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Author: manur

Libération : Jules Verne ou le voyage au centre d’un bide retentissant. Visiblement, le spectable « pyrotechnique » inspiré par le Voyage au Centre de la Terre qui a eu lieu au Stade de France il y a quelques jours en a laissé plus d’un sur sa faim.

« Quand je reparle [de cette soirée] à mes filles, c’est [le trajet en] RER qu’elles ont préféré. »

Saisons, le blog Scènes de Fluctuat, s’est fait l’écho de ce four : les frustrations exprimées par les innombrables spectateurs qui laissent un commentaire sont impressionnantes.

La promotion du spectacle avait été assurée durant le vingt heures de TF1, à coup d’images prises lors des répétitions. Le mélange des genres ne nous choque même plus.

[via chryde]

Théologie 101

Théologie 101

Les nourrissons qui meurent sans avoir été baptisés vont-ils en Enfer, comme l’a affirmé Saint Augustin, Père de l’Eglise ? Face à cette affirmation choquante, les catholiques ont longtemps postumé l’existence d’un « limbo », paradis au rabais pour les non-baptisés, dans lequel plus tard Dante n’a pas hésité à convier Virgile, Moïse et Platon. Le New York Times m’apprend cette histoire, et rapporte que 30 théologiens se sont réunis au Vatican ce mois-ci pour conseiller au Pape d’abandonner cette théorie qui n’a jamais été officielle, et admettre que ces enfants rejoignent le Paradis. En effet, depuis Vatican II, « chacun – qu’il soit baptisé ou pas – est éligible au Salut grâce au mystère de la puissance rédemptrice du Christ ».

Il n’y a pas que dans la population que les idées de Le Pen font leur chemin. Dans la droite aussi.

Le chapeau est très drôle, le billet de 404 est très important. (Et j’approuve que l’on nomme un fasciste par son nom).


Phnom Penh Cathedral
Originally uploaded by manur.

Il s’agit de la seule photographie de la cathédrale de Phnom Penh, détruite par le régime Khmer Rouge en 1975, que j’ai pu retrouver sur le net. Cette destruction est certainement un crime mineur, comparativement au reste, mais je ne peux m’empêcher de regretter de ne pouvoir un jour visiter cet étonnant bâtiment, rencontre rare entre la tradition et la modernité.

Certains se réjouiraient presque de cette disparition d’un édifice qu’ils jugent architecturalement raté et urbanistiquement inapproprié, voire représentant « le dernier souffle vicié du colonialisme ». Objections ridiculisées sèchement et avec raison, à mon avis. Doit-on raser le Sacré-Cœur sous prétexte qu’il est grotesque, fruit de vélléités hideusement versaillaises, et marque de la très très méchante Eglise Catholique Romaine ? Les talibans qui le pensent n’ont jamais embrassé de fille en haut d’un beffroi.

Tsunami et aide humanitaire

Tsunami et aide humanitaire

Le débat autour des ONGs et de l’aide humanitaire n’a pas finit de faire couler beaucoup d’encre (même numérique), et je l’aime bien parce que tous les protagonistes sont d’accord pour affirmer que les choses sont plus compliquées qu’elle ne le paraîssent.
Avertissement : ma réflexion n’est ni très aboutie, ni très formalisée. Je note ici mes conclusions commes elles me viennent, sans prétendre à quelque rigueur académique.

Avant toute chose, il me semble que la seule certitude est à répéter fréquemment : nous ne pouvons que très rarement aider dans les situations d’urgence. C’est un fait douloureux, qui nous blesse dans notre bonne conscience, mais lorsqu’une catastrophe ou une guerre surviennent, notre argent n’arrivera jamais à temps pour soulager ceux « qui en ont le plus besoin ». Même Médecins sans frontières, qui pourrait à juste titre être recommandé comme l’organisation à soutenir par ceux qui souhaiteraient aider dans les contextes d’urgence, même MSF le dit dans ce dossier très intéressant de l’Express :

« Les vies sauvées l’ont été par des voisins et des médecins locaux, confirme Pierre Salignon, directeur général de MSF. Nous avons essentiellement soigné des gens qui se sont blessés en retournant dans les décombres de leur maison. »

Abandonnons donc cette mythologie : l’euro que nous donnons ne va être employé, au mieux, que au minimum dans les trois mois, et de plus en plus dans les cinq ans (!) qui suivront notre geste.

