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Month: mars 2003

Anciens quoi battus ?

Michel Tauriac écrit de magnifiques romans à fond historique et autres essais humanistes sur l’Asie du Sud-Est. Il est de plus engagé dans une cause qui ne peut que sembler juste : dénoncer les atteintes aux droits humains commises par les Etats de la région. Pourtant, dans ce dernier rôle, sa prose semble parfois d’une véhémence qui affaiblit le propos.

Recherches faites, le jeune Tauriac a découvert l’Asie « dans les rangs des troupes françaises combattant le Vietminh », et aujourd’hui il est président de l’Association des Ecrivains [Anciens ?] Combattants, qui remet un double prix littéraire annuel à des journalistes de télévision et de radio, dont voici le récent palmarès :

– 1998 : Claire Chazal et Catherine Nay

– 1999 : Jean-Pierre Pernaut et Alain Duhamel

– 2000 : Dominique Bromberger et Jean-Claude Narcy

– 2001 : Philippe Bouvard et Patrick Poivre d’Arvor

Rien de répréhensible, certes, mais des informations qu’il sera intéressant d’avoir en mémoire à la prochaine lecture d’un de ses charmants ouvrages — bien anodins en apparence — sur ces contrées si exotiques.

Fuck the Flag

www.protest-records.com exists for musicians, poets and artists to express LOVE + LIBERTY in the face of greed, sexism, racism, hate-crime and war.

Les Sonic Youth et tout ce qui gravite autour ont généralement tendance à me gonfler, mais là il y a de bonnes choses, notamment une très belle reprise de Bill Fay par Jim O’Rourke et Glenn Kotche (sur le vol.2) : « Pictures of Adolf ».

Source vive

A la radio, à la télé, dans la presse, une seule obsession aujourd’hui : la source. Rarement ces dernières années a-t-on assisté à une telle mise en représentation de l’intégrité journalistique. Chaque parcelle d’information est désormais livrée avec son origine : l’Agence Machin, le Ministère Bidule, l’Organisation Truc. « Voyez comme je suis prudent et professionnel ! »

Qui sait combien de vocation sont nées devant un cliché de Robert Capa durant la Guerre d’Espagne ? La Guerre, le grand processus de régénération journalistique, le bain de jouvence de la Profession, le point zéro de sa praxis.

Le journaliste ces jours-ci mesure bien l’irréconciliable de ses deux attributs martiaux : le devoir d’informer et la nécessité de désinformer (ou l’impossibilité de ne pas le faire, ce qui revient au même). Pris dans ce double feu meurtrier, il cite, il signale, il use de la majesté du conditionnel.

Pourtant chacun sait, l’orateur sait, le récepteur sait, l’orateur sait que le récepteur sait, chacun sait que tout cela n’est que vain remplissage, sans rapport avec la réalité nécessairement cachée d’un conflit, sans même de potentiel analytique global. Chacun sait que les premières « vérités » ne nous seront livrées que d’ici un an ou deux, lorsque sortiront les premières enquêtes documentées, les premiers documentaires sérieux, lorsque le temps de l’intelligence analytique, dans sa « désespérante » lenteur, arrivera à ses premiers résultats.

Devant cette évidence, quelques voix timides et dérisoires s’élèvent, et réclament, en toute logique cartésienne, le black-out des « informations » sur cette « Guerre ». Pourquoi diffuser un discours lorsque personne, de l’émetteur au récepteur, n’ignore qu’il est infondé ?

Et ces indignations touchantes, avec limpidité, nous paraissent extrémistes. La presse doit continuer à faire son travail, chacun — et moi le premier — en est persuadé au fond de sa conscience.

Entre le silence et le mensonge, nous choisissons le mensonge.

Voilà qui en dit long sur notre démocratie médiatico-parlementaire et notre incommensurable orgueil.

Last snowstorm of the year

Des photos d’inconnus trouvées au hasard de Google, ça me touche toujours.

Plein d’autres et .

when we were young

we wanted to die

but the sound of a drum

and the words of a child

brought different light
— Low

Boum !

System of A Down : Boom!, watch the (anti-war) video, directed by Michael Moore.

(SOAD is one of the very few interesting hardcore acts these days.)

Suggestion du Jour

J’entame aujourd’hui un grand mouvement de protestation qui, je l’espère, sera suivi à l’échelle de toute la Patrie :

Débaptisons le Quart-d’Heure Américain !

Pour le remplacer, j’avais pensé au quart-d’heure thaïlandais, qui a le mérite d’être potentiellement plus séduisant, mais j’attends vos idées argumentées…

Out of the already heavily linked French Week at Idle Words, the second day — restoring the truth about France’s attitude during the World Wars — seems crucial to me. Go read that.

World War I has almost comical connotations in our own popular culture. American doughboys, kaisers and marshals in funny hats, the Red Baron. But for France, the Great War was the most traumatic event of the twentieth century. No country lost as great a proportion of its population in that war: 1,400,000 men were killed outright, two million were wounded. A million of the wounded had debilitating injuries, and could never work again. They were a lost generation, and a living reminder to others of what war really meant.

(…)

However dour the strategy of containment and attrition, the French did not hesitate to mobilize in 1939, and they did not shrink from fighting even in the face of overwhelming odds in 1940. In the space of three weeks, some 100,000 men died defending their country from the German invaders. From four to eight million civilians fled their homes; an unknown number died in the exodus.

(…)

But to say that, when war did come, the French lacked courage, is to spit on the graves of noble people.

For shame!

I’d like to back up those words. As your typical Frenchman, I had my grand-parents (yes, the four of them), fleeing on the roads and having to live months and years in unfamiliar neighbourhoods (and even in prisoners’ camps), and suffering from hunger. In every village of France, you’ll find a Monument aux Morts paying tribute to dozens of young local folks dead on the battlefields. Said battlefieds are to be found everywhere in the northern half of the country, and as a kid (and I am just one in hundreds of thousands) I was brought to go and visit them every time my family spent his holydays in Normandy or Lorraine (what a teenager’s delight…).

In Eurasia, war is not the handsome Soldier Ryan shooting a German in the back because.. well, he’s the Bad Guy. It’s not Gone with the wind. It’s not some vague monument about a flag in the Capital.

It’s a very lasting knowledge, written on our walls, on our blood and on our soil, of the inefficiency of violence.

I hope the literate half of the United States’ people won’t have to learn that the hard way because of the other stetson-wearing half.