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Author: manur

Tes reins connus

Sur Internet, c’est toujours la même histoire. Que ce soit sur les forums, les newsgroups ou désormais les weblogs, c’est toujours la même histoire.

Les protagonistes : un représentant de la famille Petit-Connard face à un ou plusieurs représentant de la famille Adulte, mais pour simplifier l’étude nous nous limiterons à un dialogue (ces noms ont été choisis à des fins de clarté, n’y voyez aucun jugement de valeur de ma part).

Le synopsis :

Petit-Connard : Ouaaa, spa croyable, ils refusent la castration des mineurs déliquants, les Adulte c’est des enculés !

Adulte : Dans sa dernière entrée, Petit-Connard dit vraiment n’importe quoi. Grandis un peu s’il te plait.

Petit-Connard : Ouaaaa jle crois ap ! y’a l’autre Adultinou qui m’fait iech, alors que tout le monde sait que les Adulichou c’est tous des sales anti-daltoniens et des gros enculés, sans exceptions (à part mon copain Philostène qu’est un type intelligent et en plus marié à une daltonienne, alors…).

Adulte : Je laisse chacun aller mesurer les nouveaux arguments de Petit-Connard. Ah, et puis sinon, mon nom c’est Adulte, c’est marqué en haut.

Petit-Connard : Maaais non l’autre j’haLLUcine, il a ren d’aut’ à fout’ ? Vous êtes tous des enculés c’est tout, c’est écrit partout sur le net et à la tévé, et toi t’es le plus gros de tous les enculés.

Adulte : Visiblement, P.-C. persévère et je suis obligé de revenir sur ses « arguments ». [Suit une démonstration aisée mais néanmoins irréprochable.]

Petit-Connard (qui a baisé/s’est tripoté entretemps) : Euh… bon, je m’excuse, pour la semaine dernière, mes mots ont un peu dépassé ma pensée. Adulte c’est un brave gars, hein.

Et là, intervient cet épilogue qui m’est irrémédiablement incompréhensible bien que (trop) chrétien :

Adulte : Bon, hein c’était pas grave pour la semaine dernière. Sans rancune. C’est la liberté d’expression. Tiens, je te mets dans ma liste de liens…

Qui croirez-vous laisser de glace

Dans la blancheur de vos habits

J’ai décacheté ma disgrâce :

Vos cartons de papier choisi

Je serai un fidèle mécène

Il fallait bien qu’adviennent un jour

Au son de Leonard Cohen

  Les mariages des anciennes amours

La bouche de Marthe

« La saveur du premier baiser m’avait déçu comme un fruit que l’on goûte pour la première fois. Ce n’est pas dans la nouveauté, c’est dans l’habitude que nous trouvons les plus grands plaisirs. Quelques minutes après, non seulement j’étais habitué à la bouche de Marthe, mais encore je ne pouvais plus m’en passer. »

« Nous croyons être les premiers à ressentir certains troubles, ne sachant pas que l’amour est comme la poésie, et que tous les amants, même les plus médiocres, s’imaginent qu’ils innovent. »

— Raymond Radiguet, Le diable au corps

Toutes les familles sont psychotiques

Enfin ! Douglas Coupland redevient enfin un écrivain fréquentable avec son All families are psychotic, road-story locale dans les vicinités white-trash de la Floride aérospatiale qui voient une drole de famille de losers chroniques s’embourber dans des retournements de situations improbables.

On commençait à s’en douter, Coupland a abandonné toute ambition de la transcendance, un thème qui avait rendu si proches de leur époque ses quatre premiers livres – lire « chef-d’oeuvres » (de Generation X à Microserfs). Son nouveau dada, ce sont les coïncidences, les allumés, l’improbable qui surgit quand on s’y attend le moins. La transition n’a pas été sans heurts, elle a demandée un très mauvais roman, puis un « moyen sans plus ». Mais aujourd’hui, étonnamment, ça marche, et les pérégrinations de la famille Drummond sont addictives, droles et surprenantes. En passant, on retrouve un brin de critique sociale, épice qui avait disparu de la « recette » Coupland en même temps que le sens de la mesure.

Toutes les familles sont psychotiques a été, une fois n’est pas coutume, traduit en français, et c’est une lecture fort réjouissante, qui fait parfois penser aux récents Bret Easton Ellis (sans le trash parfois grand-guignolesque), et que je recommande — en attendant le prochain Coupland qui sera, peut-être, à nouveau (et enfin !) un chef-d’oeuvre, de ceux sachant entrer en résonnance avec nos vies.

Plus tard : On me signale que le mot « addictif/ve » est un (horrible) anglicisme. Disons qu’entre road-story et losers ça passe, dans ce cas. Mais promis, j’arrête (demain).

Une Place pour de Petites Histoires : le cadeau.

Elle s’est approchée de moi à la fin du cours, et, regardant fixement mes pompes, m’a tendu un paquet enveloppé d’un beau papier brillant, avec un gros ruban rouge.

« Pour vous Madame ».