Restent des questions aprement débattues actuellement. Numéro un, quel rôle reste aux ONG si elles ne peuvent plus prétendre auprès de leurs donateurs « aller sauver les petits nenfants » ?
La Croix-Rouge propose de financer de longues opérations de développement, concrètement des créations de villages pour reloger les sans-abris, sur cinq ans. Outre les problèmes politico-économiques (les terrains sont pris dans des espaces qui existent, avec des voisinages, et le choix des réfugiés qui ne peut être le seul fait des ONG est potentiellement soumis à un arbitraire local difficile à déterminer, et enfin : relogement ou déplacement opportuniste de population ?), d’autres se demandent si l’urbanisme et la reconstruction sont du ressort de donneurs occidentaux ou des états et des communautés locales. MSF pose la question sur un ton polémique :

« Si la Croix-Rouge était spécialisée dans le BTP, cela se saurait. Ce n’est pas parce que vous avez dix fois plus d’argent que vous êtes plus compétent. »

Pour MSF, la valeur des ONG se situe dans l’entre-deux, après les premières heures de la catastrophe, lorsque l’on peut soulager les souffrances physiques et économiques, mais pas sur le long terme, qui est une affaire de politique et pour lequel gouvernement locaux et grands donneurs occidentaux doivent prendre leurs responsabilités.

Autre débat, l’influence de l’aide sur la société locale. C’est un secret un peu honteux dont on ne se vante pas, mais de nombreuses actions soit d’ONGs soit de l’ONU en Afrique ou en Asie ont créées plus de problèmes qu’elles n’en ont résolues. Une famine annonçée à tel endroit ? On expédie 500 tonnes de surplus alimentaires. Or, la région voisine possède une agriculture, que la présence de surplus mal évalués (et comment le seraient-ils ? — un cargo met quatre, six semaines à arriver) va ruiner en faisant chuter les cours. Préfèrera-t-on envoyer de l’argent pour acheter sur place ? Les prix des fournisseurs vont miraculeusement augmenter en quelques semaines, paupérisant une partie de la population déjà fragilisée par les disettes.
Le Monde : L’examen de conscience des humanitaires

[Les ONG] « dépensent beaucoup pour leurs activités mais également pour leur personnel, ce qui provoque une augmentation du prix du carburant, du ciment, des véhicules, de la nourriture ». Sans parler de la rivalité entre ONG sur le terrain.

Plus polémique et à prendre avec recul, dans l’Express :

Pour Guillaume Kopp, ancien chef de mission d’Action contre la faim à Sri Lanka, le tsunami était «une catastrophe sans crise humanitaire». Il n’a pas été entendu, affirme-t-il, par son organisation. «On nous a envoyé des biscuits nutritionnels dont, nous l’avions dit, nous n’avions pas besoin. Mais, médiatiquement, le don d’un paquet à des mains qui se tendent, c’est une image forte…»

Autre effet pervers, « la reconstruction exacerbe les violations des droits de l’homme préexistantes ». Une ONG a besoin d’agir « vite » et bien, pour rassurer ses donateurs. Un permis de construire, un terrain, la validation d’un appel d’offre nécessitent des démarches administratives en tout genre. Délicat de dénoncer au même moment ce qui se passe sur le front de la politique intérieure, ou les conditions d’attribution de telle ou telle aide…

Enfin, la question la plus actuelle, peut-on réaffecter des sommes en surplus destinées à une catastrophe particulière ? Là encore, la Croix-Rouge Française répond non, estimant que ce serait une trahison de la confiance des donateurs, tandis que MSF s’y montre plutôt favorable, estimant que les humanitaires sont parfois plus conscient des nécessités de l’aide à l’échelle de la planète. Cette dernière position, très critiquée initialement, est soutenue par de plus en plus d’ONG (Médecins du Monde a opéré un revirement remarqué sur le sujet en juillet 2005).

