« Les personnes qui vivent avec rapidité et précipitation perdent facilement le contrôle de leurs impressions et succombent à des émotions et à des motivations inconscientes. L’exercice d’un art quelconque (peindre, écrire, composer) leur ferait le plus grand bien, à condition toutefois de ne pas tendre à un but, mais de se laisser aller, librement et sans entraves, à leur imagination. Le processus autonome de l’imagination fait immanquablement remonter ces choses qui avaient franchi, en bloc, le seuil de la conscience. En un temps comme le nôtre, où les hommes sont quotidiennement assaillis par les choses les plus monstrueuses, sans pouvoir analyser leurs impressions, en un tel temps, la production esthétique devient un régime diététique. Néanmoins, tout art véritablement vivant sera irrationnel, primitif et complexe ; il utilisera un langage secret et léguera non pas des documents édifiants, mais des documents paradoxaux. »
— Hugo Ball, 25.11.1915