Robert Fisk (The Independent) : Don’t Say We Were Not Warned About This Mess

An American commentator, Rosie DiManno, wrote this week that in Iraq « There’s also the other cost, the one measured in human lives… one American a day slain since Bush declared the major fighting over. » Note here how the blood of Iraqis–whom we were so desperate to liberate six months ago–has disappeared from the narrative. Up to 20 innocent Iraqi civilians a day are now believed to be dying–in murders, revenge killings, at US checkpoints–and yet they no longer count.

C’est ce que l’on pourrait appeler le véritable Syndrome du Viêt-Nam.

La manif qui ne sert à rien

La manif qui ne sert à rien

La FlashMob d’hier soir (ouverture de parapluies sur le parvis de Beaubourg — un soir de fermeture malheureusement… — et ronde incantatoire au pied du pot de fleur doré) était sympathique, amusante même. Il y eu une tension palpable dans l’air, aux alentours du point de rendez-vous d’abord, puis sur le lieu de l’évènement ensuite, avant qu’il ne commence. Chacun se dévisage, échange des sourires complices avec les autres porteurs de parapluie, vérifie sa montre.. et puis ça démarre et c’est trop court, c’est déjà fini. D’après ceux qui étaient présents au Louvre la semaine dernière, c’était aussi un peu moins excitant et rythmé, même si le choix d’un véritable lieu public a offert à l’évènement une audience bienvenue.

Il n’empêche. Je ne sais précisément formuler quoi, mais quelque chose me dérange franchement dans l’amassement des journalistes blasés : les photographes quadragénaires avec Leica mais-qui-s’habillent-encore-jeune-parce-que-c’est-dans-la-tête-tu-vois, les cheveux-longs-janson-de-sailly-fac-de-lettres avec carnet de notes &laquo saluheu tu connaîtrais pas les organisateurheus c’est pour Technicartheuu ? », les caméramans acoquinés avec — paraît-il — Laurent Ruquier, les poses pour la photo de presse, sans parler de l’atmosphère de mystère hautain qui entoure l’évènement : ceux qui reconnaissent un organisateur, on ne sait pourquoi ni comment, ceux qui parlent d’une « boîte » derrière tout ça, mais ne veulent pas en dire plus, ceux qui notent la présence de policiers en civil mais, fidèles à leur réputation grandissante, éludent hautainement la question lorsqu’on leur demande des précisions, pour ensuite annoncer des dissensions dans l’équipe organisatrice, sans aucune preuve ni même argumentation convaincante. Etc.

(Encore que je n’ai absolument rien contre la présence de journalistes, d’ailleurs, mais à ce moment-là, qu’ils viennent pour participer ! « J’ai participé à des FlashMobs », avec description du vécu de l’évènement, ça aurait déjà un peu plus de « gueule ».)

Ce mystère en rond-de-flanc, cette franc-maçonnerie de sous-préfecture, est au final assez grotesque. Messieurs des ParisMobs, révélez votre identité, choisissez des lieux moins photogéniques, égarez les journalistes, communiquez par SMS, en définitive… soyez plus fins.

Cette mode (c’en est une) ne va probablement pas survivre à l’arrivée de l’automne. Faites nous profiter du phénomène tant qu’il dure, rendez-le inoubliable !

Mise à Jour 04.09.2003 : Après « enquête », la réponse à la question « Comment sais-tu que les forces de l’ordre étaient présentes en civil ? » était : « J’ai vu des gens avec des talkie-walkies. » De la bombe, de quoi faire sauter dix fois la République !

J’aurai la charité de ne pas rechercher d’explications à ces grands airs de conspirateur.

« Tous les phénomènes de mode convergent vers une constatation élémentaire : la mode ne produit ni des objets ni des faits, mais seulement des signes : des points de repère auxquels une collectivité se rattache. La seule question est alors celle-ci : pourquoi a-t-on besoin de ces signes ? Ou, si l’on préfère : ne peut-on les chercher ailleurs ? »

— Georges Perec, Douze regards obliques