Le blues du businessman

Le blues du businessman

Il y a le rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) sur le MEDIATOR des laboratoires Servier. Pour les plus pressés, il y a la synthèse du rapport, fournie par le même organisme. Il y a l’introduction de la synthèse. Et, pour ceux qui voudraient aller au cœur du problème, il y a le deuxième paragraphe de l’introduction de la synthèse du rapport, d’une limpidité admirable et qui aborde tout de suite son sujet. Je ne résiste pas au plaisir de citer ce paragraphe dans son intégralité :

Le rapport est organisé à la fois autour des principaux temps de la vie du médicament et autour de l’analyse des principales responsabilités identifiées par la mission :

  • les laboratoires Servier qui dès l’origine du médicament ont poursuivi un positionement du MEDIATOR® en décalage avec sa réalité pharmacologique ;
  • l’Agence chargée du médicament, inexplicablement tolérante à l’égard d’un médicament sans efficacité thérapeutique réelle ;
  • le système de pharmacovigilance, incapable d’analyser les graves risques apparus en termes de cardiotoxicité du MEDIATOR® ;
  • enfin, les ministres chargés de la sécurité sociale et de la santé gérant avec lenteur les déremboursements de médicaments à service médical rendu insuffisant, aboutissant dans le cas du MEDIATOR® à des résultats inverses de ceux recherchés.

Ayons quand même une pensée charitable pour Jacques Servier, contraint de quitter le 11 février prochain les frontières de Neuilly-Sud ou Orléans-Centre pour se rendre au Tribunal Correctionnel de Nanterre, cette banlieue rouge, tâche de chienlit à l’ouest de la porte Maillot.

Home

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La saison des listes de fin d’année s’achève doucement, et avec elle son cortège inutile de récriminations contre l’inanité de la chose. A titre personnel, j’aime bien les listes de fin d’année, elles me permettent de synthétiser en quelques jours les albums (essentiellement) qui semblent plaire à plein de monde mais dont je n’avais pas entendu parler (ou malencontreusement oubliés aussitôt). J’ai beau me tenir au courant autant que faire se peut, il n’y a pas un top 10 un minimum exigeant en ce bas monde sans ses deux ou trois références totalement opaques pour moi.

En décembre et janvier, je rattrape donc mon retard.

Il y a les albums dans un genre qui me laisse complètement froid : le métal indé, la dark wave à la Fever Ray, le gangsta rap dessus du panier, les rock clubbers anglais sautillants et stupéfiés, les clones de Joy Division, la country alternative… Evidemment, tout ça reste de côté.

Mais il y a les choses plus dans mon registre, à savoir : la pop, la pop indé, le pop rock, l’électro-pop, la world pop, la pop « club » et le rap poppy. (En vieillissant, je me ramollis.) J’essaie donc d’écouter ce qui rentre dans ces catégories.

C’est tous les ans une surprise déconcertante : j’y trouve 90% de choses qui sont pour moi sans intérêt, tout en étant dans mon créneau et parmi les listes de pleins de gens recommandables. Je ne comprends pas ce que l’on trouve à Animal Collective (l’année dernière), ou Yeasayer, ou Best Coast, ou Caribou, ou Robyn, ou Sleigh Bells. Pourtant, j’essaie de m’y immerger avec honnêteté. Je peux comprendre qu’on s’enthousiasme pour le dernier Arcade Fire ou pour Janelle Monaé, qui ne sont pas dans ma sélection, mais ces exemples et quelques autres me dépassent.

Qu’on ne m’interprète pas mal : cela m’est complètement égal de ne pas appartenir à la majorité de mes camarades branchés-indés (qui n’est elle même qu’une infime minorité des consommateurs de musique), mais il y a quand même quelques très bons albums qui passent en conséquence assez inaperçus. Bref.

En revanche, il y a évidemment les bonnes surprises, comme Glasser, dont le premier album Ring tourne beaucoup, avec ses chansons malines et audacieuses, surprenantes en un mot, toujours sur une crête indéfinie entre l’électronique et l’acoustique. Ca évoque juste ce qu’il faut pour plaire quelques précédents chers à mon coeur, comme le Debut de Björk ou les meilleurs moments de Kate Bush, mais avec suffisament d’originalité dans l’écriture et la production pour confirmer que cela vaut plus qu’un simple hommage.

Du coup, Glasser est grimpée directement dans ma propre liste de fin d’année, à retrouver ici dans quelques jours. Cela faisait un moment que mon top n’avait pas été aussi évident à faire.

Two musical epiphanies in the same day

Two musical epiphanies in the same day

Alex Ross : Unlived Memories

« After playing Chopin, I feel as if I had been weeping over sins that I had never committed, and mourning over tragedies that were not my own. Music always seems to me to produce that effect. It creates for one a past of which one has been ignorant, and fills one with a sense of sorrows that had been hidden from one’s tears. I can fancy a man who had led a perfectly commonplace life, hearing by chance some curious piece of music, and suddenly discovering that his soul, without his being conscious of it, had passed through terrible experiences, and known fearful joys, or wild romantic loves, or great renunciations. »

— Oscar Wilde, « The Critic as Artist »

FluxBlog : Children by the millions

“Alex Chilton” is, of course, about Alex Chilton of Big Star. Or really, it’s about being a fan, and imagining an artist as this larger-than-life figure. In Westerberg’s mythology, Chilton isn’t an obscure figure on the fringe of rock history but instead a beloved pop icon on par with the Beatles. It’s a song where the real world doesn’t matter half as much as one man’s personal passion.

Intégration

Intégration

Ad Virgilium : Intégration

La moitié de ma famille vient d’Algérie. Dans mon entourage, tout le monde parle parfaitement français, mieux même que certains Français de souche (si tant est que cette expression ait un sens) à commencer par le Président de la République lui-même. (…)

Et vous savez quoi ? L’intégration a fonctionné. Sur ces sujets, les valeurs et les mœurs occidentales ont largement pris le pas sur la culture originale de ces populations. Ce n’est pas étonnant : beaucoup (moi le premier) sont allés dans les écoles publiques françaises et ont donc reçu la même éducation laïque et républicaine que n’importe quel autre citoyen.

Le Monde devra répondre un jour de ce titre en Une. On aimerait bien un constat aussi intransigeant sur l’intégration de la bande du Fouquet’s dans la société française.

Les méthodes du laboratoire Servier

Les méthodes du laboratoire Servier

Cela fait plus de dix ans que j’attends un tel dossier sur le laboratoire Servier, deuxième groupe pharmaceutique français. Il est dommage qu’il ait fallu attendre les 500 morts du Mediator (hypothèse conservatrice), sans compter les dommages sur la santé mentale des salariés (de mauvais esprits pourraient prétendre que France Télécom, c’est gentillet à côté) :

Les méthodes de l’ombre du labo Servier
La technique de l’intimidation
L’avocat [Nicolas] Sarkozy, conseiller « historique » de Servier (avec Raymond Soubie)
Jacques Servier, homme à flammes
Un labo dopé aux politiques

Jacques Servier habite à Neuilly-sur-Seine (92) depuis plusieurs décennies et, il y a une douzaine d’années, son bureau au sein des laboratoires Servier se trouvait dans les locaux de l’entreprise dans cette ville (son siège social officiel se trouve à Suresnes (92)). J’ignore si cela a changé depuis ; j’en doute.