Pauvre vérité

Pauvre vérité

Radical Chic : Pauvre vérité, diamant fragile.

Le « fait » de Zemmour n’est pas une invite à voir la vérité en face, c’est une invite à fermer sa gueule devant la force de l’évidence, et ergo à avaliser le fait que les contrôles au faciès, qui sont théoriquement illégaux, sont une pratique bien naturelle et tellement normale.

L’escadrille de cons qui volent à la défense d’Eric Zemmour à l’aide d’arguments odieux fait peine à voir. Il n’y a qu’un seul argument, et qu’un seul commentaire pertinent, à propos de la sortie du Zemmour, comme de n’importe laquelle de ses interventions publiques, d’ailleurs : la défense de la liberté d’expression. Paraphrasant à peine, j’ai envie de dire : les cons, ça ose tout dire, c’est même à ça qu’on les reconnait. C’est même une justification pratique tout à fait remarquable (à côté des évidentes et décisives justifications philosophiques) de la liberté d’expression.

Ensuite, ce n’est pas parce qu’il a (devrait avoir) le droit de prononcer n’importe quelle idiotie insultante sans risquer son job et son casier judiciaire que nous devons le plaindre et en faire un martyr.

Voilà quand même un Blanc qui vient affirmer que, les statistiques du gouvernement Sarkozy/Fillon (au hasard…) étant ce qu’elles sont, il est normal que les officiers de l’Etat, dépositaires du monopole de la violence physique, pratiquent des discriminations sur les non-Blancs. Que les garants du respect de la loi l’appliquent dans la plus parfaite illégalité. Que le principe de la liberté d’expression serve à justifier le plus jésuistiquement que l’on prenne ses aises avec celui de la présomption d’innocence.

C’est marrant, quand ce sont les conducteurs de grosses cylindrées ou les gros contribuables, les discriminations sont tout de suite beaucoup moins supportables, normales, nécessaires, excusables, naturelles.

Gutatje LSD !

Gutatje LSD !

Karpo Godina, La cervelle gratinée de Pupilia Ferkeverk :

(Rép. socialiste fédérale de Yougoslavie, 1970)
Musique : Rory Gallagher.
Traduction des encarts.

The Believer, 70th issue (march/april 2010) : « In any case, Brains is a film in which every square inch of the screen is on fire, while the imagined area off-camera reeks of (never actually depicted) sex. »

Avalez du LSD !

(More Karpo Godina to come.)

Gilles Tordjman

Gilles Tordjman

Bel entretien avec Gilles Tordjman chez Pinkcushion. J’ai certainement lu plus de choses de lui, mais je l’identifie surtout pour avoir été la clef de voute de la seule chose digne du papier sur laquelle elle était imprimée qui ait été publiée par Les Inrockuptibles ces sept ou huit dernières années : le hors-série Léonard Cohen de l’été dernier.

Et puis je crois profondément que la presse culturelle française, dont tout le monde constate le déclin inéluctable, n’est pas victime de l’internet, de l’interactivité ou de je ne sais quoi : elle paie simplement le prix de son abyssale médiocrité. Lisez n’importe quel grand article du Times Litterary Supplement, de la New York review of Books, du New-Yorker ou même, pour rester dans la musique, de The Wire : aucun journal français ne peut prétendre boxer dans la même catégorie. En démocratie, on a le gouvernement qu’on choisit, et la presse qu’on mérite, qu’elle s’affuble des oripeaux également réversibles du progressisme ou du conservatisme.
La nullité, comme le chômage, est un choix de civilisation.

Aussi :

Le simple fait qu’un magazine comme Les Inrocks se soit toujours défié de la musique classique, au seul motif que c’était de la « culture dominante » (entendez ici : élitiste, réactionnaire, guindée, etc.) dit beaucoup sur le conformisme de l’anti-conformisme. (…) La « musique classique » reste « un truc de vieux » aux yeux des faux jeunes encore plus vieux. Le jeunisme est décidément une passion de vieillards.

[Merci à Rom.]