We The Common
La constance dans l’évolution est sans doute l’une des plus grandes satisfactions que l’on peut ressentir lorsqu’on est un fan. Spoon vient à l’esprit, peut-être Low si l’on est prêt à pardonner quelques étrangetés, mais la belle évolution que je veux évoquer ici est celle de Thao Nguyen.
Je me remémore comme d’un privilège d’avoir commandé son premier album folk timide mais prometteur, aimable jusque dans ses défauts de jeunesse, il y a 8 ans. Soutenue par Laura Veirs et Tucker Martine (des encouragements qui inspirent le respect), elle regroupa ensuite autour d’elle un véritable groupe et signa deux albums vibrants, extatiques et assumés, émergeant de sa chrysalide en singer-songwriteuse solaire, meneuse et rockeuse.
En 2013, Thao & The Get Down Stay Down sort le superbe We The Common, toujours plus maîtrisé musicalement (comme Laura Veirs, quelle guitariste !), mais mariant cette impeccable énergie avec une conscience de soi et un engagement dans la société inédits, à l’écoute de ses constituants les plus fragiles : les femmes prisonnières, auxquelles Thao consacre du temps. Avant tout de la musique de haut vol :
Et avouons-le : l’expression « rock n’ roll » ne signifie pas prendre le thé avec grand-mère ; il y a dans le son amplifié — dans le meilleur des cas — une sensualité très directe, une sublimation du désir et une simulation de sa consommation parfois plus pérenne de la vraie chose. Il me reste du dernier (seul?) passage de Thao & The Get Down Stay Down à Paris, en 2010, l’émoi délicieusement flou d’un tourbillon de musique ancré sur une guitare électrique et une incroyable paire de bottes Santiag.