anathèmes sur ce petit peuple, comptabilisé de gôche mais lassé d’un candidat qui semble ne pas répondre à leur attente, peuple soudainement plus du tout respectable mais coupable de traîtrise, et dont l’intention de vote est, joli retournement, perdue pour la cause. Quoi de plus drôle que l’indignation à géométrie variable ?