Littérature, Sexe et Amour
Jemisa, qui est donc un homme tout ce qu’il y a de plus viril, mea maxima culpa (c’est le « a » à la fin qui m’a troublé… de l’intérêt d’avoir une bio ;=) ), jemisa donc, cite Josyane Savigneau qui cite Plateforme dans l’article du Monde que je citais l’autre jour :
« il y a la sexualité des gens qui s’aiment et la sexualité des gens qui ne s’aiment pas »
C’est quand même plus fondamental, plus élevé, plus éclairant, plus universel que ce qu’on peut lire généralement sur la première gorgée de fanta citron ou les aventures partouzardes d’une bourgeoise de l’âge de sa mère, non ?
Dans l’édition papier du Figaro aujourd’hui, une magnifique interview pleine page de Houellebecq où, traité avec considération, il ne part pas en vrille mais expose sobrement ce pourquoi nous sommes nombreux à considérer son oeuvre comme porteuse de sens, sinon importante. Par exemple :
Plus une relation devient amoureuse, plus elle devient sexuelle. Je sais que ces scènes [très crues] peuvent choquer, tout simplement parce que la part de honte, malgré la libération sexuelle, n’est pas levée sur le corps. Ce que je décris ne me paraît pas choquant. Il me semble que c’est ce que peuvent faire un homme et une femme qui s’aiment. Je ne trouve pas cela choquant car j’estime que mes désirs sexuels ne sont pas choquants. Je revendique l’absence de fantasme. Je refuse le fantasme, je n’en ai pas besoin. Je le refus d’autant plus qu’il est désormais programmé par le marché, à travers l’érotisation extrême de la publicité, par exemple.
Parallèlement, on me rapporte que JF Kahn, de Marianne, déplore l’ubiquité de Plateforme en cette rentrée culturelle.
On ne peut tout-à-fait lui donner tort. Par pitié, ne lisez pas ce livre pour l’avoir lu, si vous ne vous sentez pas en phase avec. Il y a sûrement de nombreux autres livres sorti récemment et tout-à-fait dignes d’attentions et d’éloges.
En revanche, JFK fait preuve de malhonnêteté (il est tout de même journaliste) lorsqu’il compare Houellebecq à Coca-Cola. Il y a une grosse différence : une multinationale dépense des budgets de communication faramineux pour imposer sa marque, Houellebecq n’est au centre du tourbillon médiatique que parce que les journalistes veulent bien en parler autant, personne ne les force à prendre tout ce qui sort de sa bouche au premier degré, personne ne les paye… Retour à l’envoyeur.
Ajoutons toutefois que Plateforme a été tiré à 200 000 exemplaires, c’est énorme. Le premier tirage du nouveau livre d’un écrivain confirmé se situe plutôt aux alentours de 10 000 exemplaires, si je me rappelle bien.