Tarte-aux-fleurs
J’aurai dû m’y attendre. J’ai pu voir Mad Max 2 l’autre soir, c’était trop beau, il fallait bien que je le paie… J’ai donc subi le début de Un automne à New York aujourd’hui.
Donc, Richard Gere est un vieux de 50 berges qui rencontre Wynona Ryder, 25 ans, dont la mère, décédée, était une bonne amie de Richard Gere avant sa naissance. Ils couchent ensemble. Richard Gere a des remords au sujet de la petite différence d’âge et s’en ouvre à Wynona, qui trouve un argument imparable pour balayer cette réticence : elle est atteinte d’une maladie incurable (pas le SIDA, en Amérique c’est pour les pédés et les drogués), il lui reste un an au mieux. C’est donc une « histoire sans avenir ».
Quelques plans plus tard, elle fait un malaise, suivi d’une visite à l’hôpital. J’aurai dû parier.
Encore quelques plans plus tard, scène d’anthologie : Wynona Ryder déclame une ligne d’Emily Dickison (ED a écrit de nombreux poèmes qui se présentent en quatrains, mais un quatrain complet c’est encore trop long pour le spectateur moyen, j’imagine). Richard Gere la regarde avec des yeux ronds, il est restaurateur dans le film.
Lui : C’est du Dalaï-Lama ? (Non, je déconne, il dit pas ça..)
Elle : Parlons plutôt de toi. Pourquoi aimes-tu tant la bouffe ?
Lui, emphatique : « La bouffe est la seule chose qui nous nourrit vraiment… »
Elle : C’est de qui ?
Lui : De moi.
Plus tard il la trompe avec une pouffe. Elle le largue. Il pleure. Elle le reprend. A ce moment-là, Nita s’écrie, la rage au ventre : « Quelle conne ! »
Moi j’abandonne et je viens vous raconter.
Un autre quatrain d’Emily
It’s such a little thing to weep,
So short a thing to sigh;
And yet — by trades — the size of these
We men and women die!
C’est chose si infime de pleurer,
Si brève chose de soupirer.
Et pourtant par commerces de cette ampleur
Nous hommes et femmes mourrons !
Life — XCI. 1924
Et rappelez-vous : La bouffe est la seule chose qui nous nourrit vraiment…