Pas moins con
Allez, je vais faire un peu mon 404 Brain Not Found. C’est pas pour faire concurrence, c’est un one-shot, et puis ce sera un peu mon bon anniversaire en retard qui devient un joyeux Noël.
Alors, voilà : je ne suis pas moins con que les autres. J’ai fait une grande part de mes achats de Noël à la FNAC, et accessoirement au Printemps. En d’autres termes j’ai engraissé la dinde de Noël : François Pinault. Je n’en reviens pas.
Pourquoi tant de méchanceté ? C’est simple (c’est opportunément rappelé dans l’entrée de 404 liée plus haut) : ce type (engagé volontaire en Algérie, y’a des vocations précoces) a empoché 800 millions de dollars de plus-value lors du rachat d’Executive Life (« la [grande ?] vie des cadres »). L’accord difficilement signé par l’état français lui demande de rembourser 185 millions d’USD (Nouvel Obs : « Une somme astronomique [sic] sur laquelle il peut espérer récupérer 75 millions de dollars, s’il échappe à toute condamnation civile ultérieure »), tandis que le contribuable (vous et moi, du moins je vous le souhaite) devra lacher 475 millions d’USD…
Si c’est pas ça, la privatisation des profits et la mutualisation des pertes, je veux bien acheter et écouter un album de la Star’Ac (à la FNAC, bien entendu).
Et pourquoi Pinault s’en tire si bien ? (Le Nouvel Obs parle de « capitulation », mais leurs amis du PS ont tout intérêt à ce qu’il n’y ait pas trop de vagues autour de l’affaire : ils étaient au pouvoir et ont donné leur bénédiction.) Parce que c’est un grand ami personnel du couple Chirac (et de Sarkozy) (et de Sardou et Robert Hossein, mais on s’en fout pas mal).
Comble de la tartufferie, cette histoire intervient peu de temps (mais les journalistes de la grande presse l’ont déjà oublié, ou plus exactement ont déjà intégré qu’ils ne devaient plus en parler) après que le gouvernement nommé et piloté par Jacques Chirac ait réalisé son incroyable chantage affectif au jour férié qui va sauver les Vieux, on ne sait pas bien comment. D’autant que les premières études sur la canicule ont montré que deux tiers des personnes âgées décédées vivaient en institution spécialisée (et encore 20 autres pourcents dans un logement sans être seules), alors que c’est le gouvernement Raffarin qui au début de l’année 2003 a brutalement coupé les crédits (183 millions d’euro) des maisons de retraites.
En résumé, d’un côté on s’arrange pour ne pas poser trop de soucis pécuniers aux amis du Président, de l’autre on va demander aux caissières et aux manutentionnaires du groupe PPR de travailler une journée de plus pour le même salaire minable, en les culpabilisant sur leur indifférence à la souffrance de leurs aînés par dessus le marché. En termes techniques, ça s’appelle l’équité républicaine.
Quant à moi, vous m’excuserez, mais il faut que j’aille acheter de l’essence chez Total, c’est une si noble entreprise qui n’a jamais rien fait de mal en Birmanie, même que c’est Bernard « G.I. Joe » Kouchner qui l’a dit, alors.
(cf. la réaction de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme au « rapport Kouchner » commandé par Total :
La FIDH regrette que Bernard Kouchner ait prêté son nom à cette opération de relations publiques du Groupe Total et à un moment où le Groupe doit enfin rendre des comptes à la justice. Son journal de voyage ne contribue en rien à aider les fameuses « victimes » qu’il prétend défendre.
La FIDH estime que, plutôt que de payer régulièrement des consultants à venir en visite guidée sur le site, Total gagnerait en crédibilité si ses dirigeants autorisaient des enquêteurs effectivement indépendants à se rendre sur le chantier.
Le terme « journal de voyage » est perfide comme on aime.)