Top 2015 (#21)
21. Bill Fay – Who Is The Sender?
Je dois aux deux premiers albums de l’artiste britannique Bill Fay, sortis à l’orée des années 1970 et réédités sur CD à la fin des années 1990, une de mes premières découvertes qu’il existe une écriture pop (injustement) dans les marges, oubliée ou pas, tout aussi intéressante que l’autre, celle des Inrocks et du NME. (Ce n’est pas une révélation bouleversante aujourd’hui, mais c’était avant Napster, avant les mp3blogs, avant Spotify.)
Ces deux disques (Bill Fay et Time of the Last Persecution) sont à l’image de l’une de leurs plus étonnantes sources d’inspiration, les textes de l’intellectuel jésuite Pierre Teilhard de Chardin : sereins et attachants, mystiques et humanistes, mais au fond assez secoués derrière un voile de douce élégance rhétorique.
Puis les gens qui publient des disques ont cessé pendant quarante ans de s’intéresser à Bill Fay, du moins jusque très récemment. C’est le deuxième (magnifique) album que le désormais septuagénaire sort en trois ans. C’est un autre Bill Fay, qui n’a rien à prouver, juste quelques considérations (plutôt sévères à l’égard du monde) à nous soumettre, quelques notes à chantonner. Mais c’est aussi le même, avec ses arrangements gracieux, un sens certain de la belle mélodie, et une tendresse poignante.