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Author: manur

Hier, Jérôme m’écrit au sujet d’A la verticale de l’été. J’éprouve un amour très profond pour ce film, pour ce que ses personnages nous montrent de ce que la vie pourrait être — leur naturelle élégance.
Et la bande sonore est certainement l’une des plus belles qu’il m’ait été donné d’entendre. Je veux parler de musique, mais aussi de mariage, entre les poèmes et les images, entre la musique et les situations.
Pour ce qui doit être le dossier de presse, Tran Anh Hung, pas moins élégant que son film, en dit ceci :

Je souhaitais une musique qui serait comme un état d’âme vague et poignant, une vision attendrie du drame humain qui se déroule sous nos yeux. Par moments, elle vient non pas rehausser l’action, mais pour jeter un regard bienveillant, plein d’humanité sur les personnages emportés dans leurs problèmes irrésolus. La musique ne colle pas à l’action, elle la commente, la confirme, la contemple, exprime un point de vue sur l’existence. Pendant l’action, la musique regarde. Après l’action, elle dit son émotion et la fait partager. Elle est l’expression de la beauté d’âme du spectateur et purifie son regard.

C’est beau, pertinent et intelligent. On dirait du Jérôme.

Administrateur réseau à la con

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* Access Denied by SmartFilter: Forbidden, this page (http://www.crispinsartwell.com/philosophy.htm) is categorized as: Extreme.

Je ne sais pas ce qu’il y a sur cette page (je verrai ce soir), c’est un lien de Kottke ; ça parle de philosophes sur un ton un peu humoristique, je pense.
Alors, faites attention s’il vous plait, les gens. Si vos pages web sont trop « extrêmes », les réseaux d’entreprise vont vous censurer…

Connards d’anti-tout à la noix.

Radical Chic, Charme de la langue de bois

Ces résumés un peu secs nous privent du meilleur, toutes les petites circonvolutions qui font de Debré un roi de la langue de bois à l’ancienne, un monument de la politique périmée, et bien malgré lui un serviteur dévoué de Sarko qui, face à cet enchaînement quasi-infini de banalités paresseuses, apparaît comme l’homme de la modernité.

Quelque chose d’important est exprimé ici. Le populisme possède cette redoutable force : il se présente toujours avec les atours de la modernité (mot dont il faut se méfier, s’il en est). En période de crise morale, les ex-enfantillages du populisme ressortent au grand jour, parés d’une virginité que n’ont plus les modèles connus. Sarkozy n’est pas un homme du passé, il représente sans l’ombre d’un doute notre avenir. Il sait appuyer sur les sujets modernes, qui nous concernent. Je ne crois pas ceux qui prétendent haïr tout ce qu’il représente et affirme, par ses poses d’Epinal et par ses mots ; souvent, il me semble qu’il évoque des problématiques réelles où d’autres ne resassent que lieux communs, parfois même, je suis d’accord avec lui (comme lorsqu’il s’oppose à l’arrêt des efforts en matière de sécurité routière préconisé par l’assassin Perben). Sarkozy est au cœur de la modernité, pour longtemps, il occupe la place que la gauche, trop occupée à privatiser les services publics et à lutter contre des mots dont elle ne connaît même pas le sens, trop compromise dans la pyromanie sociale pour avoir conservé le moindre ascendant moral, a refusé d’occuper.

Radical Chic, Charme de la mauvaise foi :

Je veux moi aussi pouvoir parler avec le ton docte de celui qui connait le peuple, qui comme les enfants ne ment pas, et qui condamne d’un coup le néolibéralisme, Sarko, le Médef, la moitié du PS et le monde entier. C’est facile quand on est communiste, mais c’est plus chaud quand on vote socialiste : on est envahi par cette idée jospinienne, protestante, sérieuse de la politique, à moitié inspirée par Mendès-France dont on connait le succès en terme de gouvernement (hélas – et oui je caricature), fondée sur une naïveté sans nom qui voudrait que les citoyens comprennent ce qui est bon pour eux, et s’y plient une fois qu’on leur aura expliqué, cette idée pédagogique de la politique ne menera jamais loin, et ne créera jamais de mouvement.

L’idée est séduisante “ sur le papier ”, mais son implémentation court le risque réel de ne pas être aussi vertueuse que souhaité. Se faire aussi con qu’un con, pour l’humilier oui, pour s’humilier… bof.

« Les personnes qui vivent avec rapidité et précipitation perdent facilement le contrôle de leurs impressions et succombent à des émotions et à des motivations inconscientes. L’exercice d’un art quelconque (peindre, écrire, composer) leur ferait le plus grand bien, à condition toutefois de ne pas tendre à un but, mais de se laisser aller, librement et sans entraves, à leur imagination. Le processus autonome de l’imagination fait immanquablement remonter ces choses qui avaient franchi, en bloc, le seuil de la conscience. En un temps comme le nôtre, où les hommes sont quotidiennement assaillis par les choses les plus monstrueuses, sans pouvoir analyser leurs impressions, en un tel temps, la production esthétique devient un régime diététique. Néanmoins, tout art véritablement vivant sera irrationnel, primitif et complexe ; il utilisera un langage secret et léguera non pas des documents édifiants, mais des documents paradoxaux. »

— Hugo Ball, 25.11.1915

« Les personnes qui vivent avec rapidité et précipitation perdent facilement le contrôle de leurs impressions et succombent à des émotions et à des motivations inconscientes. L’exercice d’un art quelconque (peindre, écrire, composer) leur ferait le plus grand bien, à condition toutefois de ne pas tendre à un but, mais de se laisser aller, librement et sans entraves, à leur imagination. Le processus autonome de l’imagination fait immanquablement remonter ces choses qui avaient franchi, en bloc, le seuil de la conscience. En un temps comme le nôtre, où les hommes sont quotidiennement assaillis par les choses les plus monstrueuses, sans pouvoir analyser leurs impressions, en un tel temps, la production esthétique devient un régime diététique. Néanmoins, tout art véritablement vivant sera irrationnel, primitif et complexe ; il utilisera un langage secret et léguera non pas des documents édifiants, mais des documents paradoxaux. »

— Hugo Ball, 25.11.1915