Long time no Pogo ! Thanks The Go! Team.
Et il faut écouter le Pull Shapes des Pipettes, craquante première partie.
YouTube (musical) Fun :
– dEUS – Roses (trop énorme)
– Elis Regina – Aquas de marco (elle était jolie, Elis)
– Björk – Pagan Poetry (live) (avec le choeur esquimau et dans une église)
– Björk – Where is the line ? (vidéo alternative amateur faite avec des Sims)
– Smoosh (live avril 2006) (un morceau du nouvel album — j’aime bien la voix plus assurée d’Asya)
– Trachtenburg Family – Mountain trip to Japan (qu’est-ce que c’était bien…)
– Rachel Stevens en veut à vos testicules (mais d’autres fois elle dit never again)
On va me croire encore sous le coup du traumatisme, ou devenu monomaniaque, mais non, le blog de Ron l’infirmier est juste extrêmement bien écrit et parfaitement émouvant.
Judas Priests
Tout ce que cet hémisphère compte de gens intéressés par les religions chrétiennes est fasciné par cette nouvelle récente : la restauration et la publication d’un manuscrit copte (c’est à dire chrétien égyptien) du IIIe ou IVe siècle présentant un texte apocryphe inédit : l’Evangile de Judas. On raconte même qu’à cette nouvelle, Dan Brown a fait pipi dans son pantalon, juste avant de décider du synopsis de son prochain récit : le héros découvre un papyrus avec le mot “SαDVJ” et passe quatre cents pages avec cinq chercheurs BAC+18 du M.I.T. et un superordinateur Cray afin de découvrir ce que recouvre ce mystérieux mot de passe. Heureusement, une experte latiniste agent du NKVD passe par là en mini-jupe moulante et se souvient page trois cent quatre-vingt dix-huit que le U et le V sont la même lettre, en Latin.
J’explique rapidement, pour ceux qui seraient un peu perdus : à partir de la mort du personnage historique de Jésus (aux alentours de l’an 33 de notre ère) — un rabbin très réformiste et très charismatique — des tas de communautés qui se revendiquent de son enseignement se forment et se disséminent un peu partout sur le pourtour oriental de la Mediterranée. Fait notable, les Juifs y cotoient des Gentils, citoyens d’un Empire Romain au début d’une longue décadence et attirés par le monothéisme (nouvelle mode qui a le mérite de simplifier les pratiques religieuses et « d’humaniser » un peu le divin), le tout sans leur imposer la douloureuse et dangereuse épreuve de la circoncision. Les années passent et s’ajoutent à la distance géographique : chaque groupe éprouve le besoin de transcrire « sur papier » sa vision de Jésus et de son enseignement, et pour donner du poids à celle-ci, de la placer sous le patronyme d’un proche du Christ, devenu presque aussi mythique que son mentor. C’est ainsi qu’en trois siècles on voit apparaître une quarantaine d’Evangiles (« Bonnes Nouvelles », autrement dit manifestes d’un message de Dieu aux Hommes, et appel à la conversion), dont une vingtaine sont parvenus au moins partiellement jusqu’à nous, celui « attribué à » Judas étant le dernier en date.
Lorsque le courant instauré à Jérusalem par Pierre, « premier pape », et dans toute l’Asie Mineure et jusqu’à Rome par Paul, le romain converti, commence à dominer les autres et à se structurer dans tout l’Empire en ce que nous appellons une Eglise (dont descend directement aujourd’hui l’Eglise Catholique Romaine), il apparaît nécessaire de s’accorder sur un « Canon » : un ensemble de textes à peu près convergents qui pourra former un dogme commun à tous les chrétiens. Car tout cela a sérieusement divergé, et ces oppositions toujours renouvellées nourriront l’histoire du christianisme jusqu’à aujourd’hui. L’élaboration de ce Canon, que nous appelons le Nouveau Testament, est un long processus qui passe par un monsieur nommé Marcion, un évêque de Lyon nommé Irénée, se stabilise au IIIe siècle (notamment avec le Concile de Nicée de 325) et n’aboutit définitivement qu’en 1546 (!) avec le Concile de Trente. Surtout, il ne compte que quatre Evangiles : Matthieu, Marc, Luc et Jean, aucun d’entre eux n’ayant probablement été réellement rédigé par le personnage qui les nomme. Tous les autres sont considérés trop anecdotiques ou surtout trop hérétiques pour le dogme. Ce sont des textes « apocryphes ».
