Des bombes sur le Cambodge

Des bombes sur le Cambodge

The Walrus : Bombs over Cambodia (inscription nécessaire)

« I want everything that can fly to go in there and crack the hell out of them. There is no limitation on mileage and there is no limitation on budget. Is that clear? »
&mdash Richard Nixon à Henry Kissinger, 9 décembre 1970

Cet article de Taylor Owen et Ben Kiernan est fondamental. En 2000, Bill Clinton a déclassifié un grand nombre de rapports de l’Armée de l’Air américaine comptabilisant les sorties sur le territoire indochinois (et le tonnage de bombes larguées) dans les années 1960 et 1970. Les chercheurs commencent seulement à rendre leurs conclusions : elles sont révoltantes. Une quantité de bombes jusqu’à cinq fois plus importante que l’on pensait jusqu’à présent a été lachée sur les campagnes cambodgiennes entre 1965 et 1973. Plus de 10% de ces bombardements peuvent être considérés comme « indiscriminés » (cible inconnue ou simplement non renseignée). « Cambodia may well be the most heavily bombed country in history. »

J’ai fait le tableau suivant, qui parle de lui-même :

  tonnes de bombes superficie (km2) population tonnes/ an tonnes/ an/ km2 tonnes/ an/ 1000 habitants
Japon 184 000 377 000 73 000 000 46 000 0,122 0,630
Allemagne 1 000 000 357 000 68 000 000 500 000 1,401 7,353
Laos 2 000 000 236 800 2 700 000 200 000 0,845 74,074
Cambodge 2 756 941 181 035 7 000 000 306 327 1,692 43,761

En premier lieu, ce que ces chiffres apportent, c’est un soutien à la thèse soutenue par Ben Kiernan, à savoir que les bombardements américains indiscrimés et massifs sur le Cambodge ont renforcés le soutien (jusqu’alors timide) de la population rurale aux Khmers Rouges, et peut-être même rendu l’arrivée au pouvoir de ceux-ci possible.

Guillermo a dit tout ce que j’aurai voulu dire, et en beaucoup mieux, donc voilà :
Le retour de la petite phrase (sur le prétendu dérapage du Pape)
L’argument du contournement (sur la carte scolaire) :

Ce qui ressort de là, c’est qu’aujourd’hui il n’est plus possible d’imposer du collectif. Ironiquement, c’est la critique égalitariste qui, retournée contre elle-même, sert à abattre les derniers instruments de l’égalité.

(Je publie celui-là tongue-in-cheek.)

« Un homme de hautes et rares facultés intellectuelles obligé de se livrer à quelque occupation purement utile est comme un vase précieux, orné des plus belles peintures, qu’on emploierait pour le service de la cuisine. »
— Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation

Details are Sketchy : Truth and Politics
John Pilger, réalisateur britannique, se souvient dans le Guardian de l’année 1980 :

« All those I met [in the USA] were eager to buy clips [of my documentaries] that showed how monstrous the Khmer Rouge were, but none wanted the equally shocking evidence of how three US administrations had colluded in Cambodia’s tragedy; Ronald Reagan was then secretly backing Pol Pot in exile. »

Il faut toujours être très prudent en ces matières, mais le Guardian dévoile une découverte médicale stupéfiante : le zolpidem, un somnifère léger (commercialisé de ce côté de l’Atlantique sous le nom de Stilnox et aux Etats-Unis sous celui d’Ambien), pourrait provoquer le réveil quasi-immédiat de plus d’un patient sur deux souffrant d’une certaine catégorie de coma. (Le zolpidem est produit par Sanofis-Aventis, mastodonte pharmaceutique français, et son brevet arrive à terme en 2007.) Un hypnotique banal qui réveille des patients considérés jusqu’à présent comme inguérissables…

Le bloggeur américain Jamais Cascio fait part de la découverte (à confirmer par de vraies études cliniques) et s’interroge sur les conséquences éthiques.

[via kottke]

Wired : The Ultimate Blog Post. Phrase de la semaine :

Creating your own blog is about as easy as creating your own urine, and you’re about as likely to find someone else interested in it.

New York Times : Five years of consequence. Un gros tableau synoptique de l’état de l’Amérique depuis le 11 septembre 2001. Les petites lignes à la fin sont très intéressantes : la durée de travail hebdomadaire moyenne aux Etats-Unis oscille entre 33.7 et 34 heures depuis cinq ans (tu me lis, ami sarkozyste ?). Les profits cumulés des entreprises sont passés dans le même temps de 700 milliards de dollars à 1700 milliards, tandis que le nombre de coupons alimentaires est passé de 17.3 à 25.7 millions (et que George Bush a pris trois kilos).