Il me faut prendre la plume (figure réthorique) pour raconter ça, c’est tellement cocasse. Personne n’ignore qu’il y a quelques jours a eu lieu la Fête de la Musique (celle de Jack Lang, le notable de province échangiste qui veut devant les caméras une Gauche « plus à gauche » et dans l’hémicycle soutient Fabius). J’ai pris prétexte de ce raoût pour, le jour dit, écouter ma musique sans casque au bureau et en faire profiter quelques collègues — une initiative pas très urbaine, mais à ma décharge j’avais réglé le volume à la limite de l’audible, et puis c’était cette inévitable Fête de la Musique qui donne visiblement tous les droits, une fois par an, en terme de pollution sonore (en bas de ma rue, la Mairie, et à la Mairie on a passé Capitaine Flam et autres beauferies régressives toute la soirée).

Il m’a fallu me rendre à l’évidence, Boris Vian ou Jon Spencer Blues Explosion, sélection déjà consciencieusement réalisée pour rester mainstream, ça ne plaît pas, c’est trop underground ; mon collègue X a même eu cette sortie délicieuse : « C’est nul, la semaine prochaine je ramène de la bonne musique », répartie dont j’espérais que le souvenir s’était perdu, car les 364 jours restants de l’année j’écoute ma musique de bobo au casque et j’en attends autant de mes congénères de travail.

Espoir qui s’est évanoui ce matin : à mon arrivée X m’a demandé, du miel plein la voix, si je pouvais passer le disque qu’il me tendait. Nous écoutons donc actuellement Play de Moby, et sur le bureau du susnommé se répand négligemment une pile de compact-disques où j’aperçois la B.O. d’Ally McBeal et un vieil album des Innocents. De la bonne musique donc, infiniment plus respectable.

Mais je suis d’accord avec vous, je l’ai bien mérité.

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