Iokanaan et Phersu (découvert grâce à Chryde et Fandor, et tout-à-fait passionant) ont récemment évoqué les jeux de rôles, et les weblogs d’auteurs de jeux de rôles qui prennent actuellement une ampleur fascinante dans le monde anglo-saxon, tant ces gens émettent d’opinions intéressantes dans un domaine qui sort à peine de ses prémisses, et dans lequel je n’ai jamais rien vu d’approchant en français.

Dans cet esprit, j’aimerai signaler The Forge, un riche forum sur les jeux de rôles « indépendants », c’est-à-dire propriétés de leur auteur, par opposition aux jeux d’éditeur. Ce forum est accompagné de deux importantes sections « articles » et « reviews ».

D’un intérêt particulier (mais probablement pas unique, je n’ai pas encore tout exploré), on trouve le forum consacré au modèle GNS (développé par l’un des fondateurs du site) qui, pour la cause de l’analyse, sépare les groupes de joueurs et les manières de jouer en trois catégories, généralement exclusives :

  • les « Gamistes » (par défaut d’une meilleure traduction), qui tirent leur plaisir de la recherche d’une victoire, contre les autres joueurs, contre le Gardien, ou même parfois contre le système de jeu,
  • les Narrativistes, qui s’emploient à créer une histoire et à rechercher les sources de conflit narratif dans cette histoire,
  • et les Simulationistes, la catégorie historiquement et commercialement la plus importante, qui pratiquent prioritairement l’Exploration des ressorts de leurs personnages, du contexte socio-historique, de la situation (jeux d’enquêtes), ou encore parfois du système, grâce aux mécanismes du jeu

Rassurez-vous, ce n’est pas une énième apologie de Vampire ou une descente en flammes stériles du Basic Roleplaying System de Chaosium. D’ailleurs, ces catégories ne correspondent pas, respectivement, à un système où le contexte est sans importance, à un système sans éléments de hasard (l’auteur encourage l’intervention du hasard comme guide dans un jeu Narrativiste), ou à un mécanisme poussant le réalisme à des limites pénibles.

Le but de ce modèle est d’encourager les concepteurs de JdR à établir l’axe suivant lequel ils ont l’intention de déployer leur création, et d’établir ses mécanismes de fonctionnement en conséquence. Les deux thèses complémentaires et subversives de l’auteur étant que « Le système importe » car « Le système universel qui convient à tous les thèmes et tous les styles de jeux n’existe pas ».

Les implications du modèle sont extrêmement intéressantes et prometteuses en terme de développements futurs, ainsi que de compréhension théorique de pourquoi tel ou tel système (ou tel ou tel aspect d’un système) a toujours semblé mal conçu sans la raison en soit claire.

Cependant tout cela demande un cerveau attentionné et en bon état de marche ; je remets le reste de ma lecture à demain.

Les National Archives étatsuniennes : When Nixon met Elvis. Documents d’archives et images formidables.

Preseley indicated that he thought the Beatles had been a real force for anti-American spirit. He said that the Beatles came to this country, made their money, and then returned to England where they promoted an anti-American theme. The President nodded in agreement and expressed some surprise.

Déjà à l’époque, Give peace a chance était « anti-Américain ».

The Observer : Soap and Charity

Pour faire passer des messages de prévention dans les pays en voie de développement, les organismes humanitaires financent des « soap » locaux mettant en scène des problèmes importants.

THE BBC’s latest medical drama, Taste of Life, may prove to be one of the most important programmes in the corporation’s history. Set in a busy hospital with a young cast of sexually active doctors and nurses, it doesn’t exactly sound ground-breaking, but former EastEnders producer Matthew Robinson reckons his new soap has the potential to change lives. Taste of Life, you see, isn’t set in a fictional town in the South-West or an inner London teaching hospital, the drama unfolds in Phnom Penh and isn’t meant just to entertain, it is designed to save viewers’ lives.

Le Cambodge est l’un des pays d’Asie les plus touchés par le Sida, et l’information sanitaire n’est pas toujours au niveau de ce qu’elle est en Europe. L’idée est de transmettre des messages de prévention à travers le divertissement, et de toucher ainsi toute une catégorie de population difficile à atteindre par des campagnes de communication sanitaire classiques.

Taste of Life isn’t just Cambodia’s first soap, it is one of the few stories Cambodia has told about itself for a generation. The country has been too occupied rebuilding its infrastructure after years of civil war to have devoted many of its resources to the arts and Robinson has had to recruit straight from the universities, employing graduates from all subjects to be writers, costume designers, prop-buyers etc. Taste of Life’s legacy, like that of other edutainment vehicles, may not just be improvement in HIV infection rates or infant mortality statistics, it will be the creation of a skills base from which the Cambodians can forge their own industry. And that could give voice to stories that might otherwise go untold.

Vivant dans un univers de profusion culturelle, j’ai toujours été peiné de constater que les cambodgiens grandissent dans un pays où deux seuls sujets (extrêmement dignes d’intérêt, évidemment, mais de peu d’utilité pour la construction d’une image de soi positive et respectueuse de l’autre) forment presque toute le référent culturel : les temples Angkoriens et la dictature polpotienne.

Mais les choses changent, lentement.

[via webbed feet]

La nouvelle édition du jeu de rôle Paranoia est sous presse et devrait sortir aux Etats-Unis et au Royaume-Uni dans les jours qui viennent. Un communiqué de presse revient sur l’écriture de cette nouvelle version du jeu orwellien le plus délirant de l’histoire — au succès impressionant des deux côtés de l’Atlantique dans les années 80 et 90. Il souligne notamment les apports du weblog, du forum et du wiki utilisés par les auteurs durant la rédaction pour dialoguer avec les fans hardcore du jeu :

« The project succeeded beyond my wildest hopes. The [wiki] produced the largest stable of talented writers Paranoia has ever enjoyed. » [Paranoia XP’s author] Varney has informally organized the best writers as the « Traitor Recycling Studio, » to collaborate on the next few Paranoia supplements using — yes — a wiki.