Retour à aujourd’hui. Un Evangile selon Judas, c’est d’abord l’occasion donnée à celui que l’on considère depuis 2000 ans comme le plus grand traître de l’Histoire avec Brutus de justifier son acte. Et effectivement, on y découvre un Judas expliquant être le disciple favori de Jésus, le seul à avoir réellement compris son enseignement, et s’étant résolu à trahir son maître (en le désignant aux soldats romains venus l’arrêter) à sa demande, afin de permettre à la crucifixion et à la résurrection de s’accomplir, et donc au message de Dieu d’être entendu. Un retournement de situation très post-moderne… et une thèse pas complètement nouvelle à laquelle d’autres sont aussi parvenus : après tout, si Dieu est omniscient…
Les chrétiens ne s’inquiètent pas trop de la découverte, de la reconstitution et de la traduction de ce texte, à juste raison. L’Evangile de Judas est cité pour la première fois par Irénée vers 180, et la copie retrouvée n’est pas antérieure à 220. En conséquence, les quatre Evangiles canoniques (ceux de la Bible) restent, selon à peu près tous les chercheurs, les plus anciens, et donc les plus dignes d’une éventuelle confiance sur ce qu’ils pourraient nous révéler du Jésus historique (si une telle confiance est possible ou même un critère pertinent). En réalité l’Evangile de Judas est surtout un éclairage fascinant sur la secte proto-chrétienne qui l’a rédigé et en a fait son étendard spirituel, groupement affichant une doctrine gnostique (et que l’on appelle aujourd’hui une « secte » uniquement parce que le catholicisme a « gagné », du moins jusqu’à Luther).
Les gnostiques de l’époque ne sont pas sans rappeler les new-age contemporains : selon eux, le Dieu créateur du monde et de la matière est un être malfaisant. Le véritable « Bon Dieu » se trouve en chacun de nous : « Gnose » signifie en grec une connaissance intérieure et profonde, qui ne peut s’atteindre par l’apprentissage mais relève au contraire d’une Foi intime. C’est par l’ascèse et le rejet du monde matériel que l’on peut atteindre ce Dieu véritable. Les anti-religieux ont fréquemment reproché à l’Eglise sa morbidité et son culte de la souffrance (Saint Sébastien, la flagellation…) mais l’on mesure là l’absolutisme impressionant de ces groupements gnostiques (dont certains réfutaient le monde matériel en allant jusqu’à proner la castration) — égalé aujourd’hui seulement par les doctrines bouddhistes les plus sévères —, tandis que Rome nous a donné sans sourciller les moines brasseurs de bière, la polyphonie ou l’explosion esthétique Baroque, par exemple. Toutes choses bien ancrées dans le plaisir d’une vie vécue sur Terre, même si la crainte de Dieu n’était pas une option.
L’histoire du manuscrit de l’Evangile de Judas est presque aussi passionnante que l’impact du texte lui-même. Il est possible d’en apprendre plus sur tout ça sur le site de la National Geographic Society, très bien fait et offrant une traduction en Anglais (PDF) de ce document exceptionnel. Ce genre de découverte n’arrive pas tous les jours…
C’est grosso modo génialissime : Super Mario en vrai (gros fichier WMV).
5 minutes jubilatoires qui vous éviteront peut-être de perdre deux heures à l’autre adaptation d’un jeu vidéo du moment, que le bouche à oreille semble considérer comme pauvre.
[via Chryde]
Wes Anderson ! American Express ! Ad !
…Watching it a second time ! …looking closely at the banana !
(merci Pradoc)
Dans sa plus belle chanson, Le Forestier était tombé « amoureux de tout un pensionnat » de jeunes demoiselles lisant Audiberti. Aujourd’hui, une ribambelle d’associations familiales ou féministes lui tomberait dessus, mais c’était une autre époque.
Dans cette perspective légaliste et ségoléno-royaliste, j’ai été plus prudent et je suis tombé amoureux d’un complet service d’infirmières, majeures et vaccinées. Ah, mesdemoiselles, mon cœur se serre chaque fois que je pense à vous toutes, qui n’êtes séparées de moi que par un fleuve ridicule et un Ministère des Finances. Une sorte de curieux Syndrome de Stockholm, pourrait-on dire, si j’avais peur des piqûres…
Dans leur numéro 543, sorti en théorie hier (mais en réalité, du moins à Paris, aujourd’hui), les Inrockuptiques proposent un excellent dossier malheureusement intitulé « Les 50 meilleurs blogs ». Pour commencer, nous sommes d’accord, ce qualificatif prétentieux est grotesque.
MAIS Chryde a pas mal travaillé sur ces huit pages, et je peux vous assurer que la sélection est excellente (engadget, tourgueniev, boingboing, said the gramophone, david byrne, 404brain, lisa mandel, eolas…) et que les commentaires qui accompagnent chaque blog mis en valeur sont fréquemment remarquables. (Oui, je viens de dire du bien des Inrocks. Une fois n’est pas coutume.)
