Archives de
Author: manur

Libé/P. Riche : L’enquête sur la torture qui accable les Etats-Unis. Selon un rapport de l’armée révélé par le New Yorker, il s’agissait de pratiques de routine.

Son aveuglement, avec le recul, paraît extrêmement naïf : en décembre, elle avait déclaré au quotidien St Petersburg Times de Floride que la vie des prisonniers à Abou Gharib était «meilleure que chez eux. Au point que nous craignons qu’ils ne veuillent plus en partir». En janvier, la générale Karpinski a été suspendue et des enquêtes diligentées.

C’est pourtant simple, militaire = mensonge.

L’article du New Yorker, par Seymour Hersh.

On me signale un article fascinant dans le Guardian : Their beliefs are bonkers, but they are at the heart of power.

Une description précise des croyances des 15 à 18% de chrétiens fondamentalistes aux USA, le cœur de l’électorat républicain, qui interprètent quelques passages des épitres de Paul d’une façon qui glace le sang.

So here we have a major political constituency – representing much of the current president’s core vote – in the most powerful nation on Earth, which is actively seeking to provoke a new world war. Its members see the invasion of Iraq as a warm-up act, as Revelation (9:14-15) maintains that four angels « which are bound in the great river Euphrates » will be released « to slay the third part of men ».

…assassiner un tiers de l’humanité.

Warm-up act : un échauffement.

Une lecture recommandée, pour comprendre les États-unis profonds.

Libération : Google rebelle aux lois du marché.

Bon, « rebelle » au sens de la FNAC, mais tout de même :

Initiative encore plus mal appréciée : le verrouillage du contrôle. Un des principes capitalistes de bonne « gouvernance », c’est que toute action donne droit à une voix à l’assemblée générale des actionnaires. Le principe retenu par Google est tout autre : les actions des fondateurs (qui comptent garder 30 % du capital) devront peser, en terme de pouvoir, dix fois plus que les autres. Question d’indépendance.

Terry Jones (Python) in the Guardian : The war of the words

As for the word « ceasefire », it’s difficult to know what this signifies anymore. According to reliable witness reports from Falluja, the new American usage makes generous allowance for dropping cluster bombs and flares, and deploying artillery and snipers.

Mais oui, on vous a promis que ce ne serait pas un autre Vietnam…

Mort aux vaches

Mort aux vaches

La proposition de loi était déjà drôle, d’une manière involontaire, mais le compte-rendu qu’en font nos amis bravepatriotes vaut son pesant de cacahuètes.

Ce qui est intéressant c’est la constance d’un certain vocabulaire depuis les débuts de la décolonisation. L’autre est un terroriste, et nous sommes en guerre permanente. Vocabulaire ravivé par un 11 septembre 2001 dans ses effets pas si révolutionnaire que ça.

Histoire de l’Artiste et de son public

Histoire de l’Artiste et de son public

1. Soit un Artiste A (pas Dominique, il est plus compliqué que cela, lui) dont le premier album est mis en vente. Un grand nombre de gens N le trouvent de bonne qualité et l’achètent. Ceux qui n’aiment pas (Non-N) le reposent dans le bac, et achètent l’album de l’artiste B. Ceux qui aiment (N) le proclament fièrement partout où ils le peuvent.

Le bruit généré au final, c’est que A, c’est très bien.

2. A sort son deuxième album. Non-N s’en fout.

Parmi N, un schisme se produit. Une partie P trouve ça très bien, et peut-être encore mieux que le premier opus. Elle le fait savoir, mais discrètement parce que la nouveauté est passée — pour P, le fait que A, c’est très bien, n’est pas une grande nouvelle.

Cependant, l’autre sous-ensemble de N, que j’appelerai Non-P, estime que Sans Titre volume II est une sombre merde indigne d’être le successeur du volume I, et s’empresse de crier trahison à qui veut l’entendre.

Bilan : l’impression retirée à l’applaudimètre par l’observateur superficiel, c’est que A, c’est plus ce que c’était.

3. Indifférent à la polémique, A sort son troisième album. Les nombreuses interviews et chroniques publiées mentionnent, en reprenant les termes du dossier de presse, que musicalement c’est le retour au son du premier album, mais avec une section de corde sur trois titres.

Non-N ne remarque même pas cette sortie, occupé qu’il est à placer des enchères sur e-Bay pour le premier EP auto-produit du dernier groupe signé chez Constellation.

Non-P fait semblant de n’avoir rien vu, mais quand le single passe sur Ouï FM, ne peut s’empêcher de secouer l’encéphale cranien en rythme. N’achète pas le disque, car il a décrété depuis trop longtemps que c’était surfait pour changer d’avis.

Parmi P, un schisme se produit. Le groupe des Fans Ultimes « F » adore, et y

voit la confirmation que A est un des plus grands artistes de ces vingt dernières années. Mais le reste du monde (Non-N, Non-P et Non-F — on y vient) lève les yeux au ciel quand il voit F avec son T-shirt officiel « A » (où figure une image qui évoque tout ce que l’on veut mais pas du tout l’univers de A — humour décalé) et dit des méchancetés sur A. Un peu aigri, F ne fréquente plus que les forums des sites non-officiels de A et se regroupe en caste bornée.

Mais Non-F, qui a suivi A sur ses deux premiers albums, se sent trahi. La section de cordes sert surtout à masquer la panne d’inspiration des compositions ; quant aux paroles, elles sont devenues puériles : Non-F a 25 ans et non plus 18 comme lorsque volume I est sorti, et il a écouté Nick Drake et le Velvet Underground entretemps.

De plus, comme Non-F a 25 ans, il participe désormais à un webzine, peut-être même a-t-il un weblog, et il a fait le saut qualitatif de l’utilisation parcimonieuse des points de suspension et des smileys.

En résumé, notre observateur superficiel O assiste au phénomène suivant : le volume II était censé être mauvais, et personne ne l’aimait, mais lorsque le troisième album sort, toutes les critiques disent que A a été exceptionnel jusqu’à son deuxième opus, mais que le nouveau est vraiment raté.

4., 5., et 6. Ad libidum.

A chaque nouvel album, O peut lire que tous les albums précédents étaient formidables, mais que le nouveau est vraiment très mauvais. Quelque part entre 3. et 6., O, dépité et désorienté, aura abandonné sa recherche de nouveaux talents, et acheté le dernier Norah Jones, dont il éprouvera une grande satisfaction.

Volume VI ne se vend qu’à 3000 exemplaires, aux inconditionnels I. A disparaît de la circulation mais son nom est régulièrement cité dans des fanzines proposés contre un chèque de 8 euro et deux timbres dans Magic, et par Etienne Daho dans les Inrocks.

7. Après 8 années d’absence, A revient avec son nouvel album. La maison de disque a mis le paquet et l’on y trouve une chanson composée par Benjamin Biolay et un duo avec Astrud Gilberto.

I a deux enfants et un pavillon dont le jardin est une plaie à entretenir. A passe chez Drucker un dimanche après-midi, la voix lui dit quelque chose mais comme les enfants criaient au moment de la présentation de l’artiste et de sa chanson, il comprend qu’il se nomme Benjamin Biolay.

Pendant ce temps, Non-N trouve cet album formidable — fatigué des genres usés du moment, il aspire à la fraîcheur des groupes de la décennie précédente — et se procure tout le back catalogue sur Soulseek.