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Author: manur

Fraise : *sigh*

I suppose what pisses me off the most is that I wanted my journal to be personal, you know, talk about the funny things that happen to me every day, what my cat brought in (flowers, lately), what interesting stuff I’m working on. (…) But instead, some backwards death penalty proponent gets declared president in my country, takes advantage of a tragedy to put the world on the brink of WWIII, and all while panicking people I care about for absolutely no other reason than to keep them from *gasp* criticizing.

Les idées bigarrées de Mandaline — 22 mai 2002 – Bons baisers d’Hollywood :

Pour l’instant, je ne crois pas à l’amour, je crois à l’amitié avec du sexe, ce qui m’apparaît être plus ou moins l’équivalent. Mais si je rencontre LE mec, il y a fort à parier que mes neurones deviendront complètement dingues, que l’amour me semblera la plus belle chose au monde, et tous les grands clichés du romantisme reviendront au galop, et je voudrai multiplier les excentricités partagées, les nuits de passion et de rêve, les instants parfaits, je voudrai tout peindre en bleu, changer la vie, tranformer le monde… LE mec ? Il vit dans ma tête le pauvre – quelle demeure inconfortable ! -, comme il vit dans la tête de toutes les femmes.

[via counting sheeps]

Sur un titre de son nouvel album, Jérôme Attal chante qu’il est un jeune homme changé en arbre, tandis que la photo qui achève le livret montre les jambes d’une vaporeuse jeune fille, vêtue d’une fine robe de lin blanc, qui marche… dans une forêt. Cette jeune fille dont on ne verra pas le visage, La Jeune Fille donc, est bien l’astre autour duquel gravite Jérôme, dandy timide, observateur sarcastique dissimulé derrière les branches (jusqu’à ne faire plus qu’un avec l’écorce des érables) ; autour duquel gravitent le personnage qu’il s’est construit et ses chansons.

Les lecteurs réguliers du journal égotiste de Jérôme savent que le garçon a un style délicieux ; certaines de ces chansons en sont une nouvelle et enthousiasmante démonstration. Juillet Odéon, en ouverture, est la profession de foi léchée de son personnage d’esthète germano-pratin, Audrey Anderson, un exercice d’autodérision à l’humour irresistible, Le jeune homme changé en arbre une (magnifique) ballade au piano, Genoux, hiboux, cailloux la narration d’une adultère platonique dans l’obscurité d’un taxi. Et surtout ces deux formidables morceaux que sont La pornographie, un paroxystique spoken-words houellebecquien dont je pourrai disserter des heures (dans le désordre : la nostalgie, la critique de la vie moderne, le libertinage, les filles et l’amour bien sûr, l’intransigeance feinte, l’adolescence, la précision des mots, une musique hypnotique, la fuite du temps, un final terrifiant), et Les petits doigts de pied de la mélancolie, chef-d’oeuvre faussement anachronique et réellement envoûtant.

Le nouvel album de Jérôme Attal est un des plus attachants qu’il m’ait été donné d’écouter depuis longtemps. La musique, composée avec son groupe brillant, est une électro-pop raffinée digne de Saint-Etienne ou de certains Daho. Les paroles, quant à elles, dépassent de très loin de telles figures tutélaires et tutoient — c’est le nom qui vient aux lèvres à plusieurs reprises — le talent d’un Serge Gainsbourg.

La rencontre de la pudeur, du style et de l’autodérision se nomme l’élégance, c’est la plus remarquable des qualités humaines, et l’album de Jérôme Attal est un bijou issu de ce précieux matériau.

Cet album est autoproduit et n’est pas (encore) disponible dans le commerce. Vous pouvez en écouter quelques extraits et le commander par correspondance en cliquant sur la pochette.