Rock and Roll Will Never Die
Waging Heavy Peace est un petit plaisir coupable — pour Neil Young, et pour son lecteur. Les anecdotes s’y enchaînent sans structure, sautant les décennies et les sujets au gré de l’esprit de son auteur, avec un style et une candeur délicieuses. Un chapitre sur les modèles réduits de train suit un chapitre sur l’enregistrement sous substances d’un album des 70s, qui lui-même suit un chapitre sur le projet Pono dans lequel Young engloutit plein d’argent pour essayer de remplacer/améliorer le format mp3 par quelque chose de plus fidèle aux meilleures conditions d’écoute dans les studios d’enregistrement. Tout ça est sans queue ni tête, ce qui garantit assez peu d’interférences d’un écrivain professionnel, mais souvent émouvant car le Loner n’a pas toujours eu une vie facile et reste assez lucide quand sa propre stupidité en fut parfois la cause. Le privilège de ce livre est de vous laisser passer un moment avec un bon copain, par ailleurs immense star, qui évoquerait avec gourmandise sa vie et ses passions dans un rade du sud de la Californie autour d’une limonade (Neil Young est sobre désormais).
En quelques mots : une lecture sympathique pour les fans de longue date et ceux qui (comme moi) continuent de découvrir la carrière protéiforme d’un des plus grands du rock, certainement le plus sincère dans son dévouement à la musique. Je ne peux pas le confirmer, mais on m’a fait savoir que la version traduite en français est catastrophique, ce qui me paraît crédible étant donné le style éminemment idiosyncrasique du livre ; VO recommandée donc.
Une fois accepté cette option de non-linéarité biographique ou même thématique, le défaut du livre est assez logiquement l’absence de vision chronologique et globale de l’oeuvre de Young, et pour ceux qui recherchent plutôt cela je ne peux que recommander ce beau tour d’horizon en deux partie sur The Liminal : Walk On : Neil Young — From the Buffalo to the Pill.
« Clementine », tiré de Americana, l’album de reprise de chansons traditionnelles sorti avec Crazy Horse en 2012 :