« Dire qu’un programme est racoleur est une insulte envers les gens qui le regardent. »

— Flavie Flament, sémiologue.

Brel, le droit de rêver (à Bruxelles) est une belle exposition, qui prend un parti très accessible et populaire puisqu’elle vous plonge — au dépend de l’exhaustivité et de la sobriété — dans une série d’installations, de reconstitutions chronologiques allant de la chambre d’enfant bruxelloise de l’artiste à une case des Marquises (avec les bruits de la mer). Tout cela est très émouvant, très fort, très humain, en somme d’une belle fidélité à Brel et au souvenir qu’il laisse… non sans maladresses quelques fois : la place centrale accordée à Ne me quitte pas, envers laquelle le peu d’indulgence du chanteur est pourtant abondamment connue, me chagrine un peu. (Mais je serais un ayatollah, me souffle-t-on.)

Au surplus, un des grands intérêts de l’exposition réside dans les archives audiovisuelles d’époque (comme ce fondamental entretien de Knokke), exhumées pour l’occasion et que l’on retrouve projetées en continu dans « l’auditorium », probablement rassemblées et proposées au public pour la première fois depuis bien longtemps.

Jusqu’au 17 janvier 2004.

A nouveau Viviant, dans Les Inrocks (c’est remarquable, plus le magazine est vain et publicitaire, plus la pertinence se réfugie dans le cahier télé/radio — je préfère ne pas en tirer de conclusions) :

Que retiendra-t-on de ce conflit ? Justement cette histoire de sosies. On se souvient que les Américains nous avaient déjà fait le coup en Afghanistan, où la légende courait que des sosies de Ben Laden s’étaient éparpillés aux quatre coins du pays pour brouiller les pistes. Dans la guerre, la négation du réel n’est donc plus l’irréel, mais son double ; on ne se débarasse plus de son ennemi en l’éliminant, mais en le multipliant. (…)

L’autre est ainsi nié en étant identifié au même, dans un effrayant processus warholien où l’original disparaîtrait sous l’amas industriel de ses copies.