Et puis dans un brillant encadré, Chryde a tenté de situer l’état d’esprit de son weblog après cinq ans d’activité. Je m’y retrouve tellement que je ne peux m’empêcher de citer un gros passage :
Aujourd’hui ce genre [de blog] cherche sa place dans un monde presque trop riche pour lui. Il est entré dans une routine mortifère, comme si sa recette d’origine, une dissolution discrète de ma petite personne et de ma petite vie dans des écrits spontanés et volatils, était aujourd’hui devenue la formule de son poison.
Qui veut d’un blog qui parle de tout et de rien alors que se créent chaque jour des blogs spécialisés dans tout ? Que puis-je me permettre d’écrire alors que ma mère le suit et qu’il déborde quelques fois sur mon boulot ? Puis-je m’autoriser à n’avoir rien à dire sur le CPE qui vaille le coup d’être dit là ? Quelle posture adopter alors qu’on attend aujourd’hui de moi de correspondre à une image ?
Moi aussi, je n’avais rien à dire et pas vraiment d’avis pertinent concernant le CPE aux débuts, mais (mon voisin de chambre à l’hôpital ayant la garde de la télécommande) trois semaines de JT de 20h de TF1 imposé m’ont rendu farouchement anti. Je savais la chaîne proche du gouvernement, évidemment, mais j’ai été impressionné par l’absence toute berlusconienne de subtilité dans le déploiement de propagande et dans les choix sémantiques et éditoriaux.
Et puis aussi, c’est merveilleux de revoir Roses ou Via en live, comme ça, après toutes ces émotions, décibels et projecteurs, vous pouvez pas savoir. Mauro est presque aussi divinement charismatique que Tom, en plus. Enfin, à sa manière plus distante.
Demain, on parle de Judas. En attendant, écoutez le Spinto Band. Oh yeah.
Bomb the blogosphere
Je suis de retour à la maison depuis deux semaines, et je trouve peu de motivation à relancer ce weblog. Ce qui m’apparaissait comme une grande agora de partage il y a six ans (une naïveté bien tarte-aux-fleurs, je l’admets, mais à l’hôpital j’ai bien réalisé à titre de réeducation fine et non sans fierté un cache-pot en macramé), un espace de potlach donc, pour parler comme Marcel & Guy-Ernie, ne s’est révélé être aujourd’hui qu’un vaste exercice égotiste, un manuel de self-marketing à l’usage des jeunes générations, pour parler comme Raoul. La forme contient évidemment dès l’origine sa part inévitable de mise en scène, mais un peu de distance et d’ironie n’ont jamais tué personne. C’était bien la peine de se gausser autant de la grosse tête de l’autre Belge-d’Or, si l’on a laissé Max, Nick, Le Meur, Gloagen et Ginisty devenir les vedettes onanistes, et surtout les modèles de ce que la publication personnelle avait à offrir.
Dans ce contexte, j’adore le t-shirt de Marten (c’est bien Marten ?) dans ce strip #604 de Questionable Content, par ailleurs l’un des plus hilarants depuis que je suis la série (Music+Science=Sexy, ça c’est sûr).
Le retour, même limité, de Canclaux est cependant une nouvelle réconfortante. Cela manque tout de même, ces rappels réguliers que des diaristes formidables comme Eva (Regards Solitaires) écrivent toujours. Félicitations, madame.
Mais maintenant, déblatérons, puisque ceci est avant tout un weblog.
J’ai souffert ces trois derniers mois du Syndrome de Guillain-Barré. Cet autre document de quelques pages est encore plus complet, mais je vous déconseille de cliquer sur ces deux liens, ce sont des lectures particulièrement rébarbatives.
En revanche, cette expérience et surtout les échanges que j’ai pu avoir avec le personnel de l’Assistance Publique me permettent de dire quelques mots au sujet des cris d’orfraie poussés à l’annonce récente de la recommandation du Conseil National de la Chirurgie de fermer les blocs opératoires réalisant moins de 2000 actes par an (document PDF). Ce qui signifierait fermer les services de chirurgie de 113 petites structures réparties sur tout le territoire.
J’ai consulté, en l’espace de trois semaines : mon médecin traitant plusieurs fois, le remplaçant de mon médecin traitant plusieurs fois, un spécialiste ORL, un médecin urgentiste (qui m’a renvoyé chez moi), un neurologue de ville, à nouveau plusieurs médecins urgentistes, puis enfin à la demande de ces derniers un neurologue d’un grand hôpital parisien. Seul ce dernier à émis l’hypothèse du Guillain-Barré, qui s’est révélée juste après examens. Les médecins précédents soit ne connaissaient pas la maladie car elle est très rare, soit n’y ont pas pensé car il y avait des hypothèses statistiquement bien plus probables à vérifier auparavant (on notera la générosité qui caractérise cette phrase au point final qui vient immédiatement).
