Les événements semblaient alors limpides : un père de famille était tombé, victime de jeunes, en défendant son fils racketté la veille. Cette version a pourtant été fortement nuancée par l’enquête. Guy-Patrice Bègue et son beau-frère n’étaient pas venus à la gare, où afflue chaque jour plusieurs centaines d’élèves des lycées avoisinants pour parlementer, mais pour en découdre. Selon plusieurs témoins, ils auraient été armés de cutters. (…)
L’existence de cutters a été confirmée par un témoin. Une femme, chauffeur de bus, qui a redressé Guy-Patrice Bègue après sa chute pour le mettre en position latérale de sécurité, a assuré aux policiers avoir « vu un cutter près de lui. J’ai vu un jeune le ramasser« .
Les deux derniers paragraphes me paraîssent intéressants :
Trois mois après la mort de Guy-Patrice Bègue, les autorités policières et judiciaires portent un regard plein d’amertume sur les conditions dans lesquelles elles ont travaillé. Du côté des policiers, critiqués un moment pour leur manque de diligence dans l’intervention à la gare routière, on dénonce « la récupération politique inouïe » qui a été faite de la mort de M. Bègue. « Le contexte électoral était délétère et la pression énorme, explique une source policière. Tout le monde parlait à tort et à travers. Pourtant, les trois quarts des commissariats de France n’auraient pas fait aussi bien que nous dans l’enquête. » Un autre policier dénonce l’attitude des médias. « Vous allez voir qu’on va bientôt tomber dans l’excès inverse et dire que c’est bien fait pour les Bègue ! »
Le procureur d’Evreux, Jean Berkani, souligne également la responsabilité des journalistes dans l’ampleur prise par le fait divers. « Vous ne nous laissez pas le temps de la réflexion, du recoupement serein. Les seules pressions que je connaisse, c’est celles de la presse, qui veut nous arracher la vérité du ventre dès le premier jour de l’enquête.«
Analyse, réflexion, recoupements, justice. Certains préfèrent gesticuler dans les commissariats.
[merci reupp le scaleur]