« Je t’ai dit avoir été heureux sous les tropiques. C’est violemment vrai. Pendant deux ans en Polynésie, j’ai mal dormi de joie, j’ai eu des réveils à pleurer d’ivresse du jour qui montait. Les dieux du jouir savent seuls combien ce réveil est annonciateur du jour et du bonheur continu que ne dose pas le jour. J’ai senti de l’allégresse couler dans mes muscles. J’ai pensé avec jouissance. […] Toute l’île venait à moi comme une femme. Et j’avais précisément, de la femme, là-bas, des dons que les pays complets ne donnent plus. »
(Victor Segalen, lettre à Henry Manceron, 1913)