Babel

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Quand j’entends à la radio rien moins que le directeur de la BNF se lamenter que, Google ayant l’intention de rendre accessible en ligne 15 millions de livres numérisés, cela va donner une sélection « nécessairement américano-centriste« , j’ai envie de me la prendre et de me la mordre. Même en faisant abstraction des troupeaux de gauchistes bêlants qui applaudissent à tout rompre. (Pierre Assouline, plus nuancé, n’est pas concerné.)

Un livre n’a pas de nationalité, un livre rend intelligent (ou pas, s’il s’agit de littérature française de ces vingt dernières années) et au-dessus de ces considérations médiocres. Si encore la qualité de la production littéraire francophone concurrençait réellement celle des anglo-saxons…

Voilà un indice que Sarkozy a parfaitement réussi son coup : nous sommes de retour de plein pied dans l’epistémé de la Troisième République. Ce nationalisme de bas étage, cette méfiance contre tout ce qui n’est pas bien français, ça évoque le Zérorama. Méfiez-vous, le lobby juif mondial tente de nous faire (re)lire Lévy-Strauss sous prétexte du 50ème anniversaire de Tristes Tropiques : restez vigilant !

Plus sérieusement, si l’on veut vraiment développer des initiatives comparables avec une sensibilité européenne, comme le propose ce monsieur, mettons enfin la démagogie de côté et appliquons ce programme en trois points.
1 – Se sortir les doigts de là où ils se sont égarés
2 – Développer une véritable « sensibilité européenne » lisible, depuis le temps que les citoyens l’attendent (une seule chaîne de télévision hertzienne nous parle de l’Allemagne, la presse papier ne met jamais en Une aucune actualité concernant nos voisins, etc.)
3 – Numériser les bouquins sans se sentir supérieur. C’est dur pour un français, mais plus tôt on commence, mieux on sera préparé

Et si certains veulent s’attaquer à un Oncle Sam qui effectivement a bien du sang sur les mains, il peut être plus pertinent d’aider l’association Vietnam-Dioxine à lutter pour l’indemnisation des victimes de l’Agent Orange et de la dioxine, répandus dans ce qui fut et est encore un des crimes de guerre impunis les plus important du XXème siècle.

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