Wang-Fô
« Quand il eut quinze ans, son père lui choisit une épouse et la prit très belle, car l’idée du bonheur qu’il procurait à son fils le consolait d’avoir atteint l’âge où la nuit sert à dormir. L’épouse de Ling était frêle comme un roseau, enfantine comme du lait, douce comme la salive, salée comme les larmes. Après les noces, les parents de Ling poussèrent la discrétion jusqu’à mourir, et leur fils resta seul dans sa maison peinte de cinabre, en compagnie de sa jeune femme, qui souriait sans cesse, et d’un prunier qui chaque printemps donnait des fleurs roses. »
— Marguerite Yourcenar, Comment Wang-Fô fut sauvé (Nouvelles Orientales)