« Avec la pop, en revanche, il s’agissait de vrais fantasmes sexuels. Assises dans les salles de concert, les écolières hurlaient, devenaient hystériques, déclenchaient des bagarres et tombaient dans les pommes. Elles mouillaient leur petite culotte et se masturbaient. Si l’on en croit P.J. Proby, elles se seraient même meurtries avec les pieds des fauteuils qu’elles avaient préalablement arrachés. Elles ont eu toutes sortes de gestes outrageants qu’elles n’auraient jamais eus ailleurs. Et si elles se sont comportées avec si peu d’inhibition, c’est qu’il existait toujours un garde-fou : le chanteur pop lui-même restait hors d’atteinte, irréel, et rien ne pouvait véritablement arriver.

En ce sens, il s’agissait de sexe sous vide : les filles se lâchaient complètement, se déchaînaient, puis rentraient à la maison avec leur petit ami et rejouaient les vierges effarouchées. A l’image d’une cérémonie rituelle, c’était inesthétique au possible, mais c’était sain et ça a joué comme une soupape de sécurité. Crier après Elvis, les Beatles ou les Stones était aussi bon que d’aller à la confesse ou voir un psy. »

— Nik Cohn, Awopbopaloobop Alopbamboom

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