Compilation n°7

A chaque fois tout recommence

Toute musique me saisit

Et la plus banale romance

M’est l’éternelle poésie

(Aragon)

J’aime bien ce petit suspense entre chaque épisode, je vous imagine fébriles : « Quels seront les trois prochains ? Y aura-t-il Interpol ? Las Ketchup ? » Bon, les pochettes sont achevées (avec la tracklist complète) mais je ne les mettrai en ligne que lorsque tout sera fini. Je ne vais pas gâcher mes petits plaisirs.

07. Dominique A – En secret

“Je crachais sur hier Comme pour dire « ça va mieux » Mais c’est dur en crachant D’éteindre un feu”.

La carrière de Dominique A fut chaotique mais on tient enfin son chef-d’œuvre en la forme d’Auguri, son inépuisable dernier album. Certes il faut aimer la retenue des effets, la ciselure des textes et la calvitie des chanteurs. Mais l’on est alors abondamment récompensé : ce que Dominique A a abandonné à ses contemporains en arrangements, en préciosité et en coupage de cheveux en quatre, il l’a investi dans une écriture unique, sobre et puissante, élégante et malicieuse (la reprise des Enfants du Pirée de Dalida), énergique et adulte. En bref, c’est léger et intelligent, et d’ailleurs c’est ma médaille d’argent.

08. Rufus Wainwright – La complainte de la butte

Avec son style chanson réaliste et son parfum Années Folles, la complainte est une petite supercherie anachronique. C’est un joli à-la-manière-de datant de 1955 écrit — excusez du peu — par Jean Renoir pour son film French Cancan, et un grand tube de l’après-guerre.

Qui d’autre qu’un montréalais jeune et insupportablement doué (ça me rappelle quelqu’un) pouvait en réussir une reprise 50 ans plus tard, parvenant à conserver cet aspect faussement vieillot et sans sombrer dans la guimauve ? Pas Bruel malheureusement. Les deux albums de Rufus Wainwright sont encore mieux, mais je n’allais pas vous priver du plaisir intense de les découvrir dans leur entièreté, n’est-ce pas ?

Cette interprétation figure sur la bande originale du film Moulin Rouge.

[et ici aussi] [et merci à tehu]

09. Jeanne Moreau – Embrasse-moi

Restons dans le cinématographe avec la chanson du film Peau de Banane de Marcel Ophuls, présente sur l’album du même nom (qui reçut un prix de l’académie Charles Cros) et écrite par Bassiak, comme le Tourbillon.

Mais tout cela n’a guère d’importance : lorsque l’on écoute Embrasse-moi, on a envie de passer à l’acte, de poser ses lèvres sur les bouches de toutes les jolies filles, d’attendre Madeleine devant le tram 33, d’aller à la chasse aux papillons, la vie toute entière absorbée par cette affaire, d’emmener Ada dans les sous-bois, un joli rire de cristal, les soeurs Lisbon et Angela Chase, un français c’est souvent sentimental, tout ça, tout ça.

[chanson redécouverte grâce au générique d’un certain site]

Grille d’Égout (ainsi nommée à cause de ses dents de devant fortement espacées), Camélia dite Trompe-la-Mort, la Glu, Cri-Cri, Vol-au-Vent, Lili-Jambes-en-l’air (qu’il ne faut pas confondre avec Nini-Pattes-en-l’air), la Môme Fromage, la Vénus de Bastringue, Rayon d’or (une grande rousse en forme de flamme), Demi-Siphon (Jeanne Faes qui se tuera en faisant le grand écart), Muguet la Limonière, Églantine, Jane Avril (La Mélinite), Sauterelle (grande, mince, sèche, avec des pas savants, une « intellectuelle« ), Cléôpatre, Cascadienne, Cha-U-Kao la clownesse, Pâquerette, Torpille, Galipette, Gavrochinette et… la scandaleuse Goulue.

Hé !

Les filles.

Hier j’ai vu Hugh Grant.

En vrai.

Même qu’il est encore plus mignon qu’au cinéma.

Mais c’est moi qui l’ai vu.

Allez, on se reprend mesdemoiselles, retournez à vos ouvrages.

(Le Producteur, à la salle : Ladies and Gentlemen, thank you from the heart for being there tonight in Paris. I’m very proud of this movie, and I’m very proud of having an excellent actor in it, mister Hugh Grant. It’s the fourth movie we’ve done together, and I think this is our best to date, this guy is better than ever.

Hugh Grant, officiant comme traducteur : Silence, puis : « J’ai une petite bite. »)

Le Monde : La sexualité des handicapés sort difficilement de la clandestinité

« La solitude du corps pèse trop lourd« , confie René-Paul Lachal, tétraplégique et directeur de recherches au CNRS. Bientôt à la retraite, il craint de perdre son autonomie financière, de ne plus avoir les moyens de payer un assistant de vie. Il passe ses nuits, sur son lit anti-escarres, à imaginer sa vie de célibataire en foyer. « J’ai récemment demandé à mon médecin s’il serait d’accord, le moment venu, pour m’assommer de neuroleptiques. Afin de supprimer mon stress et tuer ma libido.« 

Compilation n°7

04. Beth Orton – Daybreaker

Les rencontres des Chemical Brothers avec Beth Orton nous ont toujours ravies, celle-ci constituant peut-être même le sommet de l’album Daybreaker. Injecter une rythmique digne du meilleur r’n’b américain dans les compositions folk équilibristes de la demoiselle était un pari osé et inattendu, pourtant joliment réussi.

C’est pas tout ça, mais on dit Bette ou Beffe, alors ?

05. Chokebore – Little Dream

L’emo-core vénéneuse de Chokebore prend des allures de chef-d’oeuvre mélancolique avec leur cinquième album It’s a Miracle. Tous unis derrière les quatre hawaiiens, nous disons clairement non à la ségrégation des grosses guitares d’avec les grands sentiments. Nick Drake n’a pas le monopole des larmes !

06. Serge Gainsbourg – Les femmes c’est du chinois

Comment reconnaître un con ? Il n’aime pas Gainsbourg.

Cette chanson, c’est une pensée pour celle qui se reconnaîtra ; et pour les autres c’est (peut-être) la découverte d’une des périodes les plus exquises du chanteur, le moment de l’histoire de l’art (mineur) que tous les adolescents complexés devraient avoir en mémoire : merde, bientôt ce type persuadé d’être moche va coucher avec deux des plus belles femmes du monde… grâce à son cerveau.

J’vais t’en refiler, d’la série noire

Quand je me rends à Lille chez mon ami Vince, alias Bobinou-d’Ameuuur, on se lance dans la création à tristique.

Envoyez au lit femmes et enfants, voici la terrifiante superproduction des V&M Studios : la bête sauvage, le fime.

Scénario et mise en scène : Manur ; Montage et post-production : Vince ; starring : Vince.

Le Monde : Momo, Mara, Gérald… prostitués.

Faut être honnête, c’est pas un métier. Psychologiquement, c’est dur. On se rend compte qu’on est quand même une marchandise, toujours à disposition. Il y a des jours, on espère que ça ne marche pas. Surtout qu’une passe masculine, c’est un acte sexuel entier. Pas dix minutes derrière un arbre. Une femme, il lui faut de la qualité. Je prenais dans les 120 euros de l’heure, mais c’était une base. On regardait pas au quart d’heure près. On n’est pas des goujats !

Le reste est moins drôle, évidemment.

anglais »>Elisez le saint patron d’internet !, et c’est une véritable enquête reconnue par le Vatican.