Comment aider efficacement et avec éthique ? Comment ne pas servir d’alibi à des régimes corrompus et notoirement désintéressés par leurs populations les plus fragiles, ni à des gouvernements occidentaux refusant presque tous (Etats-Unis ! France ! Japon !) de tenir leurs promesses d’aides pourtant modestes (même si l’aide pour le tsunami de décembre 2004 fait exception, première historique) ? Comment être professionnels sans être inaccessibles et hautains ? Comment dire la vérité sans s’aliéner des donateurs bercés par une mythologie romantique de l’aide ?
Ce sont quelques uns des enjeux irrésolus de l’aide humanitaire aujourd’hui.

Hier était « une date historique » pour la blogosphère, « le média de demain« , ce qui doit donc en faire le média d’aujourd’hui si je calcule bien.
Moi, hier, j’ai pris deux sachets de sauce frite au McDonald’s Marché de Saint-Denis. Le 280 n’est pas mauvais.

Au théâtre ce soir

Au théâtre ce soir

Parisist a eu envie de s’offrir un “Noël de vieillard”, et s’est donc rendu à une pièce de théâtre de boulevard (« pourvu que personne ne nous voie à la sortie »). Tout ça est très réjouissant, avec une conclusion de haute tenue :

Le théatre de boulevard c’est bizarre. (…) C’est un flux divertissant qui fait croire qu’il est populaire, alors qu’il est juste très facile. Il n’entretient même pas ses propres mythes, il se contente de les user jusqu’à la lie.

J’ai le souvenir d’une navrante histoire de chimiste « génial », avec Grace de Capitani (!) en tenue légère pendant tout le dernier acte et amant dans le placard, qui a dû me faire vaguement sourire deux fois en une heure trente.

J’ai un problème avec le théâtre à Paris (intra-muros). Tout commence il y a quelques années, avec les tantes de province qui ne cessent de me questionner sur « la vie parisienne ». Pris de remords, je décide de retourner au théâtre, alors que je n’y avais plus été depuis mes années de lycéen banlieusard.
Quatre ou cinq ans plus tard, à l’orée de la saison 2005-2006, j’ai pris la décision définitive de ne plus « y aller pour y aller » (concrètement, plus d’abonnement à telle ou telle salle avec choix des pièces « au feeling », dans un esprit d’ouverture intellectuelle bétasse). Le choix (intra-muros, j’insiste) se résume en deux catégories : le boulevard navrant (pléonasme) (sous-catégorie : la pièce faire-valoir d’une vedette quelconque au tarif prohibitif), et le théâtre pour théatreux (si je vois encore une pièce de Paul Claudel, je me suicide), avec décor minimaliste et lampe métallique au milieu de la scène pendant d’un long câble que l’on fait balancer dans les moment de grande tension dramatique (supposée). Ces gens parviennent même à rendre chiant Shakespeare, ce qui est un bel exploit.
Bien sûr, il y a une grosse part de malchance et de choix malheureux, dûs probablement à une culture lacunaire de ma part. Il n’empêche, je ne suis pas masochiste. La seule chose réellement plaisante que j’ai vu en quatre ou cinq ans, c’est Cravate Club avec Edouard Baer (et puis j’y pense en me relisant, la Ménagerie de Verre avec la fille Boringer, c’était correct). La salle la plus proche de chez moi se spécialise dans une méthode vaguement marxiste venant d’Amérique du Sud, consistant « essentiellement en l’utilisation du langage théâtral en général, en l’utilisation de l’espace esthétique et de ses propriétés gnoséologiques, afin de déclencher des processus collectifs de conscientisation, c’est à dire de changement personnel et social ». Fermez les guillemets. Evidemment, je n’y ai jamais mis les pieds.
Je ne prétends pas livrer un jugement universel sur l’état de la production théâtrale, je suis trop dépourvu d’expérience ou de culture pour cela (d’autant que je n’ai pas vu de mises en scènes de Peter Brook ou d’Ariane Mnouchkine, que l’on m’a chaudement recommandés). Mais je sais qu’entretemps j’ai découvert avec un émerveillement sans bornes la danse contemporaine, notamment tout le collectif des Ballets C. de la B., et leurs élaborations scéniques tournées, elles, vers le public, dans un contraste marquant.