Fouché 2007

Fouché 2007

Le Monde : La tentation du fichage génétique de masse

Pas moins de 137 infractions, selon l’article 706-55 du code de procédure pénale, peuvent entraîner le prélèvement obligatoire de l’ADN. Le législateur n’a cessé d’ajouter des infractions justifiant l’entrée dans le fichier.
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3. Un grand pas est franchi avec la loi Sarkozy de « sécurité intérieure » du 18 mars 2003 (gouvernement Raffarin). Les infractions les plus banales sont introduites (vols simples, dégradations, tags, arrachage de cultures OGM…). Surtout, la loi prévoit désormais de ficher les personnes non condamnées mais simplement suspectées – « à l’encontre desquelles il existe des indices graves ou concordants ».
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Le Fnaeg, qui est alimenté depuis 2002, grossit à très vive allure : 2 100 références en 2002, 40 000 en 2004, 283 000 aujourd’hui. Parmi elles, 107 000 personnes condamnées, 163 000 « soupçonnées », 16 726 traces relevées sur des scènes de crimes.

Je me rappelle parfaitement (contrairement à un certains nombre de médias possédés par des amis du Ministre de la Police) des débats qui eurent lieu au début de ce siècle, à la mise en place de ce projet de fichage des empreintes génétiques.

« Comment donc ?! », juraient-ils leurs grands Dieux, « nous, des anti-démocrates ? Bien au contraire, nous voulons défendre les Droits des Enfants à ne pas être agressés sexuellement. » C’était avant Outreau, et en bons citoyens, pétris de doutes, nous avons accepté ce fichier, créé à la condition expresse qu’il ne répertorierait que des délinquants sexuels, nous avons sacrifié un peu de nos libertés civiques au nom d’un peu de pragmatisme, parce que l’idée d’un enfant violé est intolérable.

Aujourd’hui, si l’on examine ces chiffres, sur 20 empreintes présentes dans ce fichier, 11 appartiennent à des personnes non reconnues coupables. Autrement dit, si j’ai bien compris le droit français, peu ou prou innocentes.

Ce que ce fichier, le Fnaeg, est devenu au fil des années dans une splendide discrétion démocratique et médiatique, est parfaitement parlant à la fois sur la duplicité consubstancielle de la Droite économiquement ultra-libérale et socialement conservatrice, et sur la vanité totale d’une grotesque confiance que l’on pourrait accorder au ségoléno-jospinisme (à l’origine de cette initiative, de ses premières dérives, et parfaitement incapable comme à l’habitude d’en empêcher l’abus — legislativement, institutionnellement ou médiatiquement).

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