« Bien des années plus tard, j’en arriverais à comprendre que l’écriture est un acte de lâcheté, un acte né de la peur : une façon de satisfaire un besoin de communiquer, de s’exprimer et de se révéler, obliquement, sans jamais être directement confronté à autrui, sans jamais sortir de sa cachette. Et j’avais peur. Même si je faisais de grandes démonstrations de courage, j’avais peur de mon ombre, peur de cette âme qui ne voulait pas rester tranquille ; peur de tout ce qui, en moi et en dehors de moi, pouvait mettre à nu ma propre vérité, quelle qu’elle pût être. Je pensais que j’étais le seul à me recroqueviller en moi-même. Je pensais qu’en suscitant et en dénonçant la peur chez les autres, j’expulserais et abjurerais la mienne. Je ne savais pas que la peur était partout, en chacun de nous. »
— Nick Tosches, La lumière de l’été 65