Je lis sur le forum de ce site consacré aux patients français du syndrome des messages effarants de malades orientés vers des services de psychiatrie, de médecine interne, voire renvoyés plusieurs fois chez eux avec des diagnostics de fatigue chronique. Ces témoignages me font froid dans le dos car, en phase de plateau, les difficultés respiratoires et les fausses routes font courir un risque vital ; tandis qu’une hospitalisation, éventuellement en service de réanimation/soins intensifs, avec traitement(s) aux immunoglobulines assure une guérison rapide et sans séquelles à une proportion de patient dépassant largement les 90%.
Le Guillain-Barré ne requiert pas à ma connaissance d’intervention chirurgicale, mais je crains de n’extrapoler que peu en faisant des cauchemars à l’idée d’avoir été pris en charge par un petit hôpital de province dont le service de neurologie n’aurait aucune habitude de ce genre d’affection.
Oui, je crois qu’il est plus pertinent d’obliger les familles à faire 100 km de plus pour venir au chevet de leurs malades dans une large structure aux multiples compétences, que de se complaire dans un sentiment de fausse sécurité parce que l’on a un service d’urgence dans chaque sous-préfecture.
Cela dit, l’hôpital public français, incontestablement l’un des meilleurs du monde, meurt à petit feu depuis trente ans, sous les regards indifférents (voire ravis) des élites politique de notre pays. Ces députés-maires démagogues, hurlant à la mort à l’évocation de la fermeture de leur petit bloc opératoire de proximité, sont bien souvent ceux qui ont subventionné avec l’argent public l’ouverture d’établissements privés, évidemment dirigés par les grands médecins formés par l’hôpital public et faisant comme eux partie de la haute bourgeoisie locale. Plus de 50% des actes de chirurgie sont désormais réalisés dans le privé (chiffre donné par l’Humanité). A titre personnel, je n’ai jamais vu aucun des grands partis auxquels émargent ces élus locaux si remontés imposer la question de la santé publique au débat national. Jusqu’ici, tout va bien, comme disait l’autre.
Sur les sujets liés à la santé, mais pas seulement, lire aussi le nouveau blog de Christian Lehmann, écrivain et médecin.
Et puis d’autre part, il est tout-à-fait fascinant de voir comment en quelques jours la presse d’informations a fait de la véritable Affaire Clearstream (des milliards d’euro qui circulent illégalement parce qu’anonynement via un pays appartenant à l’Union Européenne) un mini-scandale franco-français de magazine people.
Si on se penche sur l’argent du terrorisme, la faillite de l’Argentine, l’affaire Elf, pour rester chez nous, et d’autres scandales, on retombe toujours sur la présence des acteurs de ces affaires dans les listes secrètes de la société. [La véritable] affaire Clearstream est vraiment l’affaire des affaires.
Chers amis,
J’ai été atteint d’une maladie neurologique grave, longue, mais fort heureusement totalement guérissable. J’ai passé les dernières six semaines à l’hôpital. Aujourd’hui, je suis sur pieds, mais j’ai encore à subir quelques jours/semaines (?) de rééducation (kinésithérapie…) avant de récupérer toute ma mobilité. Pour le reste, ce n’est plus qu’un souvenir que je ne sais pas trop dans quelle catégorie ranger.
Merci aux proches et aux autres pour leur soutien. Je reviens bientôt à ce weblog et j’aurai probablement l’opportunité de discuter plus en détails de tout ça.
« Ses maladies à lui sont infiniment plus intéressantes que la santé des autres. » — Jane Birkin à propos de Serge Gainsbourg
Cloué chez moi dans un état comateux et anxiogène, je trouve quelques réconforts sur France Inter, dont je découvre et explore lorsque j’en ai la force la brillante grille de matinée.
Et puis toujours, l’émission du samedi de Philippe Meyer, consacrée depuis quatre semaines à Serge Gainsbourg, et conséquemment d’une classe infernale.
Meyer a lu aujourd’hui ce texte merveilleux de Desproges, que j’ai retrouvé sur le net : Chaminade. C’est un truisme de rappeler que Desproges savait écrire, mais quand je lis « Au reste, il était trop seul au monde pour qu’un prénom lui fût utile » il y a une émotion dingue qui passe (mais c’est peut-être la pharmacopée). Et la construction même du texte est très très forte. Enfin, ça m’a touché, comme à chaque fois que j’entends Souchon évoquer « Jane et Serge sur le Pont des Arts », un symbole indépassable.