[C5] 001 / Emiliana Torrini :: Baby Blue
Comme son nom ne l’indique pas, Emiliana Torrini vient d’Islande, pays des geysers, de Gus Gus, de forces telluriques prêtes à jaillir de la surface des terres, et de Björk – tout cela formant une variation d’à peu près la même chose. Pour son premier album arrivé jusqu’à nos rivages, le trip-hopisant Love in the time of science, sorti en 1999 (nos cultivés lecteurs auront remarqué que Garcia Marquez y a raté d’un mot quelques droits d’auteur), cette jeune femme fort séduisante a eu la remarquable (au sens de "à souligner") idée de se faire produire (et c’est tout) par l’ineffable Roland Orzabal, ex-moitié chevelue de Tears for Fears, cette quintessence néo-romantique eighties qui a réalisé la surprenante performance de classer deux ou trois bons morceaux dans le Top 50 de notre jeunesse. Depuis la dissolution de son groupe, ce grand monsieur tente laborieusement de réaliser une carrière solo (dont personne n’a entendu parler) et de se convertir producteur, rôle dans lequel il gagne en considération ce qu’il perd en notoriété, alors même que – ironie de ces temps troublés – Depeche Mode, groupe de la même époque, non moins ridicule et encore plus mauvais puisque n’ayant commis aucun single salvateur, que Depeche Mode donc, bénéficie d’un retour en grâce auprès du public de ce nouveau millénaire que seuls mes sentiments chrétiens m’empêchent que qualifier de posthume (le retour en grâce, pas le millénaire). Fallait prendre plus de drogues, Roland.
Mais revenons à la chanson. Sur de jolies envolées de cordes, la belle Emiliana pose sa voix nordique et nous raconte une histoire à laquelle je n’ai rien compris. Tout au plus le titre laisse-t-il supposer qu’il y est question de mélancolie ("blue"), et la musique le confirme. L’important restant quand même ce refrain au charme magique, qui semble venir de chez les anges, et dont la mélodie est plus explicite que tous les mots possibles. Une bien belle chanson pour démarrer, aux arrangements raffinés et réussis (merci Roland). Et puis si elle figure ici, c’est aussi parce qu’elle m’a portée (vraiment) chance l’autre fois, et je vous voulais vous faire partager ce petit moment de joie.
Emiliana Torrini : www.emiliana.nu