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Author: manur

New Year Baby, a documentary film by Socheata Poeuv. (Amnesty International Movies That Matter Award winner.)

One Christmas Day, my parents called a family meeting. They sat down my brother, two older sisters and me — to reveal secrets after 25 years. My mother told us that my two sisters aren’t actually my sisters. They are the children of my mother’s sister, orphaned when their parents were killed by the Khmer Rouge. We learned my older brother isn’t actually my full brother. He is my half brother — the surviving child from her first family. My mother’s first husband and daughter died in the genocide. This was the first I’d heard of them. It was the first for my brother too. In that room of shocked and tearful children, my father got up and in his character, locked himself in the bathroom.

Rodin à Phnom Penh

Rodin à Phnom Penh

New York Times : Rodin Show Visits Home of Artist’s Muses
danseuses cambodgiennes
En 1906, le roi du Cambodge Sisowath est en visite officielle en France avec sa cour. Auguste Rodin tombe sous le charme des danseuses du palais, abandonne tous ses plans afin de suivre la troupe de Paris à Marseille, et réalise avec frénésie de nombreuses aquarelles de ces jeunes et gracieuses ballerines (à cours de papier, il en réalisera certaines sur le papier à lettre des hôtels où il réside).
Une demi-douzaine de ces croquis sont des chefs-d’œuvre de grâce et de sensualité ; peut-être la fixation la plus fidèle de l’enivrant ballet traditionnel Khmer jamais entreprise. Le reste est de l’ordre du brouillon, ou du travail sur le détail qui ne présente d’intérêt que pour un étudiant des Beaux-Arts, comme l’a montré la décevante exposition d’une quarantaine de ces aquarelles au Musée Rodin de Paris il y a quelques mois.
Mais l’essentiel n’est pas là : pour la première fois, ces œuvres sont exposées au Musée National de Phnom Penh, magnifique mais sous-financé, grâce à l’aménagement d’une aile aux standards modernes de conservation (climatisation…) par la France. Offrir aux phnom-penois une entrevue avec l’histoire de cet européen fasciné au premier coup d’œil par leur civilisation est un bel hommage.

“If you look to the position of the arm, it is not correct,” she said. “It is too high. But the energy is there.”
Some of the drawings, she said, are of unfinished movements. “For me as a dancer, my teacher wanted me to be exact, to finish,” she said. “The drawings have loose lines, but they are very beautiful.”

Minette

Minette

(En hommage à El Chez.)

Je me suis entiché de Minette à peu près à l’instant où je l’ai vue ; c’est l’infatuation la plus honteuse et la plus inexplicable de ma navrante vie de garçon.
Minette était montée à la grande ville pour faire ses études. Si nous devions l’en croire, dans le petit village méridional dont elle s’échappait très provisoirement, elle était une anomalie : une jeune fille de dix-huit ans ni mariée ni enceinte, destinée aux études supérieures. Son père étant le médecin du village (lorsque je l’ai croisé, le brave homme m’a laissé l’impression à peu près opposée à celle de la notabilité), c’est avec une assurance gauchement ostensible de bourgeoisie de province qu’elle nous assommait de ses vérités définitives et déprécatoires sur les parisiens, les hommes et les films de Tony Scott, manœuvres grossières mais terriblement efficaces destinées à mettre en cause notre virilité. Afin de nous rabaisser à la position de garçonnets lubriques, elle nous jetait quotidiennement notre manque de galanterie au visage, ce mot se définissant dans son lexique comme une inconditionnelle servilité plan-plan tout droit sortie de livres pour fillettes de bonne famille de l’entre-deux-guerres. (Ma satisfaction fut à son comble une après-midi lorsque, sur ma table de nuit, elle prit le « Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations » au pied de la lettre… et qu’après avoir parcouru le quatrième de couverture elle reposa le pamphlet situationiste d’un air défait.)
J’ignore pourquoi et comment je tombais amoureux de Minette. J’incline à croire qu’à l’époque, déjà, j’avais conscience de sa radicale impéritie intellectuelle, mais que – pour une raison biochimique indéchiffrable – la tension sexuelle entre elle et moi était, à la sortie de mon adolescence, irrésistible. Et cela, je suis certain qu’elle le savait ; tant d’indifférence ne pouvait être que feinte.
Pendant trois ans, je multipliais les signes, et elle prenait un malin plaisir à me laisser ronger mon frein. Je conserve un souvenir particulièrement vif et humiliant de ces nombreux dimanches où, seuls étudiants – semblait-il – n’ayant pas regagné un foyer familial, trop éloigné pour Minette, trop anxiogène pour moi, il m’était refusé pour des raisons futiles de partager nos solitudes (et plus si affinités), raisons ne feignant même pas la crédibilité. Venant d’une provinciale pas très bien dans sa peau (je n’étais pas en reste), pas particulièrement belle (mais pas laide non plus), pas notablement fine (mais pas spécifiquement stupide) et pas ostensiblement courtisée (bien que quelques marioles encore plus foireux que moi lui témoignaient parfois de l’intérêt), la blessure était d’autant plus mortifiante qu’elle était inexplicable. Nous étions étudiants, dévorés d’hormones (sa conversation en témoignait, pour qui savait comme moi lire habilement entre les lignes), et n’étant pas disposés à reconnaître nos ambitions de vie respectives comme saines d’esprit, notre éventuelle relation n’aurait pu se révéler que sexuelle (et éphémère) (et donc très satisfaisante dans le contexte estudiantin de l’époque) ; on a rarement vu un garçon et une fille se retrouver sur des présupposés moins ambigus, vous en conviendrez.
C’est avec Minette que j’ai compris le sens du mot « castratrice ». Elle fût cuisante, la « soirée pyjama » lancée sur un chiche! et qui rassembla Minette, sa meilleure amie, votre serviteur et son meilleur ami en tenues légères sur deux lits jumeaux (ô tempora, ô mores). Jamais l’orgie attendue, pourtant suggérée entre les lignes autant que faire se peut par la composante mâle de l’assemblée, n’eût lieu. Jamais cette soirée ne tînt les promesses délicieusement perverses qu’elle posait. En ce qui me concerne en tous cas.
Car quelques semaines plus tard, dans un rebondissement étrangement libérateur, Minette pratiquait sur la personne de mon meilleur ami une fellation rapide, peu satisfaisante et sans lendemain, en échange d’une bouteille de mauvais muscadet. Pouvez-vous prétendre avoir de tels amis qu’ils atteignent de telles extrémités dans le noble but de vous faire réaliser vos errements ?

Language Log : Flacks and hacks and Hitchens
Les hommes et les femmes rient-ils de la même chose ? Une étude scientifique dit que oui, toute la presse américaine résume l’étude… en disant que non.

It’s striking that [Christopher] Hitchens, who would never take a politician’s press release at face value, is so completely uninterested in the facts of the science that he chooses to cite. This reinforces my conclusion that in today’s public discourse, science is treated not as a search for the truth, but as source of edifying fables.

Ma nouvelle compilation, « Don’t even THINK of parking here » est en écoute sur la radio.

Son thème est un double clin d’œil que je n’adresse qu’à moi-même, et de plus vous serez bien en peine de lui trouver un lien avec la sélection musicale. Assurément pas la meilleure initiative de l’année, à la